Chapitre 21

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Gabriel


Je sais qu'elle a menti, elle a cherché à me piéger avec Justine, mais il est de plus en plus évident que Mila est ma fille. J'essaye de me voir en elle, mais je ne me retrouve pas, en dehors de la cardiomyopathie. Je ne lui ai pas laissé le meilleur de moi. Je finalise mes affaires, mets un peu d'ordre dans ma paperasse. Hier soir, Justine s'est couchée complètement saoule, mais elle a passé une excellente soirée, et finalement, je suis assez content qu'elle ait élargi son cercle, sa relation avec Amelia et Camille est excellente, elles s'entendent bien, sont sur la même longueur d'onde. J'en profite pour laisser quelques consignes au service juridique, à force de procrastiner, il faut se rendre à l'évidence, j'ai du pain sur la planche.

Justine et Amelia organisent l'emploi du temps de Camille. Ses projets ont été transférés à mon équipe. Ils savent qu'ils doivent se dépasser, leur survie dans la compagnie est en jeu. Ils ont pris conscience du niveau de Camille en regardant la vidéo de l'émission. Quasiment tous sont dépassés, la réalité vient de les rattraper, ils ne sont plus dans la course.

Carrie passe récupérer les deux futures recrues de la formation de Camille. Je leur ai trouvé un hôtel pas loin des bureaux, je n'allais tout de même pas les laisser dormir chez elles avec la petite. Si Camille les juge à la hauteur, leurs contrats sont déjà prêts.

Je passe la journée à servir de secrétaire, à relayer des demandes. Je reçois une confirmation pour l'envoi de tablettes et une maquette de la publicité que Camille doit faire. Je fais suivre, je ne suis qu'un rouage de la machine. Je regarde une photographie de mon père, me demandant ce qu'il aurait pensé de ce qui est en train de se produire. Je réponds à un texto de mon frère, Alex, qui vient de se découvrir un intérêt pour la société bien que je lui ai racheté ses parts et qu'il profite de son héritage.

Je rédige une lettre pour Camille, afin de mettre cartes sur table ce que je devine être la vérité, la part que je veux avoir dans la vie de Mila. Je lui avoue tout au sujet de ma maladie, que je ne comprends pas ce qui s'est passé, comment elle a pu tomber enceinte, autrement que pas un préservatif défectueux. Que je ne cherche pas à m'immiscer dans sa vie avec Carrie, je suis heureux pour elles, mais dans l'éventualité où il m'arriverait quelque chose, Mila est la seule chose qu'il reste de moi, et j'aimerais qu'elle soit officiellement présentée à Justine.

Je me doute un peu des conséquences, mais c'est la bonne chose à faire selon moi.

Je me relie, signe, mets dans une enveloppe avec des consignes et je vais la déposer chez mon avocat.

Je profite de la journée pour me balader avant mon rendez-vous à l'hôpital, faire un petit bilan. Mes crises s'accentuent, mes médicaments ne semblent plus être aussi efficaces, mais je ne veux pas doubler ma dose.


Je lis, installé dans mon fauteuil préféré, profitant d'un rare moment de calme, quand Justine rentre, son énergie variant entre 0 et 100 %.

« Salut, chéri. Tu es rentré tôt.

— Je ne sers plus à rien, tu gères, mon cœur. Moi je ne suis plus que votre secrétaire.

— N'exagère pas. C'est toi qui as voulu cette situation.

— C'est vrai. Comment s'est passée ta journée ?

— Camille me tue, elle a une énergie inépuisable. J'ai une théorie. C'est un véritable vampire, pas comme chez Bram Stoker ou Anne Rice... mais un véritable vampire. Elle s'abreuve d'énergie en nous enlaçant. Je n'ai jamais vu quelqu'un être aussi affectueux. Et, ça ne me dérange pas en plus, j'aime ça. Cela crée une synergie entre Amelia, elle et moi. Je l'adore cette Camille, sérieusement.

« Tu ne vires pas lesbienne, j'espère ?

— Gab ! Ça ne se dit pas ces choses-là, c'est limite homophobe !

— Voyons, c'est une blague. Je ne t'ai jamais vu comme ça, autant coller et toucher une autre femme, on dirait que tu ne peux plus passer cinq minutes sans être collée sur elle. C'est juste un constat.

— C'est possible, mais je ne la colle pas tant que ça... tu trouves ?

— Au souper, j'ai cru que tu allais soit t'asseoir sur ses genoux ou la prendre sur les tiens tellement vous étiez collé.

— Serais-tu jaloux, mon Gabounet ?

— Jaloux, non. Envieux, sûrement.

— Tu veux que je me colle, Gab ? Viens me rejoindre sous la douche alors. Viens rechercher mes batteries. #prisefemellechercheprisemale.

— Tu te dévergondes ma chérie », répondis-je en souriant.

« Camille ma rechargée en amour, que veux-tu, il faut maintenant utiliser ce surplus...

— Pas de jeu de rôle aujourd'hui ?

— Pas le temps !

— Des préliminaires ?

— Absolument ! »

La libido de Justine est partie en orbite. Tous ses sens sont effervescence. Elle est à la fois câline et sauvage. Je suis conscient que sa stérilité joue beaucoup sur son appétit sexuel et ce besoin de varier nos façons de nous courtiser, comme les jeux de rôle. Justine estime devoir faire plus, sexuellement parlant, sachant que jamais elle ne comblera notre désir d'avoir un enfant. L'insémination n'a jamais fonctionné, elle s'est refermée un temps sur elle-même et ne veut pas adopter. Elle veut porter un enfant, sinon rien. Je m'étais fait à l'idée de ne pas avoir d'enfant, aujourd'hui je suis obligé de le cacher pour ne pas la détruire, jusqu'au moment où je ne serais plus là, et qu'elle n'aura que ses souvenirs et Mila, qui est un peu de moi et qui aurait pu être un peu de nous.

Je lui fais l'amour avec passion, comme au premier jour, la surprenant. J'ai envie de redécouvrir ma femme, lui faire l'amour comme si c'était la première ou la dernière fois. Qu'elle est belle avec sa chevelure auburn, ses yeux noisette, ses deux incisives légèrement plus longues, qui lui donnent un côté sexy dans sa bouche entrouverte. Ses taches de rousseurs sur son nez. Je la regarde gémir, à chaque mouvement de bassin, s'accrocher à mon dos en relevant ses jambes, nos deux corps communier. Je l'aime. Je suis heureux qu'elle ait simplement considéré passer le reste de ma vie avec moi. Je m'en veux de ne jamais lui avoir parlé de ma maladie, de l'avoir caché secrète. J'étais trop lâche pour faire confiance à l'amour qu'elle éprouvait pour moi, pensant qu'elle me quitterait. Je me rends compte aujourd'hui qu'elle me détestera quand elle l'apprendra. Elle aura besoin de ses amis.es., de Camille et de Mila. Elle seule pourra lui parler de notre maladie. Une enfant, mon enfant. Je vois ses larmes lorsqu'elle jouit et que je l'accompagne. Comme à chaque fois, je masque la douleur de mon cœur qui bat, qui se débat, la douleur dans mon crâne. Je me laisse tomber sur le lit, Justine se colle, cajoleuse, encore dans son extase post-coït.

« C'était merveilleux, mon chéri.

— C'était nous, mon cœur. Je t'aime Justine, n'en doute jamais.

— Je t'aime », dit-elle en se lovant contre moi, reprenant son souffle, ses sens s'apaisant.

« Ne t'ai-je jamais dit comme tu es belle après l'amour ? Quand tu pleures dans la jouissance ? Je t'aime pour tout ce que tu es, Justine. Je suis heureux de partager ta vie.

— Tu es donc bien romantique aujourd'hui.

— Tu es mon petit diamant, Justine. »

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Myka

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant