Chapitre 26

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Camille


Cela m'a pris soudainement, en le voyant allongé dans ce lit d'hôpital. Je ne voulais pas qu'il meure sans que Mila sache qui il est pour elle. Et qu'elle sache que c'est de sa faute si elle souffre. Je m'en veux pour Justine. Elle n'a rien demandé et se retrouve mise devant une nouvelle réalité. Elle ne verra plus jamais Mila de la même façon. Les gènes et la maladie de son mari sont en Mila.

Nous sommes assises à la cafétéria afin que Mila mange un peu. Je la regarde l'observer tout en sachant qu'elle cherche des traits de Gabriel.

« Tu vas bien Justine ? Je suis désolée, vraiment.

— Je devrais t'en vouloir, au moins un peu, mais je vois bien que tu n'as pas cherché à profiter de lui, de nous. Tu es une bosseuse et tu te dévoues complètement à ta fille. Je ne sais vraiment pas comment réagir. Il y a un peu de lui en elle, notamment sa maladie. Pauvre petite Mila.

— Je suis là pour toi, tu sais. Je suis ton amie.

— Et je suis là pour toi, pour elle. Quand ce sera... enfin, il vivra à travers elle.

— J'ai prévenu Gabriel que je ne veux rien. Juste de continuer à travailler, avec toi.

— Ce n'est pas à nous de décider. Je le connais, il aura pris des dispositions. Mais, oui, nous continuerons de travailler ensemble. J'aurais probablement besoin de ton soutien Camille, je ne pense pas y arriver seule.

— Tu es une tata de Mila, tu fais partie de ma famille Justine. Je suis là pour toi, comme Carrie et mes sœurs le seront. Mila a besoin de toi, elle t'adore en tant que Justine, pas en tant que femme de son papa. Si tu as besoin, à n'importe quel moment, ma porte t'est toujours ouverte. Ce n'est pas grand, mais c'est chaleureux.

— Merci pour l'invitation.

— De toute façon, il est hors de question que je te laisse seule maintenant. Nous allons aller chez toi, prendre quelques affaires et tu viens à la maison. Mila, mon ange, tu vas dormir avec maman et prêter ta chambre à Justine, d'accord ?

— Tata Justine dort à la maison ? Chouette ! » sautille-t-elle.

« Doucement Mila, doucement avec ton cœur. J'espère que tu aimes les licornes, sa chambre c'en est le royaume.

— Merci.

— C'est normal. Tu ne vas pas rester chez toi ce soir, pas comme ça, seule, à imaginer le pire. Ah, attends, c'est Carrie. Non, reste, tu fais partie de la famille. Salut mon cœur, oui, à l'Hôtel-Dieu. Non, ça va, mais tu connais, tu l'as souvent vu avec Mila. Oui, la sueur, les spasmes aussi, non il faisait semblant, mais je le voyais. Oui. Oui, je lui ai dit. Non, elle l'a bien pris, surprise d'avoir un papa plutôt. Je sais, oui. Ce sera plus dur après. Je n'avais pas le choix Carrie, de le voir dans ce lit d'hôpital, branché de partout. Eh oui. Tu te vois lui avouer dans quelques semaines, mois ou années ? Elle ne nous l'aurait jamais pardonné. Je sais que j'ai raison. Bien sûr. À côté de moi. Je t'ai devancé. Tu m'as devancé alors, mais laisses-en une, sa préférée, elle va vouloir lui prêter de toute façon, tu l'as connais. Je t'aime aussi. À tout à l'heure. Bien », dis-je en souriant à Justine, « Carrie est mitigée au sujet d'avoir présenté Mila à Gabriel. Elle se préoccupe beaucoup de la santé de Mila, depuis que j'étais enceinte. Elle est beaucoup plus la maman que moi, moi je l'ai pondu », dis-je la faisant sourire. « Elle a déjà débarrassé la chambre de Mila des licornes et fait de la place, tu peux rester avec nous aussi longtemps que tu en as besoin, si ça ne te dérange pas une colocation avec deux filles et demie un peu étranges. Attends-toi à ce que Mila te prête une licorne, elle est magique, pour elle, c'est celle qui emporte sa tristesse et ses bobos. Elle est déjà sur ta table de chevet. Ne la rejette pas quand elle viendra te voir, c'est important pour elle. Je dois te prévenir d'une seule chose, elle peut venir te parler sérieusement, comme une adulte, et te dire de ne pas t'en faire. Elle est consciente de son espérance de vie, elle est dans les hôpitaux depuis sa naissance. Donc il se peut qu'elle veuille te rassurer au sujet de sa mort prochaine, mais qu'il faudra aller de l'avant.

« Pauvre petite. Elle ne devrait pas avoir à vivre ça, elle ne devrait penser qu'à jouer, à s'amuser, pas à rassurer des adultes, c'est notre boulot de la rassurer.

— C'est ma fille... notre fille, Justine. Elle est un peu à toi, à travers Gabriel.

— C'est gentil. »

Je lui tends la main, attendant qu'elle me la serre.

« Bienvenue dans ma famille. Tu ne sais pas encore tout, mais tu l'apprendras bien assez tôt, Carrie s'épanchera sans fin sur ma vie. Parle-moi, je serais là. Je, nous vivons avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes depuis la naissance de Mila, aussi si quelqu'un est à même d'être là pour toi c'est Carrie et moi. Nous savons tout de cette maladie.

— Merci. Par contre, j'ai l'habitude de me balader dans mon appartement en pyjama ou peu vêtue, j'espère que ça ne vous dérange pas ?

— Tu as gardé le sens de l'humour, c'est bien.

— Je suis sérieuse.

— Honnêtement. Si tu es capable de survivre à une vampire et un bébé licorne, que tu te balades en shorty et en crop-top est le cadet de mes soucis. Nos soirées pyjama sont exceptionnelles. »

Une fois Mila attachée, Justine m'indique la route. Je m'aperçois au bout d'un moment que nous n'habitons pas du tout le même quartier. Quand je me gare, je suis déjà gênée de l'avoir invitée dans mon appartement. Quand elle m'ouvre la porte, j'ai l'impression d'être dans un musée. J'attrape Mila au vol et la prends dans mes bras alors qu'elle partait voir un vase plus haut qu'elle.

« Ça va Camille », me demande-t-elle, soucieuse.

« Je me sens conne de t'avoir invitée, mon appartement va te sembler bien... pauvre.

— Je suis sûre que non. Ton appartement doit être chaleureux, un foyer où respire l'amour. Même s'il est deux fois plus petit que le mien. »

Trois, au moins. En fait, je crois que mon appartement tient sur son balcon ! La vache. Des photos. Je dois faire des photos, Carrie ne me croira jamais.

Finalement, je fais un appel visio.

« Carrie, regarde !

— T'es où ? Tu as emmené Mila dans un musée ?

— Non, c'est chez Gabriel.

— La vache. Il s'emmerde pas. Oh ! Attends, reviens en arrière, le mur à gauche. Oui, approche-toi !

— Ohhhhh.

— Oui, Ohhhhh. T'as vu ? Il est vachement beau.

— Il vous plaît ?

— Il est magnifique. Le noir, le pourpre, ce visage sous la pluie, les lèvres rouges qui ressortent c'est tellement... C'est toi ! » s'emporte Carrie. « Camille, regarde. C'est Justine. »

Je l'ai sous les yeux et je ne la vois pas. Je vois simplement tout ce que Carrie aime.

« Regarde Camille. Enlève les fleurs pourpres, le voile qui couvre la moitié du visage. La forme du menton, le nez. C'est...

— C'est bien moi.

— TU. ES. SPLENDIDE ! » crie Carrie.

« J'avais posé pour une couverture pour Gabriel au début de notre relation, mais il a préféré garder la couverture. Ça te plaît, Carrie ? Tiens, aide-moi Camille, on l'emporte.

— Mais non, c'est à toi. C'est toi.

— Camille, ne me contrarie pas », sourit-elle. « On l'emmène, je veux l'offrir à Carrie.

— Ne contrarie pas Justine, Camille.

— Oh toi, tant que tu as ce que tu veux.

— Ne vous fâchez pas. Cette image est tout ce qu'aime Carrie. Autant lui faire plaisir.

— Bon », cédais-je. « Mais rien d'autre. Mila, tu restes à côté de moi, tu ne touches à rien.

— C'est la maison de papa ?

— Oui.

— C'est... grand. »

Ouf ! Au moins elle n'a pas dit, beau, propre, ou mieux que chez maman.

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Myka

Mon adorable BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant