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21h55 au Sweet Classics:

Cela faisait à peu près vingt minutes que nous étions arrivés et madame boudait toujours.
Ça m'amusait un peu au début mais maintenant ça ne me plaît plus surtout que je m'ennuie à mourir.

Je pose mes couverts ce qui lui fait relever la tête vers moi.

_Vous allez arrêter de bouder? Je lui demande.

Elle secoue la tête de gauche à droite.

_S'il vous plaît...je m'ennuie moi.

Elle me regarde puis sourit.

_Ça vous amuse hein? Je lui demande faussement vexé.

Elle hoche la tête.

_Vous êtes une gamine.

Elle me sourit en me montrant toutes ses dents.

_Parlez moi de vous.

Yaya tu force, me souffle ma conscience.

Tu es là, toi?

_Que voulez-vous savoir? Elle me demande

Alléluia! Madame a retrouvé sa langue.

_Vous parlez maintenant?

_Oh fermez là.

Fort caractère la petite, me dit ma conscience.

_On peut partir d'ici, je m'ennuie. Elle me demande.

C'est vrai que l'ambiance faisait un peu vieillot, je crois que c'est beaucoup trop vintage pour la petite et pour moi aussi, je commençait à m'ennuyer.

_Que proposez-vous?

_Allons danser. Elle me sourit.

***

Mélanie

Je l'avais emmener dans mon endroit préféré. C'était la petite boîte de nuit d'un ami. Night sukali, le mélange entre Congo et Amérique. Mon ami, Jordan, avait cette boîte depuis trois ans maintenant. J'adore tout ce qui s'y fait. Il y a des spécialités culinaires congolaises comme les maboke ou encore les mikate et la musique était des remix de fally mélangé à du Snoop Dog.
Vous voyez le genre, c'est une tuerie cette boîte.

Nous entrons et je l'emmène avec moi au bar pour prendre un verre.

Dès que Trésor, le barman, me voit il sourit de toutes ses dents.

_Petit na nga, boni? Il me dit lorsque j'arrive à sa hauteur.
(Comment ça va, ma petite)

_Nzambe azo batela nga kaka.
(Dieu me protège seulement)

_Bonsoir mon cher, il s'adresse à Marcus.

Il lui répond avec un petit sourire et un hochement de tête.

_Na pesa yo nini?
(Qu'est-ce que je te sers)

_jus de pomme

Il fait un signe de tête à Marcus et ce dernier lui dit qu'il prend du whisky.
Nos vers terminés, je l'entraîne sur la piste de danse. Le dj a passé une de mes chansons préférées, Fally Ipupa- Posa.

J'ai commencé à danser et Marcus m'a suivi.
Il se débrouille plutôt bien, le petit.

Il a des balola sukali hein, me souffle ma conscience.

Tshiiiiip.

Je continue de danser, jusqu'à ce que le dj passe un slow, withney Houston- Exhale (shoop shoop). Une chanson qui fait rêver.

Il a essayé de passer ses mains sur mes hanches mais je les ai prises entre les miennes et je lui ai lancé un regard noir.
Bizarrement le contact de ses mains contre les miennes avait fait monté en moi une bouffée de chaleur. J'essayais tant bien que mal de rester normal devant lui.

En voyant mon regard, il lève ses mains, les abaisse puis reprend mes mains en me regardant droit dans les yeux. Son simple geste me fait frissonner.

Nous dansons main dans la main sans se quitter du regard. Le silence était pesant, seul la musique le couvrait.
Je décide de le briser.

_Vous ne m'aviez pas dit que vous saviez danser. Je lui dit.

_Vous ne m'aviez pas dit que vous étiez congolaise. Il me répond avec un petit sourire.

_Ça se voyait à des kilomètres. Je lui dit.

_Nga na monaki te. Il me répond.
(Moi je n'avais pas vu)

Un peu surprise, je me stoppe et le regarde avec de gros yeux.

Il me regarde lui aussi, avant d'éclater de rire.

Et moi qui m'apprêtais à l'insulter en lingala, pensant qu'il était Américain.

_O bangi? Il me dit le sourire aux lèvres.
(Tu as eu peur)

_Tshiiiiip.
  Et depuis quand on se tutoie?

_Depuis maintenant.

Il a pris ma main et nous nous sommes installés sur un canapé. Nous nous sommes mis à discuter et j'ai appris que monsieur était un vieux croûton, il a trente et un an.
Vous direz sûrement qu'il est encore jeune mais pour moi quand on dépasse la trentaine, on est papi.
J'ai aussi appris qu'il était fils unique et avait quatre sœurs. Il m'a dit qu'il a souffert, pendant dix ans, il était mannequin pour robe, testeur de rouges à lèvres et autres produits de beauté.
Ensuite on s'est moquer d'un petit groupe de blondinets qui essayait de danser sur du Ferré Gola.

Aux alentours d'une heure du matin, nous avons repris la route pour rentrer chez nous. Il m'a déposé devant chez moi et s'est assuré que j'entre bien dans mon appartement. Fatou était déjà rentré chez elle, elle m'avait prévenu pendant le trajet jusqu'à la boîte.

_Bonne nuit petite. Il sourit.

_Limwa.

Il rigole puis s'en va.

Un Simple dîner...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant