‹ Alexander ›Magnus n'a pas oublié. Lorsque je prends un bain, il me fait toujours un massage aux épaules. Je ne l'y ai jamais invité de peur qu'un autre serviteur nous surprenne, mais aujourd'hui, l'eau est si parfaite que c'est un peu comme s'il le partageait enfin avec moi. Il a un don pour délier mes muscles. Ce n'est peut-être que dans ma tête, cette sensation de bien-être qui accompagne chaque mouvement qu'il exécute à la base de mon cou, je n'en sais rien. La seule vérité est qu'il me touche doucement et qu'il a commencé à descendre ses mains dans mon dos à l'agonie. Après deux ans de rochers inconfortables ou de branches trop souvent épineuses comme lit de fortune, je suis en pâmoison. Je sens ses doigts m'électrifier. Il n'a pas l'air de s'en rendre compte, mais cela n'a aucune importance puisque la chaleur qu'il produit m'incite à me relaxer. Je fonds littéralement entre ses bras et je ne peux m'empêcher de gémir tellement cette sensation m'est bénéfique.
Ai-je exagéré ma lamentation ? Totalement ! Il rit tout contre moi, fier de me faire un tel effet.
— Je te le dis encore, tu as des mains de dieu, lui glissé-je à l'oreille.
Seulement, il ne rit pas quand je lui en parle.
— Tu sais que je n'aime pas quand tu me dis ce genre de chose. C'est un sacrilège de me comparer à lui.
— Désolé, rigolé-je tout bas. Je vais m'en tenir à Eriel puisque tu n'as pas l'air de croire qu'il a réellement existé.
— Ce n'est qu'une légende pour apeurer les jeunes enfants. Eriel n'a jamais existé. Si cela peut te faire plaisir, j'accepte cette comparaison. Après tout, je fais peur autant aux enfants qu'aux adultes. Tu devrais plutôt parler de moi en ce sens.
— Eriel n'est pas une légende, un jour je te le prouverai. Je n'ai juste pas encore trouvé le livre qui va confirmer mon idée. C'est vrai que l'histoire de ma nounou avait pour but que je reste sage, mais j'ai la certitude que ces êtres ont bien foulé la terre. Notre prêtresse ne peut pas avoir inventé tout ça. Eriel a bel et bien existé.
— Oui, oui, c'est ça mon beau prince.
— Tu es la réincarnation d'Eriel, lui soufflé-je de ma voix la plus câline.
Nul besoin de le voir pour savoir qu'il a roulé des yeux avec son sourire si adorable qui l'habite quand je le gêne par tant de compliments. Il se décale un peu, cherchant à reprendre contenance, mais c'est à ce moment que tout bascule. Sa hampe se frotte à mon postérieur qui le sentait déjà tout près, palpitant au moindre effleurement. Je n'en peux plus. Depuis des années que je le regarde ou le touche chastement, enfin je le touche, oui, mais sans que l'on se soit rendus jusqu'au bout. Je le respecte vraiment, mais il m'a tellement manqué que j'ai des pensées indécentes qui m'assaillent. Étant au-dessus de Magnus, il est celui qui pourrait me pénétrer, mais il ne le fera pas. Sauf que mon corps le réclame de tout mon être. Je me frotte tout contre lui et l'entend gronder de désir.
Aurais-je enfin réussi à le séduire ? C'est à ce moment qu'il me repousse et tente de sortir de l'eau. Il n'est plus question qu'il s'échappe encore une fois. Il sait que je l'aime et que mon corps est à sa merci. C'est un peu pour ça qu'il a refusé aussi souvent de partager ma couche. Il a toujours eu peur de dépasser la limite acceptable et j'ai respecté son choix, mais aujourd'hui je ne peux pas le laisser partir. Pas quand je sais que je dois épouser cette femme. Je veux savoir ce que c'est d'aimer mon amoureux, de l'aimer vraiment, avec tout mon corps.
Je rattrape de justesse son poignet et l'attire vers moi. De cette manière, nos positions sont inversées et je le sens, je sens qu'il résiste encore, mais avec bien moins de conviction. Je mets mes mains en coupe autour de son visage et l'embrasse presque sauvagement. Ma retenue n'est plus qu'un faible mirage, ce qui m'oblige à tout lui avouer.
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Le secret de Lenora (Malec AU)
FanficAu royaume d'Hazelrune, un jeune elfe prénommé Magnus attend avec impatience le retour de son maître, qui n'est autre que l'héritier du trône. Depuis le départ de ce dernier, les autres habitants du château abusent de la bonté du jeune serviteur et...