J'ai tenté de t'oublier

Chapitre 1

Un son de guitare électrique me réveille en sursaut. Le retour des bonnes habitudes, après deux mois de vacances bien méritées. Le road trip du mois de juillet entre potes paraît maintenant bien loin. Je me lève et m'approche de mon miroir. J'attrape mon peigne sur le bord de la commode et tente de dresser mes épis encore endormis. Quand je me regarde dans le miroir, je me dis que j'ai sacrément changé depuis le temps. Et sans être trop narcissique, je me trouve sacrément belle gosse avec mes cheveux courts, rasés de près sur les côtés. Accompagné de mon regard perçant un poil autoritaire, ça fais parfois le taf. J'espère me dégoter une copine cette année, et pas de vulgaires plan cul. De toute façon, les coups d'un soir, c'est pas du tout mon truc.

Je tente de prédire sans succès l'année qui va se dérouler ; cette dernière année. Mon lycée est un peu particulier. On s'inscrit à l'âge de quatorze-quinze ans, et on y ressort quatre ans plus tard avec un brillant avenir devant soi, des potes, et pleins de souvenirs en mémoire. En contre partie, on peut dire que ça coûte les pieds de la tête, faut pas se mentir. Là-bas on se connaît déjà tous, sauf les nouveaux évidemment. Et on a tous un rôle dans la hiérarchie de la génération. T'as tout d'abord les premières années : les charcoal, qui s'adaptent à l'ambiance du lycée mais aussi à la rigueur demandé. Les deuxième années en général ne la ramène pas trop trop. Je me souviens, quand j'étais iron, j'essayais de me faire toute petite. Comme c'est l'année où les profs te foutent la pression sur l'orientation et ton futur, t'as ce petit air perdu où t'as l'impression d'être le seul à ne pas savoir quoi faire plus tard. Et en voyant les gold faire les fêtards et brailler comme des pré-adultes, t'as l'impression que le fossé séparant les iron et les gold est infranchissable. Sauf qu'en réalité, pas du tout. Et c'est pour ça que nos tuteurs poussent les gold à faire un pas vers les iron pour les rassurer. C'est pas toujours réussi, mais au moins ils essaient. Puis tout en haut (dans la pyramide des élèves), se trouvent les emerald. Quand t'es en dernière année, t'as accès au bâtiment emerald. En gros, c'est un endroit où t'as tous les studios des étudiants emerald. Car, pour le lycée, acquérir son autonomie est un élément indispensable pour une belle réussite. Donc pas le choix, ce matin j'emménage dans mon studio. Dire que je ne suis pas excitée serait mentir. Mes parents étaient toujours sur mon dos quand j'étais plus jeune, alors en partant de la maison, je réalise un rêve d'enfant.

- Ashley !

Ça c'est la voix de mon père. Il est toujours pressé et stressant pour les départs, quels qu'ils soient. Comme s'il craignait rater un évènement ultra important si nous arrivions un poil en retard.

- Ouais j'arrive, deux secondes.

Je repose le peigne. Il tombe. Oh merde j'ai les mains qui tremblent. Eh, reprends-toi Ash ça va bien se passer. Je prends une grande inspiration et décide de rejoindre mon père dans la cuisine.

- Tiens, ça c'est pour toi, me dit-il en me tendant mon bol de céréales. Ta valise elle est où ?

Ma valise elle est dans ton cul. Ah oui aussi, il se sent constamment obligé de me faire des remarques.

- Dans ma chambre, il me manque juste deux trois trucs à mettre de dernière minute.

- Qu'est-ce que tu attends ? On part dans moins de dix minutes !

Je décide de ne rien répondre et je repars dans ma chambre pour fermer ma valise avant de la déplacer vers l'entrée. Je mange mes céréales en deux deux puis vais nettoyer mon bol dans le lavabo.

- T'as fait un bisou à maman ?

J'espère que ma mère se lèvera du lit aujourd'hui. Même si c'est pour prendre une douche ou glander sur le canapé. Elle laisse mon père s'occuper de tout dans la maison. Elle ne veut même plus aller travailler. Je me souviens avoir du appeler son boulot à sa place pour leur annoncer la nouvelle de sa démission.

- J'y viens j'y viens.

Je réveille ma mère pour lui faire un câlin de au revoir, puis rejoint mon père dans le salon. Parfois, je m'en veux de le laisser seul. Pendant l'été, j'ai du lui demandé une centaine de fois s'il était sûr de pouvoir gérer tout sans moi. Cependant, il m'a sorti son discours sur l'importance de mon avenir et de mon obligation scolaire. Il n'a rien voulu entendre, même quand je lui ai sorti que le lycée pouvait faire un exception pour moi afin que je reste à la maison. Après ce qu'il s'était passé, la Direction aurait accepté sans faire d'histoire. Or mon père a refusé.

Il m'interrompt dans mes pensées et me fait signe de m'activer, alors j'enfile mes chaussures et franchi la porte principale. Ça y'est... c'est parti.