Le secret de Lenora (Malec AU)

Chapitre 20

‹ Magnus ›

Je tremble, incapable de réaliser ce qui vient de se passer et que je ne suis pas en train d'halluciner ce que la princesse vient de raconter. J'ignorais qu'elle était restée pour voir Iris me frapper. Un silence médusé s'est abattu sur la pièce. Il faut quelques secondes à la gouvernante pour se reprendre, mais à peine a-t-elle commencé à bredouiller une excuse qu'elle s'interrompt. Lorsque je relève enfin les yeux, je vois que c'est le regard noir de mon prince qui la fait taire. Je lève une main discrète dans son dos et attrape sa chemise pour attirer son attention. Il tourne légèrement la tête vers moi et j'ai aussitôt envie de me jeter dans ses bras pour oublier le reste. Malheureusement, ce serait malvenu alors je campe simplement sur mes pieds en affrontant la réalité.

— Eh bien, Votre Altesse, reprend finalement la reine. Voilà toute une histoire que vous nous racontez, mais il m'est impossible de vous croire sur parole. Vous m'en voyez navrée.

— Mais Mère !

D'un geste de main, elle fait signe à Jace de se taire. Mon poing se crispe un peu plus sur la chemise d'Alexander alors que j'ai peur de voir disparaître la première – et sans doute unique – fois de ma vie où quelqu'un d'autre qu'Alexander ou Izzy prend ma défense. Sentant ma réaction, mon prince décide d'intervenir :

— Mère, s'il vous plaît. Vous avez, comme nous, vu l'ecchymose sur le visage de Magnus.

— N'a-t-il pas dit être tombé dans les escaliers à cause de sa maladresse ?

— Je ne pense pas que cela s'est passé ainsi.

— Eh bien... Le principal intéressé pourrait peut-être nous éclairer ? Hm ?

Je me redresse légèrement et croise une nouvelle fois le regard d'Alexander. Et, une nouvelle fois, son regard me supplie de dire la vérité. Je tourne la tête vers la princesse qui se mord la lèvre, attendant que j'avoue ce que me fait subir Iris. J'ouvre la bouche pour acquiescer, mais les mots ne veulent pas sortir. Je sens la main d'Alexander glisser sur mon bras, faisant fi des personnes autour de nous, pour me donner du courage.

— Tout va bien, mon coeur, murmure-t-il.

— Je... Je voudrais parler à Iris. Seul à seule.

— Pardon ?

Surpris par ma demande, il enlève sa main. Il ne peut pas comprendre pourquoi il m'est si difficile de parler contre Iris, l'image qu'il a de moi est si loin de ce que je suis en réalité.

— Pourrais-je parler à Iris, s'il vous plaît ? répété-je plus fort à l'intention de la reine.

— Hum... oui, allez-y, répond-elle avec un geste désinvolte de la main.

La seconde d'après, elle fait signe à l'un de ses domestiques d'ouvrir une porte. Je m'y rends et entends les pas d'Iris qui me suivent, comme plus tôt dans la journée. S'ils n'étaient pas tous là, elle me pousserait sûrement à nouveau. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à dire ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas me protéger, moi, pour une fois ?

Dès que la porte se referme derrière nous, je me tourne vers la gouvernante qui me lance un regard courroucé que je vois du coin de l'œil. Je baisse la tête, moins par déférence que pour lui cacher l'expression perdue de mon visage. Aucun doute qu'elle en tirerait avantage. Encore.

— Tu es encore allé te plaindre, hein ? chuchote-t-elle. Je m'échine à t'éduquer et voilà ce à quoi j'ai droit ? N'as-tu aucune loyauté ?

— Je ne me suis pas plaint, elle vous a vu faire. Et je ne peux pas dire que c'est un mensonge.