Chapitre 22

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Est-ce que ce serait possible qu'il arrête de me fixer ainsi ? Je me sens étroitement jugée. Quand bien même mon regard croise le sol, je sais bien que ses yeux essaient d'entrer en contact avec les miens. Or il en est hors de question, la déception ça va deux minutes.

- Ashley, je pense qu'il est important qu'on échange un peu sur les évènements de ces derniers jours, tu en penses quoi ?

- Je n'ai pas trop le choix j'imagine.

Je relève le visage. Je me trouve face au Directeur dans son bureau personnel. Enfin, c'est son adjoint, mais en terme de signification, c'est très similaire. Et ça m'étonnerait que ma présence ici ne soit juste pour bavarder avec moi de mon intégration au lycée – si vous voyez ce que je veux dire.

- Ça avance comment avec le club de théâtre ? Tu en es bien la présidente cette année, je me trompe ?

- Vous ne vous trompez pas, c'est bien moi. Les différents groupes travaillent activement sur leurs différents projets. La projection du court métrage est celui arrivant le plus tôt. Elle serait normalement prévue juste avant les vacances de Noël. On n'a pas encore déterminé le jour exact avec la Direction.

- Eh bien on peut en parler maintenant si ça te va.

- En réalité, c'est Sophie qui s'en occupe alors je ne peux prendre aucune décision à sa place.

Le Directeur compose un numéro sur son téléphone fixe et demande à ce qu'on lui amène Sophie. Il est assez grand sans pour autant être imposant. Avec une barbe naissante sur sa mâchoire, on peut penser que l'autorité ne le connaît pas, alors qu'en réalité, il est capable de manipuler et de remettre n'importe qui sur le droit chemin. C'est un homme peu âgé qui cumule pourtant plusieurs décennies d'expériences et qui est d'un professionnalisme impressionnant. Rien ne peut le faire chanter ou dévier de ses objectifs.

- Tu t'en doutes Ashley, je ne t'ai pas convoqué ici pour parler théâtre. Tu es l'un de nos meilleurs éléments de cette école, et tes actes récents laissent supposer à un sincère relâchement de ta part. Depuis que tu es revenue de ta formation, je te sens différente. Je ne sais absolument rien de ce qui s'est passé là-bas, en revanche, je sais que tes altercations avec Mme Duroll et Loann sont inacceptables. De nombreux élèves te prennent en modèle. Et si tu commences à rejeter l'autorité ou à décevoir tes professeurs par un travail insuffisant, beaucoup de nos étudiants s'imagineront pouvoir faire de même sans conséquence. Je ne vais pas vous exclure temporairement, néanmoins, n'oubliez-pas que je n'hésiterais pas à mettre mes menaces à exécution si vous réitérer pareil comportement. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Oui monsieur, je suis désolée pour le mal que j'ai pu causer à Loann et de ma défiance envers Mme Duroll qui était tout sauf respectueuse. J'espère que vous m'accorderez une seconde chance.

- Je te l'accorde. Disons que je te laisse tranquille cette fois-ci, à condition que tu écrives une lettre d'excuse à Mme Duroll. Tu le lui remettras en main propre avant le défilé d'après-demain.

Quand je disais que se jouer angélique auprès de la Direction sauve de toutes situations problématiques, ce n'étaient pas des paroles en l'air. Je continue de penser que ma prof de français tout comme Loann méritaient bien ma colère.

- Enfin, sache Ashley que nous avons deux psychologues très compétentes au sein de l'établissement qui sauront t'aider à gérer tes soucis, qu'ils soient familiaux, personnels ou scolaires. Toute conversation avec elles restant évidemment privée. Si tu juges le besoin de prendre contact avec l'une d'elle, tu peux t'adresser au secrétariat.

- C'est très gentil de votre part Monsieur le Directeur mais je vais très bien.

Quelqu'un nous interrompt en toquant à la porte. Mon interlocuteur hausse la voix pour convier Sophie à s'installer à mes côtés. Cette dernière s'incline avant de s'asseoir sur sa chaise. Elle semble inquiète alors je la rassure d'un sourire.

J'ai tenté de t'oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant