Chapitre 9

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Gabriel


Que c'est agréable un week-end loin de la ville et du travail. Rien que de changer d'environnement me fait du bien. Je profite de la piscine, sentant le regard de femmes présentent pour un congrès et d'un couple de gays. Personne ne semble insensible à ce que tous regardent. Mais je ne peux me permettre des frasques en public. Depuis que j'ai repris l'entreprise familiale, j'en suis le visage public. Je dois donc faire attention à mes fréquentations. M'essuyant tout en me dirigeant vers mon transat, j'attrape au passage une revue qui traîne sur une table. Je la feuillette distraitement, il s'agit d'une revue de nouvelles, j'ignorais que ce genre de magazine existait encore, l'âge d'or ayant été des années 20 aux années 60. Lovecraft, Howard, Bradbury, Herbert, Asimov, Clarke, Dick, tous ont commencé en publiant dans des « Pulps » comme on les appelait à l'époque. Une idée émerge, des appels à textes, une couverture accrocheuse, des votes de lecteurs avec au final un contrat d'édition pour un ou des auteurs. Le format papier peut être une option pour les nostalgiques du genre, mais pour un meilleur contrôle et des analyses, le numérique est la seule option. Je note mes idées sur mon téléphone pour en parler avec Amelia Bilson. Voilà qui pourrait être son projet et justifier son poste. Je n'ai aucun doute quant à la faisabilité, elle a une manne d'auteurs sous la main, cela ne peut qu'être attrayant pour eux, les appels à textes sont toujours courus.

Sous mes yeux, quelques femmes font de l'aquaforme dans la piscine, leurs sourires et leurs langues sur leurs lèvres en disant long sur leur motivation réelle. Un serveur passant, je lui passe commande d'un verre d'eau ainsi que la même chose que la femme qui a le nez plongé dans son livre, la seule qui ne m'a pas adressé un seul regard. Quand le serveur lui apporte son verre, elle redresse la tête, étonnée. Ce dernier lui indiquant qui lui offre sa consommation, elle tourne la tête alors que je rentre dans l'hôtel, laissant planer le mystère.

Le soir venu, habillé de façon décontractée, mais chic, je me dirige vers le restaurant un recueil dans les mains – je ne peux pas couper au travail – contenant des argumentaires sur de possibles titres à publier. Je m'installe dans un coin, passe commande et déguste un verre d'eau en lisant, concentré. Je ne remarque la présence qui se tient devant moi que lorsqu'elle bouge, me masquant la lumière.

« Bonsoir », me dit-elle d'une voix rauque, chaude.

« Bonsoir », répondis-je charmant.

« Je n'ai pas eu l'occasion de vous remercier pour le verre, cet après-midi à la piscine. Je vous imaginais plus avec une ou plusieurs de ces femmes qui essayaient maladroitement d'attirer votre regard.

— Donc, vous regardiez aussi.

— Je vous ai aperçu. Il faut dire que vous passez difficilement inaperçu, même quand vous essayez.

— Pourtant je ne vous ai pas vu m'observer.

— J'ai une excellente vision périphérique », dit-elle en riant.

« Vous voulez vous asseoir ? Je viens juste de commander. À moins que vous ne soyez avec le groupe ?

— Volontier, merci.

— Vous voulez boire quelque chose ? » dis-je en faisant signe au serveur.

— À quoi fonctionnez-vous ?

— C'est de l'eau.

— Voilà qui est étrange.

— Disons que j'aime garder le contrôle, en tout temps. La même chose s'il vous plaît. Madame prendra...

— Un verre de Chardonnay, s'il vous plaît.

— Bien, Madame », répond-il en se retournant pour préparer la commande.

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant