Chapitre 19

541 50 130
                                    

Au début, il n'entend rien. Il n'y a que le silence, un silence lourd et puissant. Et puis, petit à petit, de petits bruits parviennent à se frayer un passage à travers l'épaisseur du silence. Au début, les bruits sont diffus, il les entend à peine. Et puis, à mesure que les secondes défilent, il peut enfin les entendre.

Un bip, régulier, agaçant même. Il est juste à côté de lui, non loin de son oreille. Ses paupières ne s'ouvrent pas mais elles bougent, signe de son malaise. Ce bip commence à faire naître une migraine qui frappe dans son crâne au même rythme que ce son bruyant.

Il reste un moment comme ça, incapable de bouger. Il ne sent pas ses bras, ni ses jambes. Tout ce qu'il sent, c'est la lourdeur de son corps sur le matelas. Un corps tellement lourd qu'il ne peut pas le bouger. Il lui faut tous les efforts du monde pour parvenir à bouger la tête. En même temps qu'il tourne la tête, il entend un grognement sortir de sa gorge. C'est dur, le moindre mouvement est dur.

- Papa ?

Il a reconnu cette voix. Mais il ne peut pas parler, il n'y arrive pas. Il ne parvient même pas à formuler la moindre parole cohérente dans sa tête. Alors parler de vive voix, c'est peine perdue.

- Eh, tu m'entends ?

Oui, il l'entend parfaitement. Il faut qu'il ouvre les yeux, qu'il émerge enfin dans le monde des vivants.

Les secondes défilent et s'étirent. Ses paupières se contentent de bouger sans s'ouvrir. Puis, dans une énième tentative, il parvient enfin à soulever ces rideaux qui couvrent ses yeux.

La lumière est si crue qu'elle vient renforcer cette migraine qui s'est installée dans son crâne. Il ne voit rien qu'une lumière blanche, incapable de discerner les formes.

- Ne bouge pas je vais chercher quelqu'un.

Il voit une forme passer devant ses yeux. Juste après, il l'a entendue enclencher la porte avant de la laisser se refermer. Désormais, il n'y a plus que lui et ce bip insupportable qui continue de résonner à côté de lui.

La lumière blanche se dissipe peu à peu, ce qui lui permet de voir où il se trouve. Une pièce blanche, des draps immaculés, il est à l'hôpital.

Soudain, la porte se rouvre. Aussitôt, il aperçoit un homme dans son champ de vision. Un médecin, s'il se fie à sa blouse blanche.

Avant qu'il n'ait le temps de s'apercevoir de quoi que ce soit, une lumière vive vient lui brûler les rétines. Il n'a pas vu le médecin se munir de la petite lampe qu'il gardait dans sa poche. Il s'entend grogner sous la douleur qui provoque ce geste tandis que ses yeux se ferment par réflexe.

- Ok, ses pupilles sont réactives. Monsieur Todoroki, vous m'entendez ?

Oui, il l'entend parfaitement, et il parle beaucoup trop fort.

- Oui... je vous entends.

Sa voix n'est qu'un léger filet. Il espère de tout coeur que ce médecin a réussi à l'entendre. Il n'aurait pas la forme de prononcer la moindre parole de plus.

- Vous êtes à l'hôpital de Tokyo dans le service de réanimation. On va très bientôt vous amener dans votre chambre.

Soit, maintenant parle moins fort.

Mais aucun son ne sort de sa bouche. Ses paroles sont restées coincées au fond de sa gorge, incapables de sortir. Et puis, à mesure que les secondes défilent, il se sent à nouveau partir. En quelques minutes, le voilà à nouveau plongé dans un profond sommeil.

***

Le semaine qui a suivi son réveil fut certainement la plus étrange qu'il ait vécu. Chaque jour, il se réveillait le temps de quelques minutes avant de se rendormir, et ce plusieurs fois par jour. Parfois, il avait le temps d'apercevoir les différentes personnes présentes dans sa chambre. Un jour, il vit sa fille, puis les médecins, suivis par son fils, et puis plus personne. Son corps était si lourd, il n'avait pas la force nécessaire pour réussir à lutter contre la fatigue qui le possédait.

Ce qu'il reste (Tododeku) (Kiribaku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant