Le secret de Lenora (Malec AU)

Chapitre 44

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J'ai du mal à comprendre ce qui se passe, tout comme j'ai du mal à respirer. Appuyé contre le mur de la chambre, je regarde Alexander déposer la princesse Clarissa sur le lit pour qu'elle ne se réveille pas sur le sol et pour qu'il soit plus simple de l'examiner. Isabelle et elle dorment profondément et il paraît assez évident que leur sommeil n'a rien de volontaire. Elles ne se seraient jamais endormies alors qu'elles étaient censées surveiller Raphaël, cela vient sans doute de ce qu'elles ont bu. D'ailleurs, cela a sûrement été assez rapide pour qu'elles ne s'en rendent pas compte et aient le temps d'appeler quelqu'un.

Le cœur serré, je retourne dans le petit salon et m'approche d'Izzy. Le roi Robert est en train de demander à un serviteur de faire venir un médecin. Je m'assois à côté de mon amie et pose mes mains sur ses joues.

— Réveille-toi, soufflé-je doucement. Je t'en prie, ton Altesse, c'est pas le moment de jouer...

Je sens des larmes me monter aux yeux et des étincelles apparaissent autour de mes mains, je ne suis pas certain de ce que je fais mais j'ai réussi à soigner la blessure d'Alexander hier, peut-être que je peux également la réveiller.

— Seigneur !

Une voix haut perchée que je ne connais que trop bien me fait sursauter et mes étincelles partent dans la pièce pour faire éclater le broc en terre cuite posé sur le bureau de mon prince. Je me tourne vers Iris qui me vrille d'un regard noir, la bouche tordue de colère.

— Mais qu'essayais-tu de faire à la princesse ?

— Qu'est-ce que ça peut vous faire ? lui crié-je, fatigué qu'elle me prête toujours les pires intentions.

Elle échappe une exclamation choquée et je me lève pour lui faire face. Alexander nous rejoint et hausse un sourcil en me demandant ce qui se passe.

— Je voulais essayer de la réveiller, lui expliqué-je.

— Vu ce que tu as fait au pot, rétorque Iris. Je n'ose pas imaginer ce que...

— La ferme !

Ses yeux s'arrondissent un peu plus et Alexander cache un rire dans sa main. Je passe la mienne sur mon visage en me retenant de m'excuser auprès de lui de m'être emporté, surtout que son père est à côté. J'étais déjà sur les nerfs et la présence de la gouvernante ne m'aide en rien à me calmer.

— Que faites-vous ici, Madame Rouse ? demande mon prince.

Il fait le tour du canapé pour venir se placer à côté de moi et prend ma main. Je sens son angoisse, ses doigts tremblent contre les miens. J'ai envie de le prendre dans mes bras pour le rassurer, mais je n'ose pas.

— C'est moi qui l'ai fait venir, répond le roi en revenant dans le salon. On m'a fait savoir que c'est elle qui a monté leur thé à ces demoiselles.

— C'est exact, Votre Majesté, répond la gouvernante, la tête basse. Le thé au jasmin que Son Altesse Isabelle aime tant.

— Alors comment expliquez-vous qu'elles se soient endormies après l'avoir bu ?

La gouvernante jette un rapide regard à la tasse cassée par terre, les sourcils légèrement froncés, comme si elle s'étonnait du lien entre le thé et l'état des deux jeunes filles.

— Où est la princesse Clarissa ? demande-t-elle.

— Dans la chambre, elle dort aussi, lui répond Alexander.

— Qu'y avait-il dans ce thé ?

Elle se tourne vers moi et, quand elle croise mes yeux de chat, je la vois se tendre. À nouveau, l'expression de son visage montre à quel point elle est en colère. Contre moi. Mais je me fiche qu'elle ne supporte pas mon regard, ou qu'elle ne me supporte pas tout court, j'en ai assez de faire des ronds de jambes devant elle !