Chapitre 7

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Gabriel


Je regarde la façade des bureaux de Newlivres, en accédant au parking. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Occupant un étage d'une petite tour à bureaux de cinq, le quartier est sympathique avec ses commerces de proximité. Au vu du catalogue j'imaginais une structure plus grosse.

Je suis assez confiant d'obtenir leur signature, après tout ils ne risquent quasiment rien, la structure ne changera pas vraiment, il y aura un léger remaniement du personnel, mais ça, c'est normal, ils s'y attendent. Probablement même que l'on en gardera la totalité, qui sait. Ce n'est que du business, on ne fait pas dans le social, nous sommes tous là pour faire de l'argent. J'arrive avant l'heure du rendez-vous afin de me rendre compte de l'état d'esprit de l'équipe en place, de repérer ceux qui se la coulent douce et les contestataires, afin d'avoir ma brochette d'employés à éjecter. Je reste étonné par l'ambiance de travail. Tout le monde est occupé. J'entends des chargés de projet discuter avec des auteurs, des agents expliquer la nécessité de retravailler le tapuscrit. Une véritable ruche. Pas de flanby dans l'équipe.

« Monsieur Duval ? » m'interroge une voix.

« Madame Bilson, bonjour », répondis-je en lui serrant la main.

« Vous êtes en avance.

— Oui, j'aime prendre le pouls de mes possibles partenaires d'affaires.

— Excellente stratégie. Cela vient de Sun Tzu*. Je vous en prie, suivez-moi en salle de réunion. Café, thé, eau, jus de fruits ? » décline-t-elle.

« Jus de fruits, ce sera très bien, merci.

— Marie », demande-t-elle en passant devant l'accueil, « un verre de jus de fruits pour Monsieur Duval, en salle de réunion. De l'eau pour moi. Merci Marie.

— J'aimerais voir vos graphistes si vous voulez bien, vous savez que les ventes de livres numériques se font en majeure partie par la couverture. Certaines de vos productions sont... sublimes.

— Je n'ai qu'une graphiste et, en effet, son travail est remarquable. Suivez-moi. »

Nous repassons dans l'open space, jusqu'au fond, dans un coin isolé, où une femme travaille sur une tablette graphique. Madame Bilson met un doigt sur sa bouche, m'intimant le silence, puis s'approche en silence tâchant de ne faire aucun bruit. J'observe l'écran, facilement un 40 pouces, sur lequel virevolte le curseur. De la main gauche, la jeune femme manipule une molette, de la main droite, le stylet glisse sur la tablette. Il ne faut que quelques instants pour que les traits apparaissent qu'un personnage masculin émerge. Les muscles sont affinés, la couleur de la peau ajustée, des tatouages créés. Le décor suit rapidement, des ruines émergent d'une jungle.

« Elle est rapide », murmurais-je à l'oreille de Madame Bilson.

« C'est la meilleure. Un diamant rare. Elle peint aussi », mentionne-t-elle en me montrant un chevalet.

« On dirait une photographie », dis-je en m'approchant.

« En effet. Un talent sous-exploité chez elle.

— Je vous entends, vous savez », déclare l'artiste en retirant le casque de ses oreilles.

« Monsieur Duval, ma graphiste », dit-elle en marquant bien sa propriété, sa fierté, « Camille Bélanger. Camille, je te présente Monsieur Duval, à propos de ce dont je t'ai parlé ce matin.

— Oh, bien sûr. Bonjour, Monsieur Duval », m'adresse la jeune femme en se levant en me tendant la main, un peu nerveusement.

« Je ne devrais pas dire ça avant d'entamer une négociation, mais votre travail est époustouflant », la complimentais-je, la faisant rougir. Je regarde la jeune femme blonde, la queue de cheval haute, ses yeux bleus légèrement maquillés derrière ses lunettes. Elle porte un tailleur strict, mais sa jupe laisse deviner des jambes magnifiques.

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant