Lundi 1er Juillet, 23h, Ferme de Mespoulets, Saint-Pompont
Nous étions finalement arrivés devant la ferme des parents d'Amanda. J'avais un peu peur que ce soit cette dernière qui nous ouvre, car elle m'aurait certainement passé un savon, aux sens propre et figuré (ou sens sale devrai-je dire. Ok, j'arrête les jeux de mots débile). À mon grand soulagement, ce fut Aglaé. Qui se moqua copieusement de nous. Après nous avoir parlé des se mésaventures de végane au pays du foie gras, elle nous chuchota, d'un air entendu :
-Au fait, vous deux, j'ai des hypothèses sur vos accoutrements respectifs...
Olivia ouvrit la bouche pour protester mais Amanda arriva sur ses entrefaites, me fusilla du regard et nous bombarda de blagues grivoises, contre lesquelles nos maigres protestations furent inutiles. Elle fit signe à Aglaé d'accompagner Olivia à l'intérieur pour lui rendre sa valise, et me prit à part.
-Léo, peux-tu m'expliquer pourquoi toi et Olivia êtes dans cette tenue ?
-Mais on te l'a dit ! Un orage nous a surpris, on s'est abrités dans une grotte et des chauves-souris nous ont attaqués !
-Mais dans la grotte, vous n'avez quand même pas couché...
-Non ! Olivia est toujours vierge !
-Alors comment explique-tu qu'elle n'aie plus de vêtements, et encore moins de soutien-gorge ?
-Oh, calme-toi, tu n'es pas ma mère...
-Non, je suis ta supérieure hiérarchique. Et je peux te muter dans la Beauce à tout moment.
-Amanda...Je ne ferais jamais de mal à Olivia, tu le sais. On est deux adultes responsables et consentants...
Alors que je prononçais ce mot, nous arrivâmes dans le salon, où tous les invités étaient tranquillement assis. Toutes les conversations cessèrent et une bonne cinquantaine de paires d'yeux se braquèrent sur moi.
-Qui est-ce qui était consentant ? Demanda un vieux tonton gênant et visiblement ivre.
Olivia, qui se tenait en retrait, haussa un sourcil, l'air de dire : « Si tu raconte nos ébats à tout le monde, ça va chauffer pour tes fesses. » Merde, j'allais devoir tout lui raconter. De toute façon, j'aurais mis ma main à couper qu'Amanda la mettrait en garde contre moi.
Donc, au programme de ce soir : engueulade avec Olivia parce qu'elle pense que j'ai parlé de notre vie privée et remontage de bretelles par Amanda parce que j'ai osé toucher un cheveux de sa protégée.Lundi 1er Juillet, 23h30, Grange de la Ferme de Mespoulets, Saint-Pompont
Vous pensiez que j'étais dans la merde ? Et bien vous aviez raison. Figurez-vous que, pour couronner le tout, Olivia et moi devions dormir dans...Une grange ! Une putain de grange à la con avec de la paille et des fourches !
-Pour réitérer la question du vieux tonton ivre et gênant, qui est-ce qui était consentant ?
Olivia était adossée contre un des murs de la grange et me fixait, les bras croisés.
-Je n'ai rien dit à Amanda, pour nous deux ! Mais elle se doutait de quelque chose depuis un moment, et elle a peur que je te fasse du mal...
Olivia me sourit, moqueuse, mais ne répondit rien. J'allais poursuivre mon discours enflammé quand ma daronne, euh, pardon, Amanda débarqua dans la grange.
-Olivia, viens, je te prête ma salle de bain !
Oh merde. Elle allait la mettre en garde contre moi.
Olivia empoigna son énorme trousse de toilette et la suivit, après m'avoir lancé un regard concupiscent dont elle avait le secret.
Il faisait nuit noire et il y avait pas mal de monde, dans la ferme. Si je les suivais, elles ne remarqueraient rien.
Quand je le voulais, je pouvais être discret, et n'eu aucun mal à prendre les prendre en filature. Il y avait des toilettes adjacentes à la salle de bain, alors je m'y enfermais. De là, je pouvait tout entendre.
Ce fut Amanda qui ouvrit la conversation, avec sa finesse légendaire :
-Olivia, Léo est gentil avec toi ?
-Euh, oui, il est très sympa même...
-Je ne vais pas y aller par quatre chemin : qu'est ce qu'il t'a fait ?
-Qu'est-ce qu'il m'a fait ? Mais...de quoi tu parles ?
La vache, elle était en train de lui faire subir un interrogatoire. Si un jour vous vous baladez dans le huitième arrondissement, évitez de faire une connerie car si jamais vous vous retrouvez au poste pour un interrogatoire avec Amanda, vous passerez un sale quart d'heure.
-Olivia. Tu es une fille sérieuse, entreprenante et un brillant avenir s'offre à toi. Tu pars à Singapour dans onze jours exactement, et je ne vois pas pourquoi tu perds ton temps avec Léo !
Oh, la peste !
-Tu ne l'aime pas ?
-Si, c'est un super pote et collègue, mais en amour, c'est une vraie brute ! Il enchaîne les plans culs Tinder, il invite les filles à boire un verre, il couche avec et basta ! Il ne les revoit plus ! Olivia, je tiens à toi, et après ce que tu as vécu, je ne crois pas que tu devrais te remettre dans cette situation...
J'avais très envie de faire irruption dans la salle de bain pour passer un savon à Amanda. Comment osait-elle dire ça ? J'avais changé, merde !
-Amanda, c'est adorable de t'inquiéter pour moi, mais tout va bien...
-Non. Tu verras, il va rester avec toi jusqu'à ce que tu acceptes de coucher avec lui, tant pis si ça prend des années, puis next ! À la suivante !
-Euh, ok, je...je ferais gaffe. Je dois y aller maintenant. Merci pour tes, hum, tes conseils.
Dès qu'Olivia fut sortie de la salle de bain, je courus la rejoindre. Tant pis si je passais pour un psychopathe, je devais lui dire que j'avais entendu leur conversation. J'attendis d'être dehors pour la rattraper et lui parler.
-Olivia !
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je, je visitais un peu la ferme et j'ai, sans faire exprès bien sûr, intercepté votre conversation avec Amanda. Tu ne l'as pas crue, hein ?
Elle poussa la porte de la grange, soupira et me répondit :
-Je ne sais pas. C'était bizarre comme conversation.
Je la suivis en haut de la mezzanine ou se trouvait notre matelas pourri et poursuivis, insatisfait par sa réponse.
-Olivia, je ne veux pas coucher avec toi. Je veux juste être avec toi, même si ce n'est que pour onze jours. Je veux rire avec toi, discuter avec toi, faire des conneries avec toi...
-C'est la plus belle déclaration d'amour que l'on m'aie jamais faite, je suis émue !
Je pris son visage dans mes mains pour le relever vers moi.
-Tu te moques de moi, non ?
-Absolument pas ! En réalité, je dis ça parce que c'est la seule déclaration qu'on ne m'aie jamais faite.
-Pareil. Je veux dire, c'est la seule déclaration que je n'ai jamais faite.
Nous éclatâmes de rire et je pressai Olivia contre moi. Elle me rendait dingue, et j'en redemandais.
VOUS LISEZ
Fine cocktails, pretty girls and a lot of troubles
HumorJe ne voyais toujours pas ce que je pouvais bien faire là-dedans, assis à cette grande table entre ma tyrannique boss et cette avocate en tailleur qui semblait capable de vous faire mettre au trou d'un claquement de doigts et mon cerveau était en tr...