Chapitre 27

621 43 85
                                    

1er jour

Il a ouvert les yeux, et une lumière blanchâtre l'a obligé à les refermer. Au début, il voyait flou, durant quelques secondes. Et puis, à mesure que ses sens se réveillaient, sa vue s'est éclaircie, et il a pu voir ce qui se passait autour de lui.

Il est allongé sur un brancard, calé dans un coin du couloir. Dans ce même couloir, les infirmiers et infirmières courent sans s'arrêter. On fait passer des lits, on crie, on appelle des renforts pour tel ou tel patient. Aucun d'entre eux ne lui portent la moindre attention, bien trop occupé à sauver la vie de patients bien plus atteints que lui.

— Eh, comment tu vas ?

Il tourne la tête vers la voix juste à côté de lui. Assise à sa gauche, Fuyumi essaye de lui adresser un sourire sincère. Mais Shoto ne semble pas comprendre ce qui se passe. Ses yeux se baladent partout, apeurés, déboussolés. Il ne se souvient pas être arrivé ici. C'est le trou noir.

— Qu'est-ce que...

Il porte sa main à sa tête et, sous ses doigts, il sent la rugosité d'un bandage.

— Tu as perdu connaissance à Shibuya, énonce-t-elle. Tu avais une commotion cérébrale, suffisamment importante pour te faire perdre connaissance.

Il ne se souvient pas s'être cogné la tête. Il a l'impression que sa sœur ne lui dit pas toute la vérité.

— Mais... comment je ?...

— Il y a des chances que ce soit pendant le premier tremblement de terre. Tu avais perdu connaissance n'est-ce pas ?

— Oui... je crois...

— Et tu n'as pas arrêté de t'agiter pour sauver les rescapés, alors te voici ici.

À mesure que sa sœur lui explique les faits, ses souvenirs reviennent. Après réflexion, il est probable qu'il ait été commotionné à ce moment.

— Comment tu sais tout ça ?

— C'est papa qui me l'a dit. Il m'a demandé de te rejoindre à l'hôpital.

Il jette à nouveau un regard autour de lui. Il voit plusieurs infirmières se démener pour faire passer un lit entre tous les brancards laissés dans ce couloir. Sur ce lit, une femme, le visage ensanglanté, inconsciente.

Et puis, soudain, tout lui revient en mémoire. Et aussitôt, tout l'oxygène quitte son corps.

Sa main vient se poser sur l'épaule de sa sœur tandis que tout son corps est pris d'un spasme incontrôlable. Il bascule en avant, et si sa sœur n'avait pas été là, alors il serait tombé sur le sol.

— I... Izuku il...

Il n'arrive pas à formuler ces mots. Il ne peut pas y croire, il ne veut pas y croire. À nouveau, le voilà projeté dans l'enfer qu'il a cherché à échapper tout à l'heure. Izuku ne reviendra plus.

— Non Shoto écoute-moi...

— Il... il est... Izuku...

— Il est vivant, ok ? Vivant.

— Izuku... il est... il est...

— Shoto, écoute-moi je t'en prie.

Elle attrape son visage entre ses mains, le forçant à la regarder droit dans les yeux. Tout son corps tremble, il est sur le point de s'effondrer.

— Il n'est pas mort, il est toujours en vie.

Les yeux vairons de son frère s'écarquillent tandis qu'il écoute sa sœur répéter encore et encore les mêmes mots.

Ce qu'il reste (Tododeku) (Kiribaku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant