Chapitre 15

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‹ Alexander ›

Cela fait trois jours que je ne peux me séparer de Magnus. Nous avons bien eu quelques frousses d'être découverts par d'autres domestiques, mais je suis incapable de le voir sans l'attirer dans un coin ou derrière une colonne. Lui soutirer un baiser passionné ici et là est devenu mon passe-temps favori. Je sais que notre promiscuité ne pourra pas durer indéfiniment, mais en attendant, je le garde auprès de moi toutes les nuits. Il proteste parfois, mais je finis toujours par avoir le dernier mot. J'ai compris que, dès que je le touche, il ne trouve plus d'arguments et j'en profite plus que je ne devrais.

Cette fois-ci, je suis à ma lecture alors que j'ai manœuvré pour qu'il s'étende sur mes genoux. Sa tête lourde m'indique qu'il s'est endormi, son front tout contre mon ventre. Je passe amoureusement mes doigts dans ses cheveux tout en lisant un passage qui me paraît intéressant. Je suis dans ma petite bulle de bonheur quand un ouragan débarque dans mes appartements. Aussitôt je me lève pour mettre une distance correcte entre mon valet et moi, mais c'est sans compter sur ma sœur qui m'invective presque sans relever le fait que Magnus grogne en essayant de comprendre pourquoi il a perdu son coussin.

— Bien voilà ! C'est exactement pour cette raison que le prince Simon me harcèle depuis trois jours.

— S'il est désobligeant avec toi, je vais de ce pas lui remettre les idées en ordre, m'exprimé-je sans hésitation.

— NON ! Il est même plutôt charmant. Ce n'est pas du tout ce dont je veux parler.

Elle s'assoit en soulevant les jambes de mon amant qui sort de son sommeil, toujours hébété. Je suis coupable de son manque de sommeil étant donné que je le tiens éveillé presque toute la nuit. Je peux me reposer au matin, mais il ne lui est pas possible d'en faire autant. J'ai donc pris l'habitude de le faire quérir au moment de ma lecture afin qu'il se repose un peu.

— Bonjour Magnus ! Je comprends pourquoi je ne te vois plus, s'amuse Izzy en détournant la conversation.

— Isabelle, salue-t-il en se redressant.

— Si tu es venue pour te payer notre tête, tu peux aller rejoindre le prince Simon.

— En fait, je me demande pourquoi Son Altesse veut que j'apprenne à Clarissa comment sont faits les bébés. J'aurais compris s'il avait demandé à sa belle-mère, à maman ou même aux dames de compagnie de la princesse, mais il semble tenir à ce que ce soit moi.

Magnus et moi nous regardons en rougissant. Peut-être que Clarissa a parlé du faux poignard au prince et que, lui, il a bien compris ce que c'était. Je me demande comment cette conversation s'est déroulée. La princesse était-elle accompagnée de Jace ? Je retiens difficilement mon rire, mais quand je croise à nouveau les yeux de chat de mon amant, je m'esclaffe et il me suit sans retenue dans notre délire.

— Simon m'a dit que Clarissa croit que tu as un poignard attaché à la cuisse pendant la nuit.

— C'est ce qu'on lui a fait croire. Enfin, ce que Jace lui a fait croire.

— Faites attention, quand je suis arrivée devant ta porte, Madame Rouse tendait une oreille indiscrète. J'ai aussi entendu papa et maman en parler. Je crois qu'ils ont décidé de te laisser ta liberté, le temps que tu te maries. Mère n'a pas apprécié la position de Père, mais cette fois, il n'a pas capitulé.

— Papa m'a défendu ? m'informé-je de peur d'avoir mal compris.

— Ce n'est pas comme s'il disait que tu pouvais annuler le mariage, mais bien un simple arrangement temporaire...

— Et maman ?

— Même si elle déteste Magnus, elle consent que ce n'est pas loyal de te forcer à épouser Clarissa. Donc... Profitez bien, les tourtereaux.

Le secret de Lenora (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant