Chapitre 32

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Je m'allonge sur mon lit d'appartement et l'invite à se mettre à mes côtés. Elle me pousse contre le mur pour se faire une petite place et pose sa tête sur mon épaule. Je lui donne un peu de couverture pour ne pas qu'elle tombe malade dès le début des vacances de décembre, ce serait dommage.

- Il nous reste combien de temps ? me demande-t-elle.

- Une dizaine de minutes. Tu peux m'accompagner à l'aéroport si tu veux.

- Pour faire les adieux lesbiens clichés ? Non merci sans façon.

Je rigole et lui dépose un baiser sur la joue. Lola n'aime pas les aux revoirs déchirants. Elle préfère un câlin rapide au pas de la porte. Elle m'a dit que ça lui permettait de se convaincre que la personne reviendra, que son départ n'était pas pour toujours. Et honnêtement, je n'y avais jamais réfléchi, mais elle a pas tort de le tourner dans ce sens. Cependant, ce doit faire un sacré choc si la personne part pour de bon et décide de ne jamais revenir sur ses pas.

- Tu fais la différence entre adieu et au revoir ? lui demande-je.

- Une personne qui me dit au revoir est quelqu'un qui s'en dans le but de revenir plus tard. Un adieu, c'est comme si la personne ne reviendrait plus jamais. Alors, si je pense revoir la personne plus tard, même si son voyage dure plusieurs mois ou années, je lui dirai au revoir. Dans le cas contraire, c'est un adieu.

- Et si par inadvertance je te dis adieu ?

- évite, parce que je le prendrai au sens propre du terme. Et... Ça me ferait souffrir que tu t'en ailles pour de bon.

J'imagine que la dernière fois qu'elle a vu son frère, elle a du lui dire adieu. Je n'ose pas lui poser la question, ce n'est pas le moment. Surtout qu'on a pas reparlé de lui depuis les dernières vacances. Enfin, elle m'en a parlé indirectement vendredi soir mais ça ne compte pas vraiment. Je ne connais même pas son nom... Je pense qu'il vaut mieux pour lui que je ne sois au courant de rien de lui, je risque d'avoir une pulsion amicalement meurtrière à son égard.

- Je ne pars que pour une ou deux petites semaines ! Je reviendrai te voir dès mon retour, et sinon tu apercevra ma tête au lycée.

- Pourquoi il a fallut que tu partes au juste ! Tu m'avais pas dit que ta famille ne voyageait pas ?

- Si si, mais ils ont voulu faire une exception. Ma mère se sent bien ces derniers temps, elle a même pu décrocher ses premiers contrats auprès de particuliers sur insta. Ça a rendu mon père heureux, alors pour fêter ça, il nous paie des vacances en Italie. J'imagine qu'il veut retrouver sa femme et sa fille, qu'il veut renouer les liens et les rendre plus forts encore. Après ce qui s'est passé, je ne peux pas lui en vouloir. C'est vrai que j'ai pas vraiment envie de partir là-bas, j'aurais préféré restée ici avec toi. Néanmoins c'est important que j'y aille, pour repartir du bon pied je pense. Renouer avec le padre comme dirait Ryan.

- Je ne comprends pas comment vous êtes parvenus à faire comme si de rien n'était pendant quatre ans... Vous avez signé un pacte de silence ou quoi ?

Mon sourire s'agrandit tandis que je caresse ses cheveux de ma main gauche. Tout en regardant le plafond vierge de ma chambre, je m'imagine au bord de l'eau, les vagues venants s'écraser sur la berge, le soleil éblouissant mes yeux. Je m'imagine un ciel bleu sans nuage, où seul des oiseaux de toutes les couleurs viennent rompre le silence des quartiers aux alentours. Il n'y a personne, seulement elle et moi, comme avant. Tu me manques Sasha, tu me manques tellement.

- Y'a quoi de beau en Italie ? Je me suis jamais renseignée sur ce pays, je sais juste quelques évènements historiques et politiques grâce aux cours mais, je n'ai pas de culture générale sur le sujet.

J'ai tenté de t'oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant