Comment réserver des billets de train au dernier moment

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Dimanche 23 Juin, 22h, Le Royal Monceau, Paris 8ème


Cela faisait une semaine qu'Amanda ne m'avait plus reparlé des congés qu'elle devait m'accorder, et aujourd'hui, elle se pointait la bouche en coeur pour me dire qu'on allait avec Olivia et Aglaé boire un verre Place du Trocadéro, et qu'elle avait une surprise.
Je passai prendre Olivia au Royal Monceau. Elle n'était pas au courant non et fut surprise de me voir, et sur le chemin, elle me demanda où on allait.
-Amanda ne t'a pas dit ? Elle et Aglaé nous attendent au Café de l'Homme !
-Quoi ? Mais je n'ai rien de décent à me mettre !
Elle était vêtu d'un short en suédine caramel, d'un haut blanc cassé quelle avait noué sous sa poitrine et de Stan Smith, et ses cheveux étaient attachés en deux petits chignons. Elle était irrésistible, pour changer.
-Ne t'inquiète pas, moi aussi je l'ai su au dernier moment ! Franchement, tu es dix fois mieux habillée que moi ! Regarde, je suis en jogging !
Je portai un jogging fit noir Nike, un T-shirt blanc Fila et une pair d'Air Max grises. On ne pouvait pas appeler ça le summum du chic.
-J'aime bien ton jogging. La forme est sympa, elle met tes jambes en valeur !
Je haussai un sourcil.
-Désolée, c'était un compliment de merde !
-Mais non, mais non...Tout compliment est bon à prendre !

Dimanche 23 Juin, 23h, Café de l'Homme, Place du Trocadéro

Évidemment, Amanda et Aglaé étaient tirées à quatre épingles, et en arrivant, je vis bien que tous les serveurs désapprouvaient mon jogging en silence.
Le lieu était vraiment sympa, on avait une superbe vue sur la Tour Eiffel et les cocktails étaient excellents. Enfin, je devais plutôt dire les mocktails car pour ma part j'ai carburé au virgin mojito, histoire de ne pas subir de nouveau un éthylotest.
Au bout d'un moment, Aglaé se racla la gorge avec l'air de quelqu'un allant annoncer un truc important.
-Les derniers mois ont été assez éprouvant pour nous quatre, et vous savez sans doute que nous devons être dans le Périgord dans une semaine pour mon mariage avec Amanda. Donc, j'avais pensé que cela pourrait être une bonne idée de partir plus tôt, c'est-à-dire mardi.
-Oh, mais c'est une super idée, m'écriai-je ! Mon frère a une grosse baraque à Hossegor, on pourrait aller là !
Aglaé applaudit ma proposition.
-Excellent ! Hé bien, il n'y a plus qu'à réserver des billets de train !

 -Excellent ! Hé bien, il n'y a plus qu'à réserver des billets de train !

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Lundi 24 Juin, 1h, Chez Olivia, Rue de la Verrerie, Le Marais

J'avais raccompagné Olivia, et comme d'habitude, elle me prépara son fameux café lyophilisé dans ma mug doigt d'honneur.
-Ça ne te soûle pas trop de devoir me raccompagner à chaque fois ?
-Non, en fait je fais ça seulement pour que tu me fasse un café ! Plaisantai-je.
Elle sortit une tasse en forme d'ananas et son Mac et prit place à côté de moi sur le canapé.
-Ça te dirai qu'on réserve les billets maintenant ? Le site de la SNCF me rend folle, et si je le fais toute seule, j'ai peur de péter un câble et de me défenestrer !
J'acceptai son offre et éclatai de rire quand elle tapa le mot de passe de son ordinateur.
-Je_fais_des_cacas_pailletés ? C'est ça ton mot de passe ?
-On ne juge pas, ok ? Au moins, il est infaillible !
Comme prévu, réserver des billets de train au dernier moment n'était pas une mince affaire. Il nous fallut moult rations de café et de tisane à l'hibiscus pour y parvenir.
Quand les précieux papier sortirent enfin de l'imprimante, qui était dans la chambre d'Olivia, nous nous précipitâmes dans la pièce et poussâmes des hurlements de joie. En effet, nous avions dû nous y reprendre à plusieurs reprise avant que l'imprimante ne daigne sortir un tirage correct. Dans un élan de stupidité, mon cerveau sur-caféiné eu la bonne idée de prendre Olivia dans mes bras, de la soulever dans les airs et de la déposer sur le lit. Je m'arrêtai à quelques centimètres de son visage, mes mains sur ses épaules, et je sentis son genoux s'enfoncer des mes parties. 

Ouch, ça fait mal...

Je roulai sur le côté, légèrement paralysé de l'entrejambe.
-Oh, désolée, c'était un réflexe de défense, je ne voulais pas...euh...te faire mal.
-Olivia, tu n'as quand même pas peur de moi ?
Bon ok, je devais sans doute mesurer quarante centimètres et peser autant de kilos de plus qu'elle. Mais jusqu'ici, c'était moi qui s'était fait frappé, donc qui devrait avoir peur !
-Tu boudes ? Demanda-t-elle, la tête inclinée, se moquant de la tronche de six pieds de long que je tirai.
-Oui, et ce n'est pas parce que tu m'as frappé, mais parce que tu ne me fais pas confiance.
-J'ai confiance en toi, c'était juste un instinct...
-Olivia, quand comprendras-tu que tous les mecs ne sont pas des connards ?
Je jetai un oeil à son réveil et grimaçai. Je devais partir bosser dans trois heures, et Olivia aussi, d'ailleurs.
Je vis alors qu'elle avait l'air triste et passai mon bras autour de son épaule, priant pour qu'elle ne me crève pas un oeil au passage.
- Je te propose un truc, Olivia. Si tu es d'accord, bien sûr. Je reste dormir chez toi, et tu me promets que ne me décapiteras pas à mon réveil !
Je m'attendais à ce qu'elle me donne un plaid et m'envoie sur le canapé, au lieu de ça elle installa un deuxième oreiller sur son lit et se décala pour me faire de la place.
-Mon canapé n'est pas d'un grand confort, tu seras mieux ici. Et puis je te fais confiance, je sais que tu ne vas pas me sauter dessus...Même si c'est que tu viens de faire il y a deux minutes, me dit-elle, moqueuse.
-Promis, je serai sage.
C'était reposant de dormir avec Olivia. Elle respirait silencieusement et ne bougeait pas dans son sommeil. Bon, ok, dormir était un grand mot. En réalité, je l'avais observée dans son sommeil, m'assurant qu'elle n'était pas morte, tant elle était immobile. Je dus m'assoupir à mon tour dix minutes avant la sonnerie du réveil.

Lundi 24 Juin, 5h, Chez Olivia, Rue de la Verrerie, le Marais

Je fus réveillé par un petit cri.
-Désolée, c'est un réflexe quand...euh, je me réveille à côté de quelqu'un...C'est que ça ne m'arrive pas souvent !
-Tu progresse, tu ne m'as ni étranglé ni frappé !
Je lui souris et me levai péniblement, réalisant que nous portions toujours nos vêtements de la veille. Pour ma part, mon T-shirt Fila sentait le fennec écrasé.
-Tu peux me piquer un sweat, si tu veux !
-Mais tu es toute petite, ça ne m'ira pas !
Elle me tira la langue et sortit de sa penderie un sweat noir à capuche Obey qu'elle me lança.
-C'est un oversize, ça devrait t'aller !
Je la remerciai et lui demandai si je pouvais emprunter sa douche. Ça me gênait toujours un peu de squatter chez les autres, donc en général je préférais que les gens viennent chez moi.
Je remarquai dans sa douche une armée de pains de savons, certainement bio, de couleurs et de formes différentes, sagement rangés dans une petite panière en plastique. J'en pris un au pif, priant pour que ça ne soit pas de la mort au rat en barre.
Vint alors le choix de la serviette. Là aussi, il y en avait une bonne dizaine, bien pliées sur une étagère. J'en pris une grise, sobre, avant de réaliser avec horreur qu'elle était ornée d'une immense licorne. Olivia allait bien rigoler quand elle verrait que j'avais choisi celle-là.
J'enfilai ensuite le sweat d'Olivia. Il était parfaitement ajusté, et sentait bon la lavande. Sans doute de la lessive bio.
Quand je sortis de la salle de bain, Olivia s'y engouffra à son tour en m'annonçant qu'elle m'avait laissé à manger dans la cuisine.
Je n'avais rien mangé depuis hier midi, alors lorsque je me suis retrouvé nez à nez avec une immense tarte à la framboise, je n'ai pas pu résister. Je vis qu'Olivia en avait déjà pris une part, alors je dévorai le reste sans scrupules. Pour me faire pardonner, je fis la vaisselle, et nettoya les miettes éparpillées sur son îlot de cuisine.
Quand Olivia ressortit de la salle de bain, elle ne pus s'empêcher de mourir de rire en me voyant jouer à l'homme de ménage.
-Elle était trop bonne ta tarte ! C'est toi qui l'a faite ?
Ouais. Je l'ai ramenée du Royal Monceau. On participe à Too Good to Go, donc on se partage souvent les invendus pour les ramener chez nous.
-Tu pourras me donner un cours de cuisine, quand on sera à Hossegor ? Parce que ma vision de la gastronomie se limite un peu à Uber Eats... Je te donnerai des cours de surf, en échange !
Elle éclata de rire.
-Marché conclu ! Bon, on devrait y aller maintenant, on va être à la bourre !
Juste avant que nous séparions, elle me prit par le bras et me glissa :
-Au fait, excellent choix, la serviette licorne !
Merde, elle avait vu la serviette que j'avais choisie par erreur !


Fine cocktails, pretty girls and a lot of troublesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant