Chapitre 15

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Gabriel


Je raccroche en souriant, non sans avoir remercié Amelia Bilson de m'avoir prévenu quant à ce qui se produira lors de la séance de signature. Un coup de publicité est toujours bon à prendre. Je regarde la mise à jour du programme. Tout est parfait. Mon assistante s'est occupée de tout. « Votre rendez-vous est arrivé », résonne mon intercom. Je referme mes dossiers et les empile dans un coin.

« Vous pouvez le faire entrer, Justine. Merci. »

J'aime travailler avec ma femme, ça simplifie beaucoup de choses. Elle sait ce que je pense, ce que j'attends et anticipe de nombreuses décisions. Nous nous sommes rencontrés il y a cinq ans, lors d'un salon du livre. Nous avons parlé livres, nous nous sommes découvert de nombreux points communs, comme la poésie. Elle travaillait comme secrétaire juridique. Je lui ai offert un poste. Le travail, les longues heures et les déplacements aidants, notre relation employeur-employé est rapidement devenue plus intime et nous nous sommes mariés quelques mois plus tard.

« Monsieur Duval », me salue mon rendez-vous.

« Madame Ikari. Vous avez du nouveau ?

Madame Ikari, la détective que j'ai engagée, pendant l'heure qui suit, me fait une biographie complète de Camille Bélanger, de Mila Bélanger, de Carrie Rayne, de Blanche Mercier, d'Élodie Faidit et de son fiancé Ethan Bilson, de sa sœur aînée Amelia Bilson. Tout ce monde évolue autour de Camille Bélanger, ayant une relation blindée avec elle. Elle me fait un historique de la vie de Camille, la perte de ses parents, sa mise sous tutelle chez sa tante, ses études, l'accouchement de Mila née de père inconnu, ses ennuis de santé. La relation homosexuelle de Camille avec Carrie. Le lien qui unit les filles. Le dossier photographique est imposant. Les copies des fadettes* de Camille Bélanger, copie des courriels envoyés depuis son poste de travail, montrent la constante inquiétude de Camille pour sa fille, ses sentiments, ses interrogations, l'amour que toutes ces filles se portent. J'ai l'impression de lire un roman sentimental à travers leurs messages. Le point commun entre elles, un Club, le Till Down, dont Blanche Mercier a hérité de son père. Camille ! Je calcule mentalement en remontant de la date de naissance de Mila. Est-ce possible ? Quelle est la probabilité que la gamine souffre aussi de la maladie de Pompe ?


Je suis surpris par l'effervescence du public, j'ai l'impression d'être au Comicon ou à un événement à la Harry Potter. Dans la file d'attente, nombreuses sont les filles et femmes déguisées en vampires. Je n'en reviens pas et je doute d'avoir fait imprimer suffisamment de livres. Je me penche vers Justine afin qu'elle note et mémorise tout ce qu'il va se passer. Car quelque chose est en train de se passer, qui va m'obliger à revoir une partie de nos campagnes de publicité ainsi que nos prochaines éditions. Un événement est sur le point d'arriver, un tournant. Camille arrive avec sa fille, la foule réagit instantanément en voyant la petite dans une tenue à couper le souffle, au maquillage surréaliste. Sur un signe de tête, un des photographes que j'ai engagé la prend en rafale. La petite Mila prend la pause et se fait littéralement mitrailler quand elle retrousse ses lèvres, montrant ses crocs de vampire, redressant les bras, crochant ses doigts dans une pose qui se veut menaçante, mais dont tout le monde tombe amoureux.

Camille et l'auteur, Tim Phang – ça ne s'invente pas – se saluent puis s'installent à leur table. Nous nous sommes mis d'accord et la file passe d'abord par Camille puis par Tim. Il est clairement mentionné que édition limitée du livre contient une image inédite autographiée, personne n'est ainsi lésé – sous-entendu, Tim-.

Les fans veulent tout savoir de la façon de dessiner de Camille, les logiciels qu'elle utilise, les cours qu'elle a suivis. L'engouement pour son travail me réjouit. Je texte Amelia, qui me regarde depuis l'autre côté de la salle.

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant