CHAPITRE 5

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Comme je le pensais, le lendemain matin est difficile. J'attrape les médicaments dans ma table de nuit et les avale avec un grand verre d'eau. Je tends l'oreille pour savoir si ma mère est à la maison mais je ne discerne aucun bruit. J'attrape mon téléphone et ouvre le dernier message de Tyler que j'ai reçu hier soir.

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De : L'idiot

00:10 am

Alors comment est-ce que je suis censé découvrir qui tu es si tu refuses de me dire quoi que ce soit sur toi ?
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A : L'idiot

11:02 am

Si je me souviens bien, c'est avec « Action ou Vérité » que tu as eu la mission de découvrir mon plus lourd secret. Alors je te propose un truc, tous les jours on effectue une action ou une vérité que l'autre nous a donné. Ce qui te permet soit d'en apprendre plus sur moi, soit d'avoir une chance de découvrir qui je suis en me surprenant en train de réaliser une action.

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Peut-être que finalement, son défi me permettra de rendre mes journées un peu plus divertissantes. Je me lève et me dirige dans la salle de bain pour prendre ma douche. Le jet d'eau chaude, voire brulante, va me permettre de me détendre quelques instants. J'en ressort une dizaine de minutes plus tard. Je m'habille d'un pull marron et un pantalon noir. Je descends une fois prête et comme je le pensais, la maison est vide. La présence de la vaisselle dans l'évier est le seul témoin du passage de ma mère. Il est trop tard pour que je prenne un petit-déjeuner. Je sors donc tous les ingrédients dans le but de me préparer des Fajitas pour midi. J'allume l'enceinte et lance une musique de Lewis Capaldi.

Alors que je suis en train de ranger la vaisselle dans le lave-vaisselle, le son familier de la porte d'entrée qui s'ouvre attire mon attention. Des éclats de rire joyeux envahissent la pièce. Ma mère et mon frère font leur entrée dans la cuisine, mais leur rire s'évanouit dès qu'ils posent les yeux sur moi. Un silence pesant s'installe, chargé de questions non formulées. Mon esprit s'emballe. Qu'est- ce qu'il se passe ? Les doutes surgissent. Peut-être que durant ces moments où je pensais qu'elle était au cabinet, ma mère était en réalité avec mon frère ? Je m'efforce de finir rapidement de nettoyer la table, puis je m'éclipse de la pièce à pas pressés. Montant précipitamment les escaliers, j'atteins ma chambre. Là, je me hâte d'enfiler mes chaussures, mon manteau en cuir et de saisir mon sac. Mais soudain, une sensation d'oppression m'envahit à mesure que je descends les marches. Mon souffle se fait court, comme aspiré par une force invisible. Je tente de prendre une profonde inspiration, mais mes poumons refusent de coopérer. Une douleur lancinante me traverse. D'une main tremblante, je parviens à saisir mon aérosol dans mon sac et j'inhale deux bouffées salvatrices. Malgré cela je suis obligée de m'asseoir sur les marches de l'escalier pour reprendre mon souffle, cherchant à calmer les battements erratiques de mon cœur. Lorsque j'estime enfin que ma respiration est assez régulière pour continuer, je me relève avec précaution. Je franchis la porte d'entrée, quittant précipitamment la maison.

Cependant, au moment où la porte se referme derrière moi, la voix familière de mon frère parvient à mes oreilles, me figeant sur place. 

- Depuis quand est-ce qu'elle est asthmatique ?

Un mélange de confusion, de colère et de tristesse m'envahit alors que je demeure là, suspendue entre l'envie de m'enfuir ou de leur crier la vérité. Il ne sait pas tout. Maintenant que je suis dehors, je ne sais même pas où aller. J'aurais peut-être dû prendre quelques cours pour les travailler dans un café tranquille ou autre. Mais je ne compte pas retourner dans cette maison pour aller les chercher. En avançant, mes pas me guident devant une librairie. Une idée germe : pourquoi ne pas m'arrêter et acheter un livre ? Cela fait si longtemps que je n'ai pas fait ça, que je me sens un peu dépassée par le choix. C'est quelque chose que je faisais régulièrement avant mais depuis quelques temps j'ai arrêté, comme beaucoup d'autres choses. Après un moment de déambulation parmi les rayons, je finis par mettre la main sur un livre qui éveille mon intérêt. Je me dirige vers la caisse, le tenant entre mes mains, enfin prête à le ramener dans ma vie.

Avec mon occupation pour l'après-midi en main, je me mets en route vers le café Starbucks le plus proche. Commandant un Caramel Macchiato, je repère une table libre et m'y installe. Bien que ce ne soit pas le lieu le plus silencieux, j'apprécie de pouvoir observer la vie qui s'agite autour de moi. Certaines personnes préfèrent le silence total, mais pour ma part, je trouve cette ambiance apaisante plutôt que stressante.

Après plus de deux heures, je rentre chez moi en supposant qu'ils auraient quitté la maison pour éviter de me croiser à nouveau. Cependant, la réalité est tout autre. À ma grande surprise, je les trouve tous les deux assis dans le salon. Mon esprit se met à tourbillonner. Que peuvent-ils bien faire ici encore ? Quel est leur objectif ? Est-ce qu'ils cherchent à me montrer que leur relation demeure inchangée, tandis qu'avec moi, tout a été bouleversé ?

- Comment ça se fait que vous soyez encore là ? je parviens enfin à demander, mon ton oscillant entre la confusion et la frustration.

- Je te rappelle que ce n'est pas uniquement chez toi, c'est aussi chez nous, me rétorque ma mère d'une voix froide.

- Ce n'est pourtant pas l'impression que j'ai eu ces derniers mois.

- Tu n'as pas à te plaindre, tu as un toit, tu as à manger et Carole passe régulièrement pour les tâches ménagères.

Je ne peux masquer ma surprise. Elle ne semble pas saisir l'ampleur de ses propos.

- Tu penses vraiment que c'est ce que j'attends ? Un toit, un frigo remplit et de l'aide pour le ménage ? Est-ce que tu t'entends ? Je vais te dire quelque chose, Carole a été davantage une mère pour moi que tu ne l'as jamais été, et ce, bien au-delà de ces derniers mois. Elle est présente, elle me soutient, m'accompagne quand j'en ai besoin et me donne de l'amour Que des choses que je n'ai pas reçu de ta part. Je ne parle même pas de toi Jason, tu ne m'as jamais laissé l'opportunité de m'expliquer, tu m'as juste rejeté alors que tu étais tout.

La tension dans la pièce devient palpable, les mots que j'ai retenus depuis si longtemps trouvant finalement leur chemin vers la lumière. Une pause s'installe, les regards se croisent, et l'atmosphère se charge de lourdes émotions non exprimées. Ils n'ont pas le temps de répondre quoi que ce soit que j'ai déjà quitté la pièce d'un pas décidé pour regagner ma chambre. J'ai désespérément besoin de me changer les idées. C'est alors que je sens les vibrations de mon portable dans ma poche.

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De : L'idiot

04: 48 pm

Ça me plaît ! Ne perdons pas de temps, action ou vérité ?

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A : L'idiot

04 :49 pm

Action

ACTION OU VÉRITÉ ? || TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant