Chapitre 23

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Gabriel


Je n'en reviens pas comme les semaines ont passées vite.

Le test de cours avec les deux fans de Camille s'est bien passé, cela lui a permis de monter une structure, je les ai engagés comme cela était prévu. Deux nouveaux membres pour la « Team Camille » comme j'ai renommé le département, Amandine Boisvert et Oscar Rimenez. Ils sont en train de rafraîchir nos couvertures en vue de rééditions, s'occupent de concevoir signets et affiches. Ils vont remplacer deux employés engagés par mon père, à une époque où cette technologie débutait, la mise à niveau n'a jamais suivi. Les outils ont évolués, pas leur manière de faire. Maintenant, ils sont dépassés et incapables de comprendre les nouveaux logiciels.

L'équipe d'Amelia a déménagé la semaine dernière et Camille se la joue blasé, avec son bureau plus grand que le mien, ses aménagements. Son horaire lui convient, le samedi Mila peut venir avec elle, elle a sa propre pièce, équipée d'un lit de jour, si elle en a besoin. Samedi dernier, c'était le premier cours, nous sommes passés, avec Justine, afin de voir comment cela se passait, et procéder aux ajustements nécessaires. Camille m'a jeté un regard noir quand Mila est venu me parler, sous l'œil attendri de Justine. Les présentations faites et un câlin plus tard, j'étais relégué aux oubliettes. Justine a passé la journée à s'occuper de Mila, de lui faire a manger, à jouer avec elle. Je l'ai rarement vue si heureuse, Camille s'est entièrement reposé sur Justine, voyant que sa fille avait un bon contact avec elle. Elle aurait vraiment fait une maman fantastique.

J'en profite pour travailler depuis le bureau d'Amelia, sortant les chiffres des ventes, les chiffres anticipés, les dépenses. Grâce au don du matériel, j'ai eu moins de dépenses, mais la location du nouveau bâtiment, les travaux, les nouveaux salaires portent un coup aux recettes. L'abonnement à la chaîne vidéo et aux cours ne sera visible que prochainement, pour l'instant, il est impossible de se baser dessus, ce n'est que du prévisionnel. La structure est à compléter quand ce sera des cours pendant des camps de vacances, il faudra acheter des réfrigérateurs, des tables pour les boites à lunch pour les enfants, mais la demande est là. Je refais mes calculs, lance mon analyse et souris. Ce n'est pas si mal. Le retour sur investissement est là, et nous sommes encore en ajustement. Je me note de voir avec Amelia, Camille et Justine pour que l'on sorte un livre sur la conception graphique. Je souffle et ferme les yeux, basculant mon fauteuil pour l'incliner.

« Ça va, Gabriel ? » demande la petite voix de Mila alors que je sens que l'on tire sur la manche de ma chemise, me forçant à ouvrir les yeux.

« Oui, je me reposais juste les yeux », dis-je doucement.

« Tu veux faire dodo dans mon lit ? tu peux, tu sais.

— C'est vrai ? c'est gentil », dis-je en lui souriant.

Surtout que techniquement c'est mon lit.

« T'es malade ?

— Pourquoi dis-tu cela ? » demandais-je, curieux.

« Tu faisais la grimace, comme moi quand mon cœur fait bobo. Je me regarde dans le miroir, tu sais, et bien tu fais la grimace comme moi.

— Ah ? Non, je t'assure, tout va bien.

— Il faut le dire si tu as bobo, d'accord ? », dit-elle en me regardant sérieusement, comme si elle pouvait ressentir ou deviner que je souffre du même mal qu'elle. « Tu veux que j'appelle maman ?

— Ça va aller, je t'assure. Et toi, comment ça va avec tes nouveaux médicaments ? Tu te sens mieux ?

— Je les aime pas, ils goûtent pas bon.

— Ils ne goûtent pas les légumes quand même ? », me moquais-je en souriant.

— Non, beurk.

— Et ton cœur, ça va mieux quand même ?

— Ça va, j'ai moins mal.

— Je suis content », dis-je, une larme au coin des yeux.

« Mila », nous interrompt doucement Camille. « Je t'ai demandé de ne pas déranger Gabriel, il a beaucoup de travail.

— Pardon, Gabriel », s'excuse Mila en reculant.

« Mais non, ce n'est rien », la rassurais-je avec une irrésistible envie de la prendre dans mes bras.

« Tu vas rejoindre Justine ? Elle vient de revenir avec ton goûter. Je dois parler avec Gabriel. »

Camille regarde Mila s'éloigner et ferme la porte, s'asseyant face à moi, le regard doux et triste à la fois.

Qu'elle est belle, putain ! Je ne peux m'empêcher de la revoir telle qu'elle était quand nous nous sommes rencontrés. Un sourire en coin glisse sur ses lèvres.

« En général, je ne couche pas avec des inconnus, le premier soir en plus », dit-elle directement. « Ce n'est pas moi... mais ce fameux soir de réveillon, j'ai eu un moment de faiblesse. Je me suis sentie désirée et intéressante. Ce « moment de faiblesse » a un peu bouleversé ma vie comme tu peux le constater.

— Donc, pas d'insémination artificielle ? Je comprends aussitôt.

— Non. Méthode traditionnelle, même si je ne comprends pas comment c'est arrivé, tu portais un préservatif.

— Je suis... Donc... Mila est ma...

— Non ! Mila est la fille de Carrie. Tu en es le géniteur, et je t'en remercie. Mais elle n'est pas ta fille. Malgré tout ce que tu fais pour moi, pour nous. Mila est tout mon univers, et j'ai peur qu'il n'y ait pas de place dans sa vie pour toi. Je ne veux pas qu'elle soit perturbée, sa maladie – votre maladie – est suffisamment dure comme ça. Elle n'a pas besoin d'une source de stress supplémentaire. Tu comprends ce que je veux dire ? Bien que j'ai été touché de vous voir tous les deux. Merci de t'inquiéter de sa santé.

— C'est normal. Je veux qu'elle ait toutes les chances de grandir, de vieillir, de vivre sans passer par les merdes que j'ai traversées.

— Si tu ne lui révèles pas qui tu es pour elle, tu peux continuer à la voir, lui parler, jouer avec. Je n'y vois pas d'inconvénient, elle a l'air de t'apprécier et elle adore Justine. »

Je suis soulagé de voir qu'elle ne me rejette pas, malgré notre situation. Sans m'en rendre compte, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles.

— Merci... Mais je vais essayer d'éviter, j'ai failli la prendre dans mes bras quand elle me parlait de ses ennuis de santé.

— Tu peux, tant que tu respectes notre entente. Carrie est sa famille.

— Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

— Comment ? Je n'avais ni ton nom, ni ton numéro de téléphone.

— Tu avais mon adresse.

— J'étais à moitié bourrée, ayant dormi deux ou trois heures après une séance de sexe interminable, je suis partie complètement dans le brouillard, je fonctionnais aux vapeurs d'alcool. J'ai tourné un moment avant de trouver mon chemin, j'aurais été incapable de retrouver d'où je venais. Par contre toi, tu n'es jamais repassé au Club.

— Tu étais partie à mon réveil, aucun mot, rien. J'ai cru que ce n'était rien pourquoi, que je n'étais qu'un coup d'un soir. Mais, je suis passé quelque temps plus tard. Le videur n'a jamais voulu me laisser entrer, un gros baraqué, il m'a dit que je t'avais causé assez de problèmes comme ça. Je suis donc parti.

— Vincent. Je souris. Il était très protecteur envers moi.

— Je m'en souviens, en effet.

— S'il t'avait laissé entrer, ma vie serait peut-être différente », sourit-elle affectueusement. « Merci Gabriel. Tu m'as sauvée en m'offrant Mila.

— Penses-tu qu'un jour, tu lui parleras... de moi ?

— Je ne sais pas, Gabriel, je ne sais pas. »

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Myka

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant