Chapitre 28

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‹ Alexander ›

Je suis sur un nuage depuis hier. Un poids immense s'est enlevé de mes épaules dû au fait que je n'aurai pas à épouser Clarissa. Bien sûr, nos fiançailles n'ont pas encore été annulées, mais comment le pourrait-on alors que je passe le plus clair de mon temps avec Magnus. Un sourire se forme sur mes lèvres à la seule pensée de mon amant qui dort profondément dans mon lit. Sa peau satinée nous a révélé bien des choses, hier.

Pour moi, il a toujours été exceptionnel, mais aujourd'hui je vais prouver au monde qu'il l'est pour eux aussi. Selon les légendes, les manciens étaient des demi-dieux et, si je me fie à ce que Magnus m'a lu sur les colonnes du temple, leurs yeux doivent être vénérés. J'ai eu du mal à comprendre, mais plus j'y pense et plus je me dis que c'est parce qu'ils doivent être différents, comme ceux de Magnus.

Si cela s'était arrêté à ce moment, je n'aurais peut-être pas été plus loin, mais que les manciens se révèlent quand ils trouvent leur âme sœur est une énigme que je crois avoir résolue. Dans un livre que je sais être dans ma bibliothèque privée, j'ai bien lu quelque chose là-dessus. Ce n'était pas écrit ainsi, mais il me semble bien que la coloration de la peau était une de leurs caractéristiques. Pourquoi n'ai-je pas compris plus tôt ? Je croyais simplement qu'ils rougissaient. Mais c'est bien plus clair à présent. Les légendes parlaient certainement des arabesques qui prennent différentes couleurs sur la peau de celui en présence de son âme sœur. Ils ont enjolivé le tout afin de ne pas choquer les âmes pures, mais moi je sais que cela se produit quand nous sommes en communion totale, Magnus et moi.

D'ailleurs, ce n'est pas très difficile de savoir quand mon amour rêve de moi étant donné les mouvements qui se forment sur sa peau de miel. Je l'avoue, cela doit parfois être embarrassant pour lui mais une chose est certaine, ma peau ne décolorerait pas si j'étais l'un d'entre eux, moi qui pense à Magnus en permanence. Allongé auprès de lui, je regarde le spectacle fabuleux qu'il me renvoie. Il rêve de moi... Je passe une main le long d'une de ses mèches de cheveux qui retombe sur son épaule et la replace derrière son oreille. Mon amant est une vraie œuvre d'art qui a pris encore plus de valeur avec ce nouveau statut que je compte bien lui attribuer. Mère ne contestera plus notre relation à cause de la pauvreté de mon serviteur puisqu'il sera un demi-dieu. Enfin, il en est un, mais je le prouverai, j'en fais le serment.

J'ai profité des congés accordés à Magnus par mon père pour l'avoir auprès de moi ce matin. Juste le regarder dormir fait mon plus grand bonheur. Ça, et peut-être aussi quand je réussis à le prendre sous notre saule ou dans mon lit pendant des heures. J'ai cette folle envie de lui qui me reprend en me souvenant de notre nuit dernière, mais comme je viens pour lui voler un baiser au creux de son cou qui est maintenant exposé, des bruits anormaux alertent mes sens. Cela provient de derrière la porte. Des frottements semblent se poursuivre sur plusieurs secondes, même plusieurs minutes. Je me redresse alors et enfile ma robe de chambre pour découvrir quels sont ces bruits étranges.

En ouvrant la porte, je tombe sur la princesse Clarissa qui a poussé le canapé jusqu'à ma bibliothèque. Elle y a grimpé jusque sur l'un des accoudoirs et à les bras tendus vers le dernier étage de ma bibliothèque.

— Quel curieux spectacle que de vous voir aussi déterminée à atteindre ces livres, lui dis-je assez fortement pour la faire sursauter.

— Oh ! Alexander, je vous croyais sorti. Il est plus de onze heures du matin. Si j'avais su, je vous aurais prévenu, me répond-elle en posant une main fébrile sur son cœur.

— Magnus a congé pour quelques jours, mon temps se résume à sa compagnie, répliqué-je en lui offrant ma main pour la faire descendre.

Elle la prend avec empressement et saute sur le sol avec cette agilité que je connais aux meilleurs soldats.

Le secret de Lenora (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant