Chapitre 2

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Gabriel


Vingt et une heures. Je regarde une énième fois mon téléphone pour confirmer l'heure. Je suis encore chez moi. Vingt et une heures et je ne sais pas encore où je vais aller célébrer le Nouvel An avec mon frère Alex et nos potes Thomas et Maxime. Le choix pour la bouffe a été vite réglé : bière et pizza ! J'en ai encore dans mon frigo pour les trois prochains jours. Mais question soirée, rien n'est fixé. Si ça continue, je vais me retrouver à regarder un film ou des séries en streaming. Ils sont chiants mes potes, toujours indécis, incapable de prendre une décision dans la seconde et de s'y tenir. Et question timing, pire que des filles, c'est tout toujours à la dernière seconde, incapable de s'organiser et de s'accorder, que ce soit pour un film, une sortie, ne serait pour se décider sur quel alcool boire ou quoi manger. Des plaies. Mes c'est mes potes. Mon frangin, il est comme moi, il voit un truc, il fonce. Il ne se pose pas de question.

« Le Blue Moon ? » propose mon frère. « Il est pas mal, non ?

— C'est pour les has-been, même ma grand-mère est une meilleure D.J. », rétorque Thomas en balayant la proposition de la main.

« Le Phoenix ? » tente Maxime.

« Trop heavy, trop de speed en circulation. C'est devenu glauque », poursuit Thomas.

« Mais au moins, il n'y a pas ta grand-mère ! » répond mon frère en riant.

« Si ça continue ça va finir dans un Club de danseuses de troisième zone, on aura des poils de chatte directement dans la bière », m'énervais-je. « Bon, on va faire ça simple. Prenez vos téléphones, géolocalisation et qu'est-ce qu'il y a dans les environs, parce que clairement, pour trouver du parking ça va commencer à être galère, et je n'ai pas envie de payer un Uber ce soir pour me retrouver avec une facture d'un mois de paye !

— J'ai ! le Till down* », s'exclame mon frère.

« Et pourquoi pas le titi twisteur* pendant qu'on y est », rigole Thomas.

« Propose donc quelque chose au lieu de toujours être négatif, ça fera changement », s'énerve Maxime. « Tu es chiant à la fin.

— On se calme, c'est de l'humour », se défend Thomas en levant les mains en signe de paix.

« Il existe encore le Till down ? » demandais-je ramenant l'attention sur notre potentiel lieu de chasse.

« Ouais, clairement. Il y a une pub pour le réveillon.

— Je pensais qu'il avait fermé », pensais-je à voix haute. « Ce n'est pas trop loin, et on pourra se garer facilement. La patronne est sauvage. Je paye les shots au premier qui l'emballe, preuve à l'appui.

— Un peu de compétition, ça va être intéressant », clame Alex. « Thomas, pas de commentaire ?

— Non, ça va. Tant que ce n'est pas un nid de gothiques ou de vampires*. »

Nous nous préparons tous, prenons une provision de préservatifs et nous nous dirigeons vers mon SUV 3K8 symbolisé par le roi de la jungle. On se comporte comme des mâles en rut, criant et hurlant par les fenêtres ouvertes. Il ne faut que quelques minutes pour que je trouve une place et me gare dans un créneau parfait, du premier coup. C'est ça la perfection. Je suis du genre modeste, mais je sais reconnaître mes qualités. On se met en ligne pour entrer, discutant de tout et de rien, regardant en avant et en arrière dans la file, à la recherche de notre dessert. L'humeur est festive. Mon frère fait connaissance avec un groupe de filles, ça glousse, ça se trémousse. Elles ne sont pas encore entrées qu'elles font monter la chaleur ambiante. Mon frère s'insère dans le groupe des filles, si elles ne se retiennent pas elles vont me le bouffer sur place. Visiblement, elles ont pris de l'avance côté alcool ou speed. Elles provoquent un microclimat autour d'elles. Alex semble content de lui, mais où est le challenge ? Il n'y a pas eu de lutte, de conquête. Je trouve ça décevant. En même temps, il va tirer son coup ce soir, et probablement avec chacune d'elles. Je me retourne et vois que Thomas a reculé dans la file, discutant avec une fille qui ne semble pas accompagnée.

« Bon, mon Max. Ça à l'air que ça va se passer juste entre nous ce soir.

— Pas grave. Je préfère voir à l'intérieur. »

Arrivé à notre tour, le videur nous détaille et nous fait signe d'entrer. J'échange une poignée de main, il hoche de la tête et nous poussons les portes pour entrer, nous faisant happer par la musique danse.

Au vestiaire, la préposée nous donne un chapeau à paillettes et un sifflet. Je lui sers mon sourire à faire bâiller une moule, juste pour le plaisir de la voir rougir. Je me coiffe du chapeau, passe le sifflet autour de mon cou, et fais un tour d'horizon, Maxime à mes côtés.

« Il y a de l'ambiance. Ça va être sympa finalement. À plus ! » dit-il en s'insérant dans un mur compact de corps mouvant en rythme.

Je cherche mon frère des yeux, je le vois encerclé par son groupe de filles. Elles vont n'en faire qu'une bouchée. Je souris avant de me fondre à mon tour dans la masse et de la traverser jusqu'au bar pour commander une bière. J'ai tout mon temps. D'abord la détente et bien s'hydrater. Je bois ma bière en regardant partout, chaque plancher. Mes yeux accrochent un regard intense. J'avale une gorgée et me dirige vers celle qui, dans sa robe argentée, ne cesse de me fixer avec une telle férocité. Elle ne peut pas me résister, ça se voit. Elle me fait signe du doigt de la rejoindre ; je m'exécute sans détacher mon regard. Je lui sors le grand jeu, le regard et le sourire du tombeur. Elle n'a aucune chance.

Je danse sans trop la coller, calquant mes mouvements sur les siens. Elle passe ses mains autour de mon cou, se lançant dans une chorégraphie suggestive. Je me retrouve tellement hypnotisé par son regard que j'en oublie que c'est moi l'alpha ici. Je la joue sensuel, j'exécute une espèce de parade nuptiale imbattable. Lorsque quelqu'un me pousse accidentellement, je me retrouve le torse collé sur sa poitrine.

« Excuse-moi », soufflais-je à son oreille.

« Il n'y a pas de mal », me sourit-elle. Mon regard descend lentement sur ses lèvres entrouvertes. Je m'approche à quelques centimètres, lui laissant le temps de s'imprégner du musc de ma testostérone. Je vois sa respiration s'accélérer. Je passe ma main sur sa cuisse pendant que l'autre se place sur sa hanche, mais elle s'empare de ma main et la remonte sur sa hanche. J'ai l'impression tout d'un coup de danser un slow pour la première fois, tendu et à trente centimètres de ma cavalière. Je l'attire à moi afin de goûter ses lèvres quand elle recule, s'éloignant et se mettant à danser toute seule. Je me rapproche lui demandant c'est quoi le problème.

« Je ne suis pas venue pour ça.

— Tu m'as pourtant allumé », rétorquais-je sèchement.

« Tu as mal compris les signaux. C'était une simple invitation à danser. »

Je reste quelques secondes comme un con puis, retrouvant ma constance, je m'éloigne d'elle et je me laisse envahir par le tempo.



* Référence à peine voilée au film From Dusk till Dawn et au bar le Titty Twister, film de 1996 de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino.

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Myka

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant