Mon adorable Boss

Chapitre 13

Gabriel

L'annonce de la séance de signature pour la série de livres sur La vampire a fait exploser notre site internet, les commentaires remplissent nos boîtes courriel, des clients insistent pour que la graphiste soit présente, certains ne veulent venir que pour avoir un autographe de Camille Bélanger, le livre ne les intéresse quasiment pas. Je caresse l'idée de les faire participer, elle et sa muse. Il semble s'ouvrir une nouvelle opportunité pour la compagnie, il faut profiter du buzz tant qu'il est là. Une vidéo en ligne montrant Camille en train de concevoir une maquette, en temps réel, voir un atelier pour les jeunes, je sais qu'elle aimerait ça. Je mets tout sur papier avant de contacter son agent, sa protectrice, Amelia Bilson, pour lui en parler, voir les possibilités et son intérêt, avant de la contacter directement. Sans surprise, l'idée de l'atelier l'emballe et elle est certaine que Camille sera enthousiaste à cette idée. Quant à la séance de signature, elle craint que cela ne fasse de l'ombre à l'auteur. Il faut envisager un événement où les deux seront associés, comme vendre le livre sous deux formats. Un « normal » et un autre avec une image type carte postale autographiée incluse dans le livre. Le coût de production ne serait pas plus élevé, mais les ventes plus intéressantes.

Je trouve la suggestion excellente et je raccroche en la remerciant.

« Bonjour, Madame Bélanger, c'est Gabriel Duval. Puis-je vous déranger quelques minutes ?

— Bien sûr. Amelia vient de me parler de votre projet d'atelier avec des enfants et des ados, j'adorerais le faire en effet. Avec la vidéo en ligne, ce serait génial.

— Merci Madame Bélanger. Aussi, concernant la séance de signature dans deux semaines, êtes-vous disponible ?

— Pourquoi ?

— Nous avons une... très forte affluence sur nos réseaux sociaux depuis l'annonce. Un public semble s'être créé autour de vos illustrations, et veut vous rencontrer.

— Que voulez-vous dire ?

— Ce public nous demande votre présence à la séance de signature, ils veulent des posters autographiés. Nous allons créer un tirage limité de la série de La vampire, avec une illustration à l'intérieur.

— Un genre de collector. Je vois.

— Bien entendu les frais de déplacement, d'hébergement et autres sont à nos frais. Vous venez, vous rencontrez votre public, et voilà.

— Mais, enfin je veux dire, et ma fille ? C'est la rentrée scolaire, sa première rentrée.

— Vous serez revenue à temps, emmenez-la avec vous, si elle peut se déplacer. Dormir à l'hôtel, voir un autre environnement ça peut l'amuser, voire lui faire du bien.

— Ou trop l'exciter et fragiliser son état. Amelia », l'entends-je murmurer, camouflant mal son combiné.

« Vous m'excusez un instant ? » demande-t-elle sans attendre de réponse, me mettant en attente. J'écoute la musique d'ascenseur, en attendant qu'elle prenne conseil auprès d'Amelia Bilson comme je le devine.

« D'accord », dit-elle de but en blanc, en reprenant la ligne.

« Excellent. Merci Madame Bélanger. Concernant l'atelier, je réfléchis à la formule et vous reviens avec une proposition sous peu. »

Aussitôt raccroché, je contacte mon imprimeur pour un montage en urgence, vérifiant ses disponibilités pour un tirage limité. Il m'assure que si je lui fournis les images dans les deux heures qui suivent, il pourra me sortir cinq cents exemplaires et les livrer à temps. Je raccroche, lui promettant de lui envoyer les images dans le format voulu dans les minutes qui suivent. Tout en lui parlant, je fais défiler les différentes maquettes dessinées par Camille. J'en choisis trois différentes et les expédies, une pour chaque tome. Les tomes suivants n'étant pas encore publiés, j'ai le temps de revoir ma stratégie. Je visualise déjà un coffret. Les livres ne sont pas exceptionnels, mais l'engouement autour du graphisme va en booster les ventes.

Une fois mon courriel envoyé, je planche sur l'idée de l'atelier, cherchant un endroit où le réaliser. Je prends conscience qu'il va falloir que je trouve un nouveau local pour l'équipe du numérique, moins décentralisé, et créer un espace spécial pour le graphisme, avec un coin atelier, voire de cours. Je décide aussi de proposer à Camille d'assister les graphistes en place pour améliorer leurs compétences et de calquer leur style de dessin sur le sien. Sinon, l'atelier pourrait servir de tremplin pour la relève. Aussi, voir avec l'auteur pour qu'ils travaillent ensemble sur l'adaptation de la trilogie en bande dessinée. La valeur de Camille se révèle et il faut que j'envisage de l'augmenter et je décide dès à présent de la promouvoir au titre de Directrice Artistique. J'en informe les ressources humaines et la comptabilité, augmentation du salaire avec effet immédiat, et pourcentage sur les ventes. Son travail mérite un geste, surtout en attirant l'œil sur la compagnie. Si je ne veux pas qu'elle se fasse démarcher, je dois anticiper.

Une fois la paperasse confirmée, je rédige une note de service et j'appelle Amelia Bilson pour l'informer des décisions. Si elle semble naturellement heureuse pour l'annonce de la promotion, le fait de devoir déménager la chagrine et je la comprends, c'est son entreprise, elle l'a monté de ses propres mains, mais elle conçoit que l'apport de Camille pour la compagnie nécessite des ajustements. Pour la remercier, je lui délègue le projet de l'atelier, étant la plus proche de Camille, elle saura comment l'organiser et le gérer. Cynthia, la chargée de projets est enthousiaste à l'idée de l'édition limitée et de la double séance de signature, elle en informe l'auteur puis se met à la recherche d'une actrice pour personnifier La Vampire ainsi que de lui trouver des costumes.

Cinq jours plus tard, je reçois des photographies de jeunes femmes dans des costumes similaires à ceux créés par Camille et j'en choisis une qui correspond un peu. J'hésite avant de prendre le téléphone.

« Madame Bélanger ? Gabriel Duval.

— Bonjour, Monsieur, en quoi puis-je vous aider ?

— Je viens de recevoir des photos pour la jeune femme qui va personnifier La Vampire pendant la séance de signature, et je ne suis pas convaincu.

— Pourquoi ?

— Et bien... le modèle original est parfait. Pensez-vous qu'elle voudrait le faire ? Je veux dire, votre conjointe. Si elle est disponible avec son travail. Ce n'est que pour deux jours. Bon, évidemment, si c'est un succès, nous devrons le refaire pour le Salon du livre.

— Vous voulez que ma conjointe fasse La Vampire ? En costume et maquillage ?

— En effet. C'est payé, bien évidemment. Imaginez-le comme un week-end en famille à l'hôtel, tous frais payés.

— Eh bien, je vais lui demander ce soir et je vous tiens informé.

— Camille », dis-je en l'appelant par son prénom.

« Euh, oui ?

— Amelia Bilson va vous appeler dans quelques instants, et vous recevrez une note de service dans quelques minutes aussi. Je préfère toutefois vous l'annoncer moi-même. Avec effet immédiat, vous êtes notre nouvelle Directrice Artistique. Vous en aurez les modalités par Amelia et par les Ressources Humaines qui vous feront parvenir votre nouveau contrat. Le salaire bien évidemment suit. J'ai des projets et des attentes, Camille, sans toutefois vous pousser dans les extrêmes. Nous aurons à discuter de votre vision du poste.

« Merci, Monsieur Duval », l'entends-je, l'émotion dans la voix.

« C'est mérité. Vous êtes en train de transformer l'image de marque de la compagnie, il est normal que vous en ayez un juste retour. Je comprends mieux Amelia maintenant », dis-je en raccrochant, la laissant probablement sur des interrogations.

Je me retourne dans mon fauteuil, regardant la ville à travers la baie vitrée. Le lancement du magazine aura lieu dans deux mois, les textes sont en correction, il reste quelques ajustements à faire. Certains textes sont prometteurs et les chargés de projet sont en train de choyer nos futurs auteurs. Je ressens une douleur dans la poitrine et rapidement je prends un médicament, avant de fermer les yeux un instant.

Camille...

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Myka