Chapitre 42

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‹ Magnus ›

Comme me l'a ordonné la reine, je ne quitte pas les appartements d'Alexander de la journée, pour que personne ne sache ce qui s'est passé tant qu'elle n'aura pas décidé quoi faire de cette « menace ». J'ai conscience de ce qu'elle pense de moi, au-delà du fait que je suis moi-même une menace dont elle n'a pas encore réussi à se débarrasser. Elle pense certainement que je me plierai à sa volonté, qu'elle saura nous faire partir, ce bébé et moi, en prétextant que nous sommes des démons, puisque c'est ce que lui a dit la Reine Noire. Et si j'ai pu la laisser croire que j'obéirai, c'était avant de savoir ce que pensait mon prince, mon époux, de cet enfant.

Voir ce sourire magnifique qui n'a pas quitté son visage depuis que je lui ai expliqué ce que j'ai fait me rend heureux à un point que je ne saurais même pas décrire. Et il n'a pas plus quitté ses quartiers que nous, malgré que sa mère l'a convoqué à deux reprises. Nous sommes restés là, installés dans le canapé, à discuter et à regarder la plus belle chose au monde qui dormait dans nos bras.

Pour que personne ne vienne dans la chambre, je me suis même attelé à faire apparaître nos repas, ainsi que ceux du bébé. À tour de rôle, nous lui avons donné du lait dans un biberon avant qu'il ne referme ses yeux incroyables. Tout aussi incroyables que le fait que je les adore alors que j'ai passé tellement d'années à détester les miens.

Après avoir soupé, nous décidons d'aller nous coucher à la lumière d'une unique chandelle. Je ne peux m'empêcher de caresser la joue ronde et tiède du bébé.

— Il est si petit, murmure Alexander en déposant un baiser sur son front.

— Oui, il est comme un nouveau-né. Petit et fragile. Sans défense.

— Ne t'inquiète pas de ma mère. Je ne la laisserai pas lui faire du mal.

— Moi non plus.

Je me suis rarement senti aussi prêt à me battre pour protéger quelqu'un. Évidemment, je ferais tout pour Alexander et je me suis déjà battu pour le protéger mais c'est différent. Alexander est fort et c'est un guerrier. En revanche, ce bébé n'a que nous pour assurer son bien-être et je sens, au fond de mes entrailles, que je pourrais certainement tuer quiconque essaierait de le blesser.

— C'est rare de te voir lui tenir tête, remarque mon époux.

— Désolé, je n'aurais pas dû...

— Non, ne t'excuse pas, me coupe-t-il. C'est une bonne chose que tu le fasses. Comme je te l'ai dit, je ne veux plus qu'ils te traitent comme ils l'ont fait auparavant, ma mère autant que les autres. Montre-lui que tu n'es pas si docile qu'elle le pense. Défends notre enfant avec moi et défends notre union.

C'est tellement bon de l'entendre dire « notre enfant ». Je souris et hoche la tête, je ne devrais pas m'inquiéter, en effet. Je ne suis pas seul, après tout, je ne le suis plus.

Alors que nous discutons, je vois mon prince lutter de plus en plus difficilement contre le sommeil, j'éteins alors la chandelle et embrasse mon époux. Je ne tarde pas non plus à m'endormir, la journée a été longue et riche en émotions. Encore que, comparée à ces derniers jours depuis que j'ai reçu la magie de mes ancêtres, c'est le plus normal.

Dans mon sommeil, je finis par me retrouver une nouvelle fois dans la clairière, auprès de l'Arbre. Malheureusement, j'ai à peine le temps d'apercevoir Natë que je suis sorti de ma torpeur par les pleurs du bébé. Dans le noir, je le prends dans mes bras et me lève du lit alors qu'Alexander s'éveille un peu.

— Rendors-toi mon amour, soufflé-je. Je m'en occupe.

Quelques étincelles volètent furtivement jusqu'à lui et il se rallonge. Je file dans le petit salon et m'assois sur le canapé pour donner à manger au bout de chou qui ne veut pas se calmer. Je profite même de ma magie pour changer son lange. C'est fort pratique parce que je n'ai évidemment jamais appris à faire cela de mes mains et je doute que ce soit différent pour Alexander.

Le secret de Lenora (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant