Chapitre 14

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Pov: Aria

Je fixe le mur devant moi. Je réfléchis. Seule dans le noir. Il s'est endormi dès la fin de son récit. Nolan... Je n'ai jamais réfléchi autant à des personnes. Je n'ai jamais pensé qu'eux aussi avaient leurs souffrances. Toutes ses paroles se sont enregistrées dans ma mémoire. En l'espace de quelques secondes, ses peines sont devenues les miennes. Chacun de ses mots me donnait envie de le prendre dans mes bras. Mais je me retenais. Je devais me retenir, car je ne voulais pas qu'il pense que j'ai pitié de lui. Au contraire, tu es tellement courageux.

« Elle m'a viré à cause de mon anxiété snake girl. »

« J'ai toujours été un poids pour ma mère. »

« Je n'ai jamais fini mes études. »

Je pose ma tête sur le torse du médecin. Quelques minutes seulement. Je veux juste me reposer. Mes paupières se ferment.

-Tu ne méritais pas ça Nolan, chuchotais-je en sachant très bien qu'il ne m'entendait pas.

...

Quelques minutes plus tôt:

Il me fixe avec son éternel sourire charmeur. Pourtant j'y vois un brin de tristesse. De regret. Nolan prend une grande inspiration et plante ses magnifiques iris dans mon regard.

-Tout à commencé a dix ans, souffla-t-il. J'avais eu un problème à l'école. Je disais que j'étais malade. Quand ma mère est arrivée, elle m'a amené en urgence à l'hôpital. J'étais en panique. Je ne savais pas ce que j'avais, je pleurais et ma mère me hurlait de me taire. Arrivées à l'hôpital, les infirmières m'ont pris en charge.

Il prend une pause. Nolan a balancé sa tête en arrière et m'a regardé attrister.

-Elles ont directement compris ce qu'il m'arrivait. J'étais en pleine crise d'anxiété. Quand elles l'ont annoncé à ma mère, celle-ci m'a dévisagé comme si j'étais un extraterrestre. La seule chose qu'elle a faite est de me prendre par la main pour me traîner dehors. Une fois sortie, elle m'a balancée dans la voiture sans aucune pitié.

Mes sourcils se froncent, mais je m'empêchais de parler. Je ne veux pas l'interrompre.

-Ce jour là j'ai été diagnostiqué d'anxiété sévère, articula-t-il doucement. Tout est devenu plus dur. Mes crises devenaient de plus en plus fréquentes et parfois pour un rien. Ma mère était seule à m'élever et elle ne m'a jamais parlé de mon père. Si je lui posais une question à son sujet, j'avais le droit à une claque. J'ai grandi avec ça sans jamais me plaindre. Pourtant ma mère n'arrivait pas à gérer mon...mon anxiété.

D'un coup je vis des débuts de larmes se former au coin de son œil, mais il les fit rapidement disparaître.

-Quand je suis rentré à l'université, j'ai commencé à être très pris par mes études en médecine. Mais après deux ans, ma mère a pété les plombs. Elle m'a hurlé des horreurs. J'ai donc compris que j'avais fait mon temps chez elle. Même si tu ne le crois pas, j'aime ma mère. Malgré mon amour elle m'a viré et pour être franc je la comprends. Elle n'a pas réussi à supporter mon anxiété.

Ma respiration se coupa. Comment peut-il encore l'aimer après ça?

-Malheureusement je n'avais pas assez d'argent pour continuer mes études. J'ai arrêté mon rêve. Je me promenais un peu partout comme un clandestin. J'essayais de trouver un travail, mais personne ne voulait d'un apprenti médecin. Un jour par chance, Alejandro m'a trouvé sur un banc. Il était avec son frère. A ce moment, je ne les connaissais pas. Je n'avais jamais entendu parler d'eux. Je leur ai demandé de l'aide, mais ils m'ont tous les deux dévisagé. J'étais désespéré alors je leur ai crié dessus. Sans faire exprès j'ai lâché que j'étais un apprenti médecin. Les deux jumeaux se sont directement détendus. Alejandro m'a affirmé qu'il pourrait m'aider. Que j'aurais un logement et une paye. J'ai accepté et c'est comme ça que je suis arrivé ici.

La Casa RodriguezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant