J'ai tenté de t'oublier

Chapitre 4

- Tu es très jolie, tu sais ?

Pire phrase d'intro. Oh lala.. qu'est-ce que tu fais Ash...

- Bonjour d'abord non ?

- Excuse moi, j'en oublie les bonnes manières. Moi c'est Ashley, mais on m'appelle Ash.

Je remercie mes parents d'avoir choisi un prénom quasiment androgyne, mon surnom devient alors parfait.

- Ok.

- Et toi tu t'appelles ?

- En quoi ça t'intéresse ?

Elle est plutôt froide envers les autres pour une nouvelle...

- Eh bien, je me disais que je pouvais t'appeler par ton nom plutôt que de te nommer vulgairement « machine » ou « truc muche ».

- Très drôle, me répond-elle avec un léger sourire.

- Mon sens de l'humour est plutôt apprécié généralement. Il a la particularité d'être...

- À chier ?

- J'aurais dit atypique ou nul, mais... à chier ça convient aussi.

Elle ne me regarde pas. Elle parle dans le vide, toujours en fixant un point invisible vers l'horizon. Sa présence m'intimide, mais je m'interdis de flancher.

- Pourquoi tu me parles au juste ?

J'ai l'impression de la déranger plus qu'autre chose. Pourtant elle semblait perdue au milieu de la cour tout à l'heure.

- Frédé... Le tuteur Fred que tu vois là-bas m'a demandé de te faire visiter un peu et de t'aider à t'installer, lui expliqué-je.

- Ah. Très bien. Vas-y, balance moi le discours ennuyant qui dit que ce lycée est le meilleur de toute la nation à tout point de vu, qu'on en finisse.

J'éclate de rire. Elle ne manque de pas tact la nouvelle. À mon avis, ses parents l'ont obligé à venir ici. Je pourrais parier une petite somme qu'elle préférerait être dans n'importe quel autre lycée que celui-ci. Oui, je suis radine.

- Je suis pas là pour ça, le proviseur s'en chargera plus tard. T'as ton uniforme ?

- Oui maman.

- Ton blason ?

- Attends... On a un blason ?

- Oui. Le notre est bleu. Et pour information, on est dans la compagnie des emerald. Le blason c'est juste pour la forme. Y'a pas d'animal dessus ni de dessin super joli. Y'a juste ton nom écrit en blanc sur le fond de couleur de ton niveau. T'as quel âge ?

- En quoi ça t'intéresse ?

- Oh ! Moi aussi j'ai 18 ans, c'est fou ! On a un point commun, répliqué-je théâtralement.

Au moins j'aurais tenté de récupérer une information sur cette mystérieuse inconnue. On pourra pas me dire que je n'ai fourni aucun effort !

- On va le chercher ce blason ? me lance-t-elle.

En réponse, je lui fais signe de me suivre. Ce qu'elle fait heureusement sans rechigner. Je n'aurais pas eu la force de la traîner.

Une demi heure plus tard, on a récupéré tous nos documents. J'ai pu installer fièrement mon blason sur la poitrine de mon uniforme sous le regard jugeur de la fille dont je ne connais pas le nom. Lorsque j'ai récupéré mon emploi du temps, je me suis empressée de le comparer avec le sien. J'ai ainsi pu lui parler des caractéristiques des profs, des boulettes à ne pas commettre, et les tuteurs à pas venir emmerder. Puis je l'ai emmené faire un petit tour de l'établissement.

- C'est super grand, s'exclame-t-elle.

- Oui, tu te perdras sûrement les premiers jours, mais t'as toujours des tuteurs à portée de main pour t'indiquer ton chemin. Bon eh bien voilà, je pense qu'on a tout vu. Tout à l'heure y'aura la présentation des différents clubs. Petit conseil, prête bien attention au club de théâtre, leur présidente est canon.

- Laisse moi deviner, c'est toi la présidente ?

- Oh, comment t'as deviné ?

- Intuition...

Être présidente du club de théâtre est bien une de mes plus grandes fiertés. L'année précédente, lorsque Hugo m'a passé le relais, j'ai failli pleurer de joie. Normalement cette année, ce devrait être une réussite. J'ai beaucoup réfléchi pendant les vacances pour avoir beaucoup d'activités différentes à proposer aux membres.

- Go aller dans ton studio...

- Non !

- Quoi ?

Son refus me laisse perplexe. À sa place j'aurais sauté de joie à l'idée d'obtenir une aide pour m'installer dans le studio. J'y pense, faudrait que je demande l'avis de John pour la décoration de mon nouveau lieu de vie.

- Non c'est bon, je sais où il est, je peux gérer toute seule. Lâche moi les basques tu veux ?

Sa réponse me blesse un peu. Je ne lui ai rien fait. Elle n'est pas obligée d'être insupportable.

- Ok très bien, pas besoin de m'agresser tu sais. Je te laisse autonome. Je te revois plus tard Jade ?

- Jade ? redit-elle en levant le sourcil.

- Je connais pas ton nom je te rappelle.

- Lola.

- Donc je peux t'appeler Lol ?

- Très drôle.

Elle est vraiment pince sans rire, j'étais fière de ma blague pourtant.

- Enchantée Lola, moi c'est Ash.