Chapitre 12

277 24 0
                                    

Camille


Machinalement, Carrie ramasse le bol de Mila pour le nettoyer, et met le reste du macaroni au fromage dans un contenant, le laissant refroidir en prévision de le ranger dans le réfrigérateur plus tard. Elle se retourne puis s'accoude à l'îlot.

« Tu crois qu'il m'a reconnu ? Qu'il a fait le lien avec toi ?

— Je ne sais pas Carrie, sa réaction a été... étrange, mais tu as bien rattrapé le coup. Il va falloir être prudente, et que je sois attentive à la moindre parole, ses moindres gestes ou regards. Mila, est-ce que Gabriel t'a posé des questions ?

— Non, maman, il m'a fait à manger, c'est tout.

— Merci, mon amour. Tu peux aller chercher ta tablette dans ma chambre pour jouer, je l'ai chargée.

— Merci, maman », dit-elle en me lançant un bisou sonore de la main. « Câlin de loin.

— Câlin de loin à toi aussi, mon amour.

— Excuse-moi, Camille. Je suis persuadée qu'il a dû me reconnaître à cause du maquillage et de mon look.

— Il ne t'a vue qu'une fois, normalement, à moins qu'il soit allé au club avant... la nuit de la conception, moi en tout cas je ne l'ai jamais revu au Club après. Et puis, ne change pas, c'est ta personnalité, ça te va bien, c'est comme ça que je t'ai connue, c'est comme ça que ta fille veut être, c'est comme ça que je t'aime.

— Attendons alors, et croisons les doigts. En attendant, prends tes médicaments, je vais te faire un bouillon de poulet, ensuite tu retournes te coucher.

— Ça va déjà mieux, je t'assure.

— Qui crois-tu convaincre ? Ton maquillage sous les yeux est très réussi alors. Écoute ce que je te dis, je m'occupe de Mila et de toi. Tu me rembourseras en câlins quand tu te sentiras mieux. Ensuite, tu me montreras cette vampire que tu as dessinée.

— Que veux-tu, tu m'inspires.

Carrie me verse du bouillon de poulet dans un bol et me l'apporte, s'agenouillant près de moi le temps que je mange. Je sens les bienfaits du remède de grand-mère régénérer mon corps. Carrie me tend des médicaments que je prends en même temps.

« Cela me rappelle quand tu restais près de moi, quand je m'endormais sur ton canapé, tu restais là, à me regarder, me veiller. Je me réveillais et tu dormais là, contre mon bras. J'étais touchée par ton dévouement. Tu étais entrée dans ma vie comme Blanche et Élodie avant toi. Me protégeant.

— Je dois t'avouer que j'étais un peu jalouse au début, tu es si proche d'elles. Votre lien m'intriguait et puis j'ai appris à te connaître, à t'apprécier, à te comprendre. Tu as été gentille avec moi, tu ne m'as jamais jugée pour mon look, au contraire, tu m'as soutenue. Même quand je porte mes dents de vampire. Mes sentiments se sont développés rapidement. Tu m'as fait une petite place dans ta vie, puis tu m'as incluse dans ton club restreint, celui de tes sœurs. Mais je n'ai jamais atteint la relation que tu as avec elles.

— On se connaît depuis nos six ans, c'est normal, Carrie, nous avons grandi ensemble. Elles étaient là pour moi à la mort de mes parents. Nous nous sommes soudées à ce moment-là. Toi, tu fais partie de la deuxième tranche de ma vie. J'ai passé mon enfance avec elles, toi tu fais partie de ma vie adulte. Je suis plus intime avec toi que je ne le serais jamais avec elles. Le reste de la vie nous appartient, à toutes les deux. Et surtout, tu fais entièrement partie de la vie de Mila, tu as un lien avec elle que Blanche et Élodie n'auront jamais. Elle est ta fille, Carrie. Ta fille. Tu as beaucoup sacrifié pour moi, pour nous.

— Et je ne regrette pas une seconde.

— Je vais dormir un peu, je suis fatiguée.

— Viens dans ton lit, tu seras mieux », dit-elle en glissant un bras sous mes jambes.

« Tu ne vas pas me soulever, quand même ? Tu vas te faire mal au dos, Carrie.

— Alors, grimpe sur mon dos, je vais te porter, allez », insiste-t-elle en se plaçant de façon à coincer mes jambes avec ses bras.

Je me laisse porter, trouvant cela étrangement adorable de sa part.

« C'est mignon », soufflais-je à son oreille, en riant.

Carrie m'allonge et referme un peu la porte, mais pas complètement.

« Maman fait dodo, tu la laisses dormir, d'accord beauté ?

— Oui, maman.

— Tu vas bien ? C'était bon le manger de Gabriel ?

— Il voulait mettre des légumes dans le macaroni ! », s'insurge-t-elle encore, me faisant sourire. « Il ne sait pas faire à manger pour des enfants.

— Tu as raison, c'est pas bien. Et ton petit cœur, ça va ? tu me laisses écouter ? Hmmm. C'est bien ma beauté », l'entends-je sereine.

« Tiens, c'est pour maman.

— Tu lui as fait un dessin, ma beauté ? Je vais aller le poser sur sa table de chevet, elle le verra en se réveillant. »

Traversant le couloir, je la vois ouvrir la porte doucement.

« Tu ne dors pas, mon cœur ?

— Non, je t'écoute.

— Tiens, c'est de la part de Mila, un beau dessin. Ne me demande pas ce que c'est censé représenter, je n'en ai honnêtement aucune idée. »

Je ris doucement en posant le dessin à côté de moi, avant de sombrer.

____________________

Un vote = un encouragement. Merci pour les étoiles !

Myka

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant