Le secret de Lenora (Malec AU)

Chapitre 9

‹ Alexander ›

Nous quittons mes appartements puis passons devant ceux de Jace. Ma sœur s'arrête un court instant pour requérir les services du valet de notre frère afin qu'il range ma bibliothèque et nous repartons aussitôt. Au loin, j'entends des serviteurs s'agiter. Je sens de l'excitation s'emparer de leurs voix qui deviennent de plus en plus fortes. Cela n'est pas un bon présage et je lâche le bras d'Izzy pour me précipiter vers ces gens qui semblent triompher. Je pousse la porte cachée que nos domestiques emploient pour se rendre aux cuisines et découvre un attroupement de badauds.

Plaqué contre le mur, Magnus est maintenu par deux gardes alors que ma mère et le conseiller Lorenzo lui font face en compagnie de l'intendant. Je ne fais ni une ni deux et pousse sans ménagement deux femmes de chambre, le cuisinier et quelques autres. Des murmures offusqués viennent à mes oreilles, mais je n'y prends pas garde, seul Magnus est important. Il sera toujours plus important.

— Que se passe-t-il ? glapis-je avec rage.

— Oh ! Alexander ! Le conseiller Lorenzo et moi venons d'avoir une conversation intéressante avec notre intendant. Il semble que cette créature perfide a fait pousser des cornes à notre gouvernante et qu'il a osé lever le ton contre toi.

— Ce n'est pas de sa faute, mère. Vous savez très bien qu'il ne maîtrise pas ses pouvoirs.

— Ah vraiment ? Comment est-ce si difficile de te porter le respect que tu mérites ? Cela n'a rien à voir avec ses pouvoirs, il me semble.

— Vous n'avez réellement aucune idée de ce qui a pu le mettre dans un état pareil, mère ?

— Il ne peut pas te parler de cette manière. Tu es le prince et futur roi d'Hazelrune. Il doit être puni pour ce geste scandaleux.

— Je me porte garant de lui. Il ne recommencera pas. Ce n'est jamais arrivé avant. Il ne mérite pas d'être puni.

— Et pour Iris, ne viens pas me dire qu'il ne le mérite pas, s'indigne ma mère.

— Il ne contrôle pas ses pouvoirs. Ce n'est pas de sa faute.

— Moi, je crois plutôt que oui, réplique-t-elle aussitôt. On nous a fait savoir qu'ils ont eu une conversation tout juste avant l'événement. Il était tout simplement en colère contre elle et s'est vengé de cette manière. Nous ne pouvons tolérer cela.

Je suis à court d'arguments, mais je veux sauver Magnus à tout prix. Je le regarde et découvre qu'il ne semble pas vouloir se justifier comme il l'a toujours fait quand sa magie apparaissait spontanément. Victor porte un fouet entre ses mains fines et attend de voir lequel, entre ma mère et moi, gagnera la joute verbale. En désespoir de cause, je réitère mon premier avis.

— Ce n'est pas de sa faute !

La tête de mon amour se relève pour croiser mon regard malheureux. Je ne veux pas qu'il reçoive des coups de fouet. C'est une pratique barbare que je compte bien abolir dès le début de mon règne. Ses yeux éteints plongent dans les miens et il finit par s'exprimer.

— J'ai agi volontairement. Cela fait des années qu'Iris me provoque de ses paroles acerbes. Elle retire un plaisir morbide à me faire battre alors que je ne lui ai jamais rien fait en retour. Je vous confirme que j'ai fait ce magnifique couvre-chef à notre chère gouvernante et que je ne regrette absolument rien.

— Non ! clamé-je avec effroi. Il ne dit pas la vérité. Vous savez tous qu'il n'aurait jamais fait une telle chose !

— JE L'AI FAIT ! commence à s'énerver mon serviteur adoré.