J'ai tenté de t'oublier

Chapitre 29

Mercredi. 20h20. Enfin terminé. J'ai l'impression d'avoir épuisé toutes mes forces ces derniers jours. Tout ne s'est pas déroulé comme sur des roulettes depuis l'épisode des maths de lundi, mais je pense néanmoins avoir fait preuve d'assez de réflexion et d'engagement pour me placer parmi les premiers. Bref, tout ce bordel est enfin fini, loin derrière moi. Je n'ai plus qu'à me concentrer sur la projection du court-métrage de demain. Tout était prêt la semaine dernière évidemment, cependant c'est la dernière ligne droite pour Sophie. Le juge va venir demain soir pour assister à la soirée, et je suis sûre que ce détail (qui n'en est pas vraiment un) va la rendre complètement folle. Et à vrai dire, je le suis tout autant, mais pour une tout autre raison. Sophie refuse toujours de me donner les noms du casting, et je me sens un peu stupide de ne pas avoir essayé de chercher par moi-même. Je n'ai eu le droit qu'à savoir que l'actrice qui interprète la personnage principale reste la même malgré le changement d'apparence physique au milieu du court. J'imagine que le staff a du jouer sur le maquillage pour rendre le tout compréhensible aux yeux des spectateurs. Aaaaaah j'ai hâte ! De plus, nous sommes parvenus à vendre une quantité astronomique de tickets. Un poil plus et nous n'aurions plus pu loger tout ce petit monde. Plus qu'à espérer que chacun joue le jeu et apporte un petit truc à grignoter.

J'entre dans mon appart, enlève mes chaussures et plonge directement dans mon lit. Je ne devrais pas m'endormir maintenant, ce n'est pas une bonne idée. Mais la tentation est si forte...

Putain de merde, il est deux heures du mat et j'ai pas pris mon repas du soir. Je me lève en sursaut et sort du frigo mon plat que j'avais mis de côté pour hier soir. Je le réchauffe dans le mini micro-onde et le dévore en quelques minutes à peine après cuisson. Je jette l'emballage dans mon panier à carton, et me dirige vers mon lit. Cette fois c'est bon, je peux avoir l'esprit tranquille et dormir jusqu'à ce que le piano ne me réveille en douceur.

Sophie : Ash ! On n'attendait plus que toi !

Moi : Excusez-moi pour le retard, j'ai été retardée par un prof trop insistant. J'ai raté quoi ?

Sophie : Je disais aux filles qu'il fallait reproduire la même disposition que celle sur la photo. On a toute l'aprèm pour tout finaliser. Waaaa, j'en ai des frissons.

Moi : L'invité devrait arriver une vingtaine de minutes avant l'entrée des spectateurs. Tu auras à échanger avec lui sur le « avant projection », tes projets et cetera. Il t'expliquera sûrement mieux que moi ce qu'il attend de toi.

Sophie : Pourquoi ce n'est pas toi qu'il interview au juste ?

Moi : C'est ton projet Sophie. C'est toi qui a planifié tout ça, et qui a pu rendre ce court-métrage possible. Ne te mets pas trop la pression va, sois toi même et tout ira bien. Il s'apercevra bien vite de tes ambitions et du boulot fourni. Tu remercieras toute l'équipe pour ça d'ailleurs. Bref, on commence par quoi ?

Sophie : Par les chaises !

Avec l'équipe, nous organisons la salle comme il faut avant de boire un rafraîchissement bien mérité. Le tout nous a pris de longues heures de rigolades comme d'engueulades, je sens que le stress est présent dans chacune d'entre nous. Qui ne le serait pas à notre place ? Une telle soirée doit être la plus parfaite possible, c'est une nécessité. Une demi-heure avant la fin des cours de la journée, une main toque à la porte. Je sens Sophie se crisper à mes côtés, mais fausse alerte, c'est juste Kris qui nous ramène des croissants et des beignets. Nous la remercions et l'invitons à s'installer avec nous. Elle est subjuguée par la transformation de la salle et ne cesse de nous complimenter pour le travail effectué. Cinq minutes plus tard, le silence s'empare de notre groupe lorsque la porte s'ouvre à nouveau. Un homme d'une trentaine d'année en costard cravate s'en dégage et caressant sa barbe de sa main libre, l'autre portant une sache en cuir marron. Je m'avance vers notre invité spécial pour l'inviter à s'approcher.