Le secret de Lenora (Malec AU)

Chapitre 29

‹ Alexander ›

Voilà des heures que je tiens compagnie à la princesse Clarissa. Bien sûr, on nous a réclamés pour le repas du midi, mais sans Magnus pour arpenter la salle à dîner, rien ne m'y retenait plus que nécessaire. J'ai volontairement refusé le dessert afin de pouvoir avoir quelques minutes en compagnie de mon amour avant de recommencer nos recherches. Malheureusement pour moi, on m'a fait savoir qu'il avait quitté le château pour se rendre aux écuries. La princesse en a donc profité pour me rejoindre à nouveau afin de continuer notre travail.

Malgré tout, Clarissa est de bonne compagnie. J'imagine que, si je n'avais pas trouvé mon âme sœur en Magnus, notre mariage aurait pu fonctionner. L'amour n'aurait jamais été au rendez-vous, mais nous partageons une passion commune qui un jour aurait fini par nous rapprocher : la lecture.

Plusieurs livres jonchent à présent le sol, mon secrétaire ainsi que la place qui nous sépare sur le canapé. Parfois je lui raconte les légendes de nos ancêtres, parfois elle m'apprend comment leurs habitants font volontairement de minuscules lacs artificiels dans leurs jardins afin d'accueillir une sirène. Cela serait censé leur porter chance. Ces créatures ont vraiment le don de les enchanter pour qu'ils croient tous être bénis en les logeant.

— Mon palefrenier n'a jamais réalisé pourquoi il perd sans cesse ses bêtes, rigole la petite rousse en refermant un livre.

— J'ai bien failli manqué à l'appel plus d'une fois grâce à elles, confirmé-je tout en continuant à tourner les pages de mon volume. D'ailleurs, je dois remercier Jace, c'est lui qui m'a dépêtré de ma dernière et malencontreuse rencontre avec ces diablesses.

— Oui, je vois parfaitement votre frère venir à votre secours. C'est un vrai gentleman.

— Il n'avait pas vraiment le choix étant donné qu'il était attaché à ma protection pendant la guerre.

— Cessez vos bêtises, Jace vous adore et il l'aurait fait, peu importe son devoir. Je l'ai vu plus d'une fois porter secours à ses soldats en situation périlleuse.

— Il reste mon frère, Clarissa. Bien sûr que nous sommes proches.

— Oui, il parle sans cesse de vous avec un regard émerveillé. J'avais bien du mal à comprendre pourquoi il vous aime autant, mais depuis que j'ai compris la raison qui vous poussait à me détester, et pourquoi vous acceptiez tout de même de m'épouser, je pose un nouvel œil sur vous.

— Je ne comprends pas.

— Vous avez accepté pour que nos royaumes vivent enfin en paix, et cela, en sachant que vous souffririez le reste de votre vie. Cela est tout à votre honneur de faire passer votre bonheur après celui de votre peuple.

— Disons seulement que votre belle-mère ne m'a pas laissé le choix.

— Évidemment, mais vous l'avez fait.

Je hausse les épaules en me remémorant mes nuits d'angoisse où j'observais Magnus jusqu'au petit matin, m'imaginant que nous n'étions que de jeunes paysans, sans titre, mais avec de l'amour à l'infini.

Pour cacher mon trouble, je me lève afin de sortir un autre volume qui ne me dit rien. Probablement est-il l'un de ceux que je m'apprêtais à lire le jour où l'on m'a autorisé à partir pour Valmore. Je scrute son cuir blanc en le retournant dans mes mains. Étrange qu'il soit de cette couleur. Le cuir est, d'ordinaire, un matériau qui jaunit rapidement. Pourtant, l'ouvrage semble très vieux. Curieux, je me rassois et commence à le feuilleter.

J'oublie que j'ai une invitée alors que je me rends compte que ce livre est beaucoup plus important que tous les autres présents dans cette pièce. Les renseignements ne sont pas des plus intéressants puisqu'il est question de la culture des champs, il y a un millier d'années, mais qu'il soit si bien conservé alors qu'il est si âgé tient presque de la magie. Les mots proviennent d'une autre époque et je dois me concentrer pour en déterminer les sens, mais ce qui me trouble le plus, ce sont les arabesques qui ornent certains passages.