Chapitre 19

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Je pose mon plateau en face de celui de John. Avant même de m'asseoir, je découpe mon melon. J'ai cette habitude de commencer à manger sans être correctement installée. Mon père trouve ça impoli, néanmoins ça permet de gagner en motivation face à certains plats qu'on ne souhaite pas forcément avaler.

- Ça fait longtemps qu'on a pas eu de vraies conversations tous les deux !

- Tu m'étonnes, tu passes ton temps, soit avec Ryan, soit avec Kris. Je me sens un peu délaissé.

En y réfléchissant deux minutes, il a loin d'avoir tort. La dernière fois doit remonter à l'année de gold.

Moi : Tu sais quoi ? Je vais me rattraper de ce pas. Dis moi, comment vas-tu ?

John : Bien.

Moi : C'était pas la bonne question excuse moi. Je recommence... Tu te souviens en gold lorsqu'on a voulu s'isoler pour respirer un peu, et qu'au final on s'est retrouvé ensemble sur les balançoires du parc pour enfants ?

John : Je m'en souviens oui, rigole-t-il. Les coïncidences peuvent être folles. Je t'avais parlé du connard ce jour-là non ?

Moi : Exact. Du connard. Heureusement qu'il est parti ailleurs celui-là, sinon j'aurais bien voulu lui déformer sa belle gueule toute ronde.

Il s'appelait Robin. Le dernier et seul ex de John. En partant, il lui a arraché tout ce qui restait de son cœur. Aujourd'hui encore, John a du mal à accorder sa confiance et encore moins à s'exprimer sur ses sentiments. Je suis en quelque sorte son exception, alors ce jour-là, sur ces fameuses balançoires, il n'a pas tardé à me déballer toute la haine qu'il éprouvait à son égard. Il m'a tout détaillé, il m'a listé les nombreuses choses que Robin avait brisé en lui. Se laisser emporter par ses émotions lui a permis de se sentir mieux par la suite. Cependant, il garde cette méfiance envers l'amour et tout ce qui tourne autour des relations.

John : Tu sais quoi, il y a bien quelqu'un qui pourrait me plaire ici.

Moi : Qui ça ? demandé-je surprise.

John : Sam.

Moi : Sam... Samuel ? Ou Sam Sam ?

John : Sam Sam.

Moi : Iel porte des sentiments pour toi, non ?

John : C'est vrai. Avant la Toussaint, on discutait souvent sur insta. Et un jour, iel m'a demandé si ça m'intéresserait de l'accompagner faire un petit tour au bord du lac. J'ai accepté. On a fait plus amplement connaissance, et iel a fini par m'avouer ce qu'iel ressentait pour moi depuis qu'elle me connaissait. J'étais un peu gêné sur le moment tu vois. Je l'apprécie beaucoup, alors j'ai essayé de lui parler un peu de moi et de mon histoire avec l'autre là. Iel a semblé comprendre de quoi je parlais. Sam m'a dit qu'iel attendrait le temps qu'il faudrait, et que ses sentiments resteraient inchangés d'ici là.

Moi : Et toi, tu en penses quoi d'iel ? Plus concrètement je veux dire.

John : Iel est beau, de manière attirante. À chaque fois que je lae vois, je me rends compte qu'iel ne me laisse pas insensible. J'ai souvent l'envie de me rapprocher d'iel, de lae prendre par la main et de montrer au monde entier les bienfaits que ses mots ont sur moi.

Moi : J'en déduis que tu l'aimes bien alors. Genre, que tu l'aimes bien bien.

Je déduis de son air triste que quelque chose n'a pas été mentionné. Je prends ses mains dans les miennes, et le regarde dans les yeux pour l'interroger sur ce qu'il garde secret.

John : J'ai... j'ai peur. J'ai peur de m'attacher pour être à nouveau détruit. La vie ne m'aime pas, je le vois bien. Je n'ai pas eu le droit d'être heureux comme je l'espérais. Ces moments de bonheur sont si rares et éphémères alors que j'aimerais qu'ils deviennent quotidiens et immortels. J'aimerais pouvoir sourire et rire tous les jours. Et je sens qu'avec iel ce serait possible. Néanmoins je ne veux pas qu'iel me fasse souffrir. Je crains la fin, je crains les conséquences de mes actes, je crains notre potentielle relation. J'ai cette impression stupide que ça ne marchera jamais, et que tout sera de ma faute. Tu comprends ?

J'ai tenté de t'oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant