Chapitre 3

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Camille


Je le regarde danser, il a le sens du rythme et ne se prend pas du tout au sérieux, se laissant aller à ses instincts.

Je le regarde et j'y trouve un côté primal, tribal.

Je sens une sensation étrange, lointaine, dans mon bas ventre. Je mouille.

Les quelques verres d'alcool ont raison de mes inhibitions, mes yeux ne le quittent plus. Je le regarde danser avec ma concurrente. Je me lève, sur le pilote automatique, descends les marches lentement. Le son techno envahit la salle, mon esprit, je dois me faufiler pour rejoindre le centre de la piste de danse bondée. Je me trémousse sur la syncopée techno, ou plutôt ballottée par les autres danseurs, vu que les corps se touchent à coups de hanches ou d'épaules. Nous sommes tous logés à la même enseigne. Je danse seule, habitée. L'alcool me confère un sentiment de liberté que je ne ressens que trop rarement. Je me défoule en dansant, les bras en l'air et la tête relâchée, et je me déhanche. J'ignore l'éclairage qui semble n'éclairer que moi. Au fur et à mesure, je me suis rapprochée de ma cible. Je danse, lui tournant le dos, non sans me retourner par moment pour lui sourire. Sourires auxquels il me répond. Il finit par me coller, me tenant par les hanches. Je frotte mon fessier contre son bas ventre et une raideur finit par prendre forme. Je ne suis pas assez alcoolisée pour ne pas me rendre compte de ce que je fais. Pas plus que je ne suis gênée vis-à-vis de celles et ceux qui me regardent, me frotter fiévreusement à l'homme dans mon dos. Mes pulsions ont pris le contrôle. Mon corps réclame cet homme comme jamais auparavant. Il est tout contre moi, je sens son sexe tendu contre mes fesses, je dois avouer que j'éprouve une certaine fierté d'être la cause de cet effet, j'ondule du bassin pour masser sa virilité. J'ai envie de bien plus ! J'ai irrésistiblement envie de lui.

À la fin du morceau, je lui indique ma table, et il monte à ma suite. Je remercie ma voisine de table d'avoir surveillé mes affaires et mon mojito, lui promettant, comme à chaque fois, de faire de même quand elle ira danser. Solidarité féminine contre ceux qui seraient tentés de glisser un peu de GHB dans nos verres.

Je m'assois, me verse un mojito et j'étudie d'un œil appréciateur celui qui bande pour moi.

Son regard est fixement posé sur mes lèvres aspirant le liquide alcoolisé que j'affectionne tant. Je le regarde se verser un verre et tiquer à la première gorgée. J'éclate d'un rire franc quand il se met à tousser, manquant de s'étouffer.

Ah ouais, c'est une recette maison. Double dose de rhum et de sucre, pour me donner de l'énergie.

« Camille », dis-je en tendant la main.

« Gabriel », répond-il en me la serrant plus longuement que nécessaire, son pouce caressant le dessous de mon poignet.

Je sirote toujours, m'étant versé un deuxième verre, le regardant droit dans les yeux. Les soirées en boîtes, c'est du speed-dating, voir de la consommation sur place. Je sais pourquoi il est là, moi en temps normal je m'en amuse, mais ce soir, je me sens autre. Aller en boîte ce n'est pas forcément aller à la recherche d'une baise, mais certains ne le voient pas comme ça.

« Et à part te frotter contre moi, que fais-tu d'autre ? » demande-t-il de but en blanc.

« Je finis mes études en design graphique et je suis stagiaire dans une agence de pub. Je peins un peu aussi, mais en amateur, je cherche encore mon style. Et toi, que fais-tu quand je ne me frotte pas contre toi ?

— Je viens de finir mon bac en Littérature comparée et là je travaille comme chargé de projet dans une maison d'édition. Qu'est-ce que tu peins exactement ?

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant