Chapitre 3

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Ce soir-là, et comme beaucoup d'autres soirs, certains élèves ne sont pas parvenus à trouver le sommeil. De temps à autre, une angoisse sourde vient faire cogiter les esprits. Ils tournent dans leur lit, encore et encore, puis finissent par renoncer à l'idée de s'endormir. Mais ce soir-là, certains ont fait le choix de quitter leur chambre.

Ochako a été la première. Le sommeil est devenu une véritable épreuve ces derniers temps, et même les médicaments que lui avaient confiés ses parents n'y changeaient rien. Arrivée dans la salle commune, elle s'est assise sur le canapé, enveloppée par le noir du soir. Assise là, elle s'est mise à penser, à laisser son esprit vagabonder dans ses souvenirs, dans l'espoir d'y trouver un peu de repos et de réconfort. Elle a ramené ses jambes contre sa poitrine, puis elle est restée comme ça. Elle n'a relevé la tête qu'une bonne demie-heure après, lorsqu'elle a entendu des bruits de pas.

— Oh, tu es là aussi, fait une voix surprise.

— Désolée, je ne voulais pas te faire peur.

— Je n'ai pas eu peur t'inquiète. J'étais juste... surpris.

En face d'elle se tient Eijiro, les cheveux tombants, la mine déconfite. Lui aussi n'arrive pas à dormir, il n'y a pas besoin d'être devin pour le comprendre.

D'un pas chancelant, il allume la lumière de la cuisine, illuminant le noir d'une lueur tamisée. Puis, il vient s'assoir en face d'Ochako, sans rien dire.

— Le sommeil t'a fait faux-bond à toi aussi ? demande t-elle tout en connaissant très bien la réponse.

— Ouais... j'ai un peu de mal ces derniers temps, avoue t-il.

La brune l'avait remarqué. Mais c'est aussi le cas pour beaucoup d'entres eux. Les cernes, la fatigue, les mines déconfites, la mauvaise humeur, toute la classe semble en être victime. Chez certains d'entre eux, ces symptômes sont plus ou moins flagrants, Eijiro en fait partie.

— On a tous du mal, répond-elle le regard perdu dans le vide.

Le rouge acquiesce en silence. Ouais, tout le monde se coltine une tronche de trois mètre de long, mais personne ne fait de remarque, tout le monde est au courant de toute façon.

— Tu as remarqué comme le temps est... bizarre ces temps-ci ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ? l'interroge t-elle.

— Eh bien... je sais pas trop. J'ai juste l'impression que le temps s'est comme... arrêté.

Ochako comprend cette sensation. Il est vrai que les jours se ressemblent et se répètent. D'une certaine manière, le temps s'est comme figé.

— J'ai un peu la même impression.

Puis ils ne diront rien de plus. Le silence règnera, jusqu'à ce qu'une autre personne ne se montre à son tour dans la pièce de vie.

Une mine atroce, des cernes énormes qui creusent le dessous de ses yeux, Tenya semble être encore perdu dans ses songes. Sans leur jeter le moindre regard, il se dirige vers la cuisine pour se servir un verre d'eau qu'il vide d'une traite. À bien y regarder, la brune remarque à quel point son dos est crispé, que ses bras tremblent et que son souffle est erratique.

— Iida... tout va bien, se hasarde t-elle ?

— Ou... ouais, ça va.

Elle échange un rapide regard avec le rouge, et ils se lèvent tous les deux pour le rejoindre dans la cuisine. En s'approchant, ils remarquent tous les deux à quel point son visage est crispé.
Si Izuku était un modèle pour beaucoup dans la classe 1A, Tenya représentait une certaine force physique et mentale, quelqu'un sur qui on peut compter, sur qui on peut s'appuyer. Le voir si mal, au bord du gouffre, fini de leur fendre le coeur.

Ce qu'il reste (Tododeku) (Kiribaku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant