Gabriel
Je fixe le plafond, allongé sur le carrelage de la cuisine. Je sens le jus de fruits imbiber ma chemise et mon pantalon.
J'ai fait mon possible, mais j'ai manqué de temps. J'aurais voulu accomplir plus. Mais tout est entre les mains de Justine et Camille. J'espère seulement que Justine comprendra.
Mes pensées se dirigent vers Justine qui, sous la douche, ne m'a pas entendu tomber, ni mon verre se casser. Mes dernières pensées. C'est con. J'aurais voulu lui dire au revoir et merci pour ces années à mes côtés. Étrangement, je me sens bien, je n'ai plus mal. Peut-être suis-je déjà mort ? Est-ce un état de conscience aux portes de la mort ?
« Gab ! » hurle une voix au loin.
« Justine ? »
Je m'y accroche. Aucun son ne semble s'échapper de ma bouche. Je la vois au téléphone. Comme elle est belle. Même dans le stress et l'angoisse. Je suis vraiment chanceux d'avoir pu vivre avec elle. Je cligne des yeux, pour lui faire comprendre que je suis toujours là.
« Ne t'endors pas ! »
Une gifle me percute, mais je ne sens rien.
« Ne t'endors pas, Gab », alors qu'une seconde gifle me touche. Il me semble l'avoir senti.
Je mobilise toutes mes forces, toute mon énergie vers ma main afin de la faire bouger, mais Justine est concentrée sur son appel.
« Les urgences arrivent. Reste avec moi Gab ! Tu n'as pas le droit de me laisser, je te l'interdis. »
C'est pour ça que je l'aime. Il me semble sourire, toucher son bras pour la rassurer. Je cligne des yeux. Une nouvelle gifle me surprend, l'ai-je vraiment senti ?
« Ne t'endors pas, Gab ! Reste avec moi. »
Il y a du monde autour de moi. D'où sortent-ils ? Ils n'étaient pas là il y a quelques secondes.
On me fixe un masque sur le visage. Mais ça va, je respire très bien, criais-je. Personne ne m'écoute. Personne ne m'entend. Une planche est glissée sous mon dos. On me soulève avant de me déposer sur une civière. Je cherche Justine des yeux, mais elle n'est plus dans mon champ de vision. Je n'arrive pas à tourner la tête. Justine ? JUSTINE !
« On a une réaction.
— Je suis là Gab », pleure-t-elle en apparaissant à mes côtés.
Elle m'a entendue !
« Je t'aime.
— Moi aussi Gab.
— Il faut y aller Madame », la presse l'ambulancier.
« À l'Hôtel-Dieu. »
Justine a l'oreille collée sur son téléphone.
— ...
— Non, je ne sais pas.
— ...
— Comment le sais-tu ?
— ...
— D'accord. Il est possible qu'il souffre de la maladie de Pompe, avec une cardiomyopathie hypertrophique », répète-t-elle à l'ambulancier.
Camille.
« Vous n'en êtes pas sûre ? » demande l'ambulancier.
« Il ne m'en a jamais parlé. »
L'ambulancier ne répond rien et communique avec l'hôpital. Il écoute son correspondant avant de couper la communication.
« C'est bien ça. Il passe en code bleu. Fonce, code bleu » dit-il au chauffeur.
VOUS LISEZ
Mon adorable Boss
RomanceCamille a toujours pu compter sur ses amies. Orpheline depuis ses sept ans, elle se réfugie dans ses études en design graphique. Célébrant la fin de 2021 et de tirer un trait définitif sur deux années particulières, Camille démarrera 2022 avec un ca...