Chapitre 1

792 39 0
                                    

Camille


« Allez, dépêche-toi ! On va finir par arriver en retard et rater le compte à rebours ! » me tance Élodie, ma meilleure amie.

Élodie, c'est mon ange gardien. Elle me réveille le matin quand j'appuie sur snooze pour la quatrième fois ; elle me recouvre avec une couverture quand je m'endors dans le canapé en plein devant notre série télévisée, parce que je suis trop brûlée après ma journée de travail ; elle me remonte le moral après une énième déception amoureuse, et ça arrive souvent. J'aime. J'aime la vie, mais j'ai souvent l'impression que l'on n'est pas synchronisé, elle et moi. La vie est souvent vache avec moi #Lifeisabitch.

« Vas y, descends. Je te rattrape.

— Oh non, ça, c'est le coup assuré pour louper la fête. »

Je finis d'attacher mes chaussures, je me regarde encore une fois dans le miroir pour m'assurer que mon maquillage est parfait, que ma coiffure est exceptionnelle et surtout que ma robe en montre suffisamment, mais pas trop. Il faut savoir se faire désirer un peu quand même ! Ma jupe mauve soyeuse et mon crop top assorti croisé qui enveloppe ma poitrine ressortent sur ma peau blanche avec mes cheveux teints en rouge carmin et mes yeux bleus. Une dernière retouche sur mon rouge à lèvres couleur cerise et je suis prête.

« Tu es parfaite, tout le monde va baver sur ton ventre plat. On peut y aller maintenant ?

— On est parties ! » criais-je en lui claquant les fesses. Nous quittons notre appartement et prenons ma voiture, direction le Till down. Le club où une de nos amies est gérante. C'est notre spot pour nous défouler, nous faisons quasiment partie des meubles. Nous venons si souvent que les videurs pensent que l'on y travaille avec Élodie. Dans la voiture, comme nous sommes d'une nature généreuse, nous écoutons la musique à fond, fenêtres ouvertes, afin que tout le monde puisse en profiter et nous chantons à tue-tête, forcément. C'est sur Crazy in Love de Beyoncé que l'on se gare et que l'on fait notre entrée dans un déhanchement à s'en bousiller le bassin.

Ça faisait longtemps que nous n'avions pas évacué la pression, ce soir nous avions bien l'intention de célébrer. Tirer un trait définitif sur 2020 et 2021. Notre vie allait enfin retrouver un rythme normal.

Avec 2020, une routine s'est installée, confortable. Côté social, nous nous sommes plus ou moins adaptés, pas le choix. Nous avons fait la fête, bu – beaucoup-, fait des concours tous les plus stupides les uns que les autres, ça nous permettait de nous défouler, et nous en avions besoin. L'être humain est un animal social. Il a besoin du regard des autres et surtout du contact. On en a eu des coups de déprime. Moi, je suis d'une nature colleuse. J'aime mes amies, j'ai besoin de me blottir dans leurs bras, ça me suffit pour me rendre heureuse. Je ne suis pas lesbienne, je suis colleuse. C'est probablement dû à un manque d'affection dans mon enfance, mes parents étant décédés alors que j'avais 7 ans. J'ai été élevé par ma tante, mais côté affection ce n'était pas ça. Je ne me plains pas, elle m'a offert une belle enfance, des valeurs, des études. Mais les câlins, ce n'était pas son truc, d'où ma carence.

Le plus dur pour la plupart de mes amis.es. célibataires a bien évidemment le manque des partys, et le sexe... bien que quand il faut y aller, hein ! Mais les one night en ont pris un coup. Baiser avec un masque, ça me fait chier, alors ceinture. J'ai des amis en silicone à la maison qui couvrent un peu mes besoins, mais ils manquent cruellement de chaleur humaine.

Je ne vais pas jouer à la prude, j'ai des besoins comme tout le monde, mais avec 2020, j'ai découvert que l'autosatisfaction me suffisait la plupart du temps. Mais, pour en revenir au côté social de l'humain, il me manque la satisfaction de mesurer mon pouvoir sur le sexe faible, sur les hommes. J'ai conscience que mon physique plaît, attire l'œil. Le problème, je suis un peu une allumeuse, je l'admets. Je titille, je provoque, mais je ne m'offre pas comme ça. J'ai besoin d'être amoureuse pour coucher, ou au moins éprouver un minimum quelque chose pour mon partenaire. Je n'écarte pas les cuisses au premier venu, pour ça j'ai mes potes à la maison. Oui, je me sens désirée par les mâles, mais la réciproque n'est pas toujours là, et du haut de mes 24 ans, je peux l'admettre, je n'ai jamais connu un homme qui me fasse chavirer, je n'ai jamais été profondément amoureuse. L'amour ça se construit, se vit au quotidien, le sexe se consomme, tout simplement. Alors, oui, je couche parfois pour combler un besoin, mais l'amour, lui, m'échappe.

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant