Le secret de Lenora (Malec AU)

Chapitre 4

‹ Magnus ›

Mes doigts se resserrent sur la bride de Solstice alors qu'Alexander vient à notre rencontre, dépassant ses hommes, et nous donnant quelques minutes. Arrivé près de nous, mon prince saute de son cheval et s'approche de moi. Sans attendre il m'enlace et je me blottis contre son torse. Il me serre fort contre lui puis glisse une main sous mon menton pour relever mon visage vers le sien. Je voudrais protester pour lui cacher les larmes que je retiens encore mais je n'y arrive pas, trop désireux de me plonger dans son regard, de pouvoir contempler son visage dont j'ai tant rêvé. Ses yeux noisettes plongent dans les miens et ses doigts caressent ma joue. Mon cœur bat si fort, mais c'est tellement bon.

Je le regarde. Son visage a changé, mûri. Nous sommes des adultes maintenant, plus des adolescents. Et l'amour que je ressens n'est pas une simple amourette ou une passade comme on a essayé de me le faire croire. J'aime Alexander du plus profond de mon âme. Et maintenant que je le revois, enfin, face à moi, j'ai l'impression de retomber amoureux. D'avoir un coup de foudre pour le chevalier victorieux. Et je dois lutter plus fort contre mes larmes.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? me demande Alexander, un peu soucieux. Tu devrais être au château, c'est dangereux !

— Je suis venu attendre ton retour, tu... Tu m'as tellement manqué.

Une larme s'échappe sur ma joue pour s'écraser contre ses doigts. Je me retourne aussitôt pour l'essuyer. C'est embarrassant. Alexander me prend à nouveau dans ses bras, son torse plaqué contre mon dos. Il enfouit son visage contre mon cou et y dépose un baiser qui me fait frissonner.

— Tu m'as manqué aussi, Magnus.

Je ferme les yeux et c'est comme si le temps s'arrêtait. J'ai l'impression de retrouver une partie de moi, d'être à nouveau entier maintenant que j'ai retrouvé l'écrin de ses bras. Mes mains se posent sur les siennes. Nos doigts s'entrelacent. Pendant des mois j'ai désespéré que ce moment arrive un jour, j'ai eu peur qu'il ne rentre pas de la guerre. Qu'elle ne finisse jamais ou, pire, qu'il soit tué. Ces cauchemars ont hanté mes nuits jusqu'à ce que je n'arrive plus à rêver de son retour.

Je sens ses lèvres remonter le long de ma mâchoire puis ma joue, cherchant à atteindre mes lèvres mais le bruit des chevaux nous interrompt et je m'écarte à nouveau. Cette fois, cependant, il me laisse faire et se tient droit à côté de moi. Je n'ai pas vraiment de doute quant au fait que chacun des soldats et même le roi Robert soient au courant des sentiments que nous avons l'un pour l'autre. Nous n'étions pas vraiment discrets quand nous étions plus jeunes, même si nous essayions de ne pas, non plus, nous montrer.

Je baisse la tête quand Robert s'approche, toujours sur son cheval.

— Eh bien Magnus, quelle bonne surprise !

— Je suis heureux de vous voir sains et saufs, Majesté !

— Je n'en doute pas, mon garçon. Mais que fais-tu si loin d'Elunore ?

J'ouvre la bouche puis la referme, à court d'excuses. Heureusement, comme j'ai la tête baissée et qu'il est en hauteur il ne peut pas voir mon expression désemparée. Je sens la main d'Alexander se poser dans mon dos et il répond à ma place :

— C'est Izzy qui lui a demandé de venir à notre rencontre, Père.

— Eh bien... Cette petite a de l'intuition, répond-il comme s'il croyait au mensonge. Je vois qu'elle t'a aussi permis d'emprunter Solstice. Toujours aussi sauvage ?

Je suis tenté de demander s'il parle de la licorne ou de la princesse, mais je me retiens. Si ça ferait rire Alexander, le roi n'apprécierait sans doute pas.