Comment ne pas finir bourré lors d'une soirée arrosée

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Comment ne pas finir bourré lors d'une soirée arrosée (Indice : c'est impossible)


Mercredi 12 Juin, 10h, commissariat du huitième arrondissement


Ce matin, Amanda avait débarqué, surexcitée, dans mon bureau et m'avait sauté dessus en criant :
-Devine quoi, devine quoi !
-J'en sais rien, moi !
-Tu sais que le Premier Ministre a démissionné, donc que le gouvernement a changé. Devine qui est la nouvelle Première Ministre et la nouvelle ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes...
- Ah oui, ça je sais ! C'est l'ancienne ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes qui est devenue Première Ministre !
Non mais, je m'intéressais un minimum à la politique pour savoir qu'elle avait été nommée hier !
-Et tu sais que ta grande copine est maintenant ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes, et qu'Aglaé, toi et moi allons la voire ce matin ?
Je faillis recracher mon café en entendant ça. Revoir l'ancienne conseillère, cette peste ? Hors de question !
-Elle ne te reconnaîtra pas, elle n'a jamais vu ton visage !
Mouais. N'empêche que je ne l'aimais pas trop, celle-là.
-Aller, ne fait pas ton râleur. Ce sera juste un déjeuner politique, tu ne seras pas obligé de lui parler.
Ah ouais, c'était carrément un déjeuner politique, le genre de truc qui dure des heures !
Aller, file te changer, une tenue décente t'attend au vestiaire !
Je levai les yeux au ciel. J'avais totalement oublié la conseillère, et je me serai bien passé des retrouvailles...
Mais les ennuis ne faisaient que commencer. Si au début je me plaignait de la tenue de tueur à gages que je devais porter pour surveiller la conseillère, hé bien au moins, il était confortable.
Là, je devais porter un costume style Men in Black. Ok, j'avais la classe, mais je n'avais jamais porté un truc aussi inconfortable de toute ma vie. Sérieusement, déjà, quand je mettais un jean à la place de mes sempiternels pantalons cargo j'avais l'impression d'être sur mon trente-et-un, mais là, j'étouffais.
-Oh, comme il est mignon mon petit poulet ! On dirait presque un adulte !
J'avais vingt-trois ans et Amanda trente-cinq, et elle adorait me faire passer pour le gamin de service.
-Et toi, on dirait presque ma grand-mère avec ton tailleur-pantalon !
-Excuse-moi, je ne le porte pas sans rien en-dessous comme Olivia...
-Hé, ne la traite pas de dévergondée, quand même !
-Bon les enfants, s'impatienta Aglaé, quand vous aurez fini de vous chamailler, vous pourriez venir ? Notre chauffeur nous attend !

Mercredi 12 Juin, 13h, Hôtel Matignon, Paris 7ème

Arriver dans la cour de l'hôtel Matignon me rappelait mon atroce expérience au Grenelle contre les violences faites aux femmes. Sauf que là, c'était les femmes en question qui me martyrisaient.
Avant de sortir de la voiture, Amanda m'intima de ne pas faire une tête d'enterrement. Pourtant, c'était tout de même ici que j'avais enterré ma dignité !
-Je te rappelle que la nouvelle ministre m'a tout de même agressé sexuellement ! Involontairement, ok, mais quand même !
Amanda leva les yeux au ciel.
-Oh ça va, elle t'a juste légèrement peloté...
-Amanda, j'avais été une femme, et elle un homme, qu'aurais-tu dit ?
T-u marques un point, là ! Mais elle était droguée, elle ne s'en souvient pas et elle est censée te voir pour la première fois donc, par pitié, tiens toi bien !
Depuis ce matin, Amanda était passée en mode "daronne". C'était la version humoristique du mode "boss tyrannique".
Nous reprîmes notre sérieux et sortîmes dignement. La nouvelle Première Ministre était là, toujours aussi souriante, et la nouvelle Ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes était toujours d'aussi mauvaise humeur. Pourtant, en nous voyant arriver au milieu des convives, son visage s'éclaira.
-Amanda, Aglaé, quel plaisir !
Elle se tourna ensuite vers moi en fronçant les sourcils et demanda :
-À qui ai-je l'honneur ?
Sans doute pour m'éviter de sortir une connerie, ma daronne pris les devants.
-Je vous présente Léo. Il fait partie de la cellule contre les violences faites aux femmes. Il a joué un rôle majeur dans l'affaire Vous-Savez-Qui.
-Ah oui, j'ai beaucoup entendu parler de vous. Je suis contente de pouvoir mettre un visage sur l'homme qui a arrêté Vous-Savez-Qui. C'était sans doute la plus grosse affaire dont votre cellule s'est occupée depuis sa création. Félicitations, grâce à votre professionnalisme justice sera enfin faite.
Je n'en revenait pas. Tant de compliments dans une même phrase. Tétanisé, je lui serrai la main et suivis Amanda et Aglaé à l'intérieur.
-Wow, tu lui as fait bonne impression, on dirait ! Pouffa Aglaé.
Assister à un déjeuner politique était un véritable calvaire. Imaginez un interminable déjeuner avec vos grand-parents, vos beaux-parents et vos voisins relous réunis, ajoutez-y l'obligation de parler uniquement de choses ultra-sérieuses plus celle de devoir manger proprement, c'est-à-dire presque pas, et vous aurez un aperçu de l'après-midi que j'ai passé, coincé entre Amanda et le Ministre de l'Intérieur, qui avait conservé son poste après le remaniement du gouvernement. Pendant le Grenelle, je l'avais remis à sa place, gentiment certes, mais j'avais peur qu'il me reconnaisse et qu'il m'engueule.
Mon taux de stress était déjà hyper élevé, alors quand le Président de la République a fait son entrée, je serais volontiers tombé dans les pommes. Au lieu de ça, j'imitai les autres et me levai pour le saluer. Je mourrais d'envie de demander à Amanda ce qu'on foutait au milieu de tous ces gens importants, mais lorsque le Président s'assit à côté d'Aglaé et se mit à discuter avec elle comme s'ils avaient gardé les moutons ensemble, je m'abstins, intrigué.
Aglaé pote avec le président ? Il allait falloir mettre tout ça au clair. À la fin du déjeuner, vers seize heures, tout ce petit monde se sépara en s'autocongratulant. J'attendis d'être seul dans la salle de réunion avec Amanda et Aglaé pour leur
demander :
-Comment se fait-il que vous soyez aussi proches de tous ces politiques ? Vous parlez au Président comme si c'était votre meilleur pote !
-Oh tu sais, en tant qu'avocate je fréquente souvent les hauts-fonctionnaires de l'État et j'ai pas mal de relations. Et puis grâce à la création de la cellule contre les violences faites aux femmes, on s'est pas mal fait connaitre avec Amanda !
Cette réponse ne me satisfaisait qu'à moitié mais je m'en contentais pour le moment.

Fine cocktails, pretty girls and a lot of troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant