CHAPITRE 15

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Liam et moi avions passé les derniers jours à rire pendant des heures, à essayer de rattraper les années où nous étions séparés. Et le soir, ses parents nous rejoignaient pour passer un moment tous ensemble. C'est comme si rien ne pouvait perturber la bulle dans laquelle nous étions. Mais la réalité avait vite fini par me rattraper. C'était l'une de ces soirées où ma maladie semblait plus présente que jamais, où la réalité implacable de mon état de santé me rattrapait brutalement. Nous étions seulement en train de mettre la table quand je me suis effondré. Je n'avais rien vu venir et en l'espace de quelques secondes, notre bulle s'était brisée comme les assiettes que je tenais dans les mains. J'étais maintenant allongé dans le canapé, essayant de convaincre les parents de Liam qu'ils n'avaient pas besoin de m'emmener à l'hôpital.

- Acceptes au moins qu'on appelle ton médecin. Emy on est au courant pour ton état de santé, m'avoue-t-elle.

Je me tourne surprise vers Liam, mais il semble également l'être.

- Même si j'aurai préféré qu'il nous le dise aussi, commence-t-elle sur le ton du reproche, ce n'est pas Liam qui me l'a dit mais ta mère. Selon elle, c'était une bonne chose que nous déménagions avant que ton état se dégrade. Elle pensait que la séparation avec Liam serait moins douloureuse pour lui.

Je ne sais même pas pourquoi je suis surprise, ça ne devrait pas m'étonner. Elle savait depuis le début ce que j'avais, pourtant elle n'a jamais rien fait, elle a laissé mon état se dégrader.

- C'est pour ça que vous êtes partis ? je demande, redoutant leur réponse.

Je redoute leur réponse mais en même temps je ne pourrais pas leur en vouloir, pourquoi infliger ça à leur fils ?

- Non bien au contraire, nous avons envisagé d'annuler mais ce n'était pas possible. Pendant plusieurs jours, nous avons essayé de trouver une solution mais nous n'en avons pas trouvé. Je ne peux pas te laisser croire que ton état de santé est une cause de départ. Même si ta mère nous a dit que c'était la cause du départ de ton père, je reste persuadé que ce n'était pas le cas. Vous étiez tout pour lui avec ton frère, je me demande même s'il est vraiment au courant, il ne serait jamais parti en sachant ça.

Je voudrais penser la même chose qu'elle, pourtant je sais que ce n'est pas le cas. J'avais surpris une conversation la veille de son départ, au début je ne comprenais pas le sens de celle-ci mais maintenant je ne peux plus faire comme si je ne savais pas. Je l'entends encore dire ces mots que je n'ai jamais oubliés.

« Je ne peux pas rester après ce que l'on vient d'apprendre. Je voudrais pouvoir faire quelque chose mais rester auprès d'elle serait insupportable. Comment je pourrais rester et voir son état se dégrader en ne pouvant rien faire. Je ne pourrais pas supporter le désespoir dans ses yeux, tu dois me comprendre, il faut que je m'éloigne. »

Ma mère avait essayé de le retenir, mais il était monté dans leur chambre sûrement pour faire sa valise. Ce n'est que plus tard que je l'avais entendu rentrer dans ma chambre. Je regrette tellement d'avoir fermé les yeux à ce moment-là, peut-être que j'aurais pu le retenir, mais j'avais peur qu'il se rende compte que je ne dormais pas et que j'avais tout entendu. Il était resté pendant plusieurs minutes auprès de moi à passer ses doigts dans mes cheveux. « Je suis désolé » étaient les derniers mots qu'il avait murmurés avant de m'embrasser sur le front et de quitter ma chambre. Le lendemain matin, il n'était plus là. J'avais toujours senti que c'était à cause de moi, mais je n'ai jamais compris pourquoi jusqu'à ce que je comprenne que le diagnostic avait déjà été posé depuis plusieurs années. Pourtant, je n'avais jamais eu de suivi particulier, c'est comme s'ils s'étaient résignés à me laisser partir. Mon père ne voulait sûrement pas faire face à cette épreuve.

Je devrais peut-être le faire également. J'avais déjà fait assez de mal autour de moi, ma famille et mes relations avec celle-ci avaient été détruites.

Une vague d'émotion me submerge et je ne peux retenir mes larmes. Je sens les bras de Liam m'entourer. Parfois, même avec la meilleure des volontés, je ne parviens pas à chasser ces pensées morbides. Je me laisse aller, laissant les larmes couler librement, libérant ainsi un peu de la douleur qui m'étouffait depuis si longtemps. Liam est patient, écoutant mes sanglots silencieux, sans chercher à me dire quoi que ce soit pour me consoler. Il doit sûrement comprendre que parfois, les mots ne peuvent pas apaiser la souffrance. Il m'embrasse doucement sur le front, affirmant silencieusement sa présence.

- Tu n'as plus besoin de faire semblant, tu n'es plus toute seule.


ACTION OU VÉRITÉ ? || TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant