Chapitre 21

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Le lendemain, la journée est relativement calme, plusieurs camarades de Kirishima sont venus lui demander des nouvelles. Même Tokoyami est venu s'excuser, ce à quoi le rouge a répondu qu'il n'avait aucune raison de le faire et, qu'au contraire, il s'était vraiment bien défendu. Plusieurs fois, son regard a rencontré celui de Bakugo, mais aucune des deux n'est allé vers l'autre, chacun préférant détourner la tête. À la fin des cours, les élèves de seconde A partent en direction de l'internat. Alors qu'ils sont sur le point d'entrer, Bakugo attrape l'épaule de Mina, qui discute avec Momo et Toru. Les trois filles se retournent vers lui, intriguées.

- On doit discuter, le chewing gum en moi.

Mina s'étonne que le blond soit venu de lui-même la voir. Elle sourit et salue ses amies avant de suivre le blond dans les jardins de Yuei. Une fois assez loin des regards indiscrets, Bakugo se tourne vers la rose.

- Allez accouche, j'ai pas toute la journée.

- Ça commence bien... C'est par rapport à Kirishima.

- J'avais compris, qu'est-ce qu'il a cet imbécile ?

La rose commence déjà à s'énerver en voyant Bakugo si indifférent, elle tente tout de même de garder son calme car elle sait que si elle commence à s'emporter, Bakugo n'écoutera rien de ce qu'elle a à lui dire.

- Je suis au courant de ce qu'il s'est passé pendant les vacances et de ce qu'il a vu quand t'étais avec Midoriya. Comment tu peux en avoir autant rien à faire qu'il souffre ?

- Je m'en fous pas ! Je lui ai dis clairement qu'il se passerait plus rien.

- Oui mais pas parce que tu te tapes Midoriya !

- Je me le tape pas, ferme ta gueule !

- C'est pas ce qu'il a vu, comme tu ne lui as jamais donné d'explications, il pense que tu jouais avec ses sentiments depuis le début. C'est ce que t'as fais ?

Le blond reste silencieux, incrédule, c'est ce que pense Kirishima ? Même si c'est dur à avouer, il n'en a clairement pas rien à foutre de Kirishima, bien au contraire. Combien de fois il avait hésité à aller le voir pour le forcer à manger quand il ne se pointait pas au réfectoire, ou vérifier s'il n'avait pas recommencé à se mutiler. Son ego l'en avait empêché. En voyant qu'il ne répond pas, Mina soupire et reprend.

- Écoute, j'espère sincèrement que ce n'est juste pas juste de l'indifférence et qu'Eijiro compte pour toi, si c'est le cas, fait un pas vers lui. Hier, il m'a dit qu'il comptait abandonner votre relation, on sait tous les trois que personne ne veut que ça arrive, alors s'il te plaît, ne fait pas le gars qui n'a pas de sentiments avec lui, vous vous comprenez mieux que personne, tous les deux.

Cette phrase a un lourd impact sur Bakugo, comme si un énorme rocher venait de s'écraser sur ses épaules et compresser sa poitrine. Il vient de recevoir beaucoup d'informations d'un coup et il a du mal à tout intégrer. Kirishima laisse tomber ? L'entendre lui fait bizarrement plus de mal qu'il aurait pu imaginer. Et ce que vient de dire Mina, qu'ils se comprennent mieux que personne, est-ce vrai ? Mina le sort de ses pensées.

- Si t'as besoin de quelqu'un à qui parler de ça ou d'autre chose, je suis là Bakugo, vraiment.

Elle lui fait un petit sourire, c'est fou cette fille a toujours les bons mots pour soutenir son entourage. Bakugo lâche un "Tch" et part en direction de l'internat. Mina l'observe s'éloigner en souriant, elle sait que, même s'il ne le dira pas, cette discussion lui a ouvert les yeux. Le blond monte à l'étage et va directement toquer à la porte de Kirishima, qu'il entend dire "Entrez" depuis l'intérieur de la pièce. Lorsqu'il ouvre la porte, le regard du rouge, assis dans son lit, sur son téléphone, se pose sur lui, mi-étonné, mi-soulé. Bakugo entre et referme la porte derrière lui.

- Qu'est-ce qui t'amène ? Demande le rouge, assez sèchement.

- T'étais pas dans ta chambre hier soir.

- Je sais, oui, j'étais avec Mina, pourquoi ?

- Il s'est passé quoi ? Avec ton Alter.

- Oh, tu t'inquiètes pour moi ? Première nouvelle.

Le rouge n'a pas envie d'être gentil, le fait que Bakugo vienne le voir pour ça l'énerve particulièrement. Quand il s'agit de performance de combat, il s'inquiète, mais quand on parle de sentiment, il fait l'aveugle ? En agissant comme ça, il tente de se protéger et d'éviter de laisser ses sentiments reprendre le dessus. Cette nouvelle colère étonne le blond, qui reste statique tandis que l'autre se relève pour se mettre en face de lui.

- Tu t'intéresses à moi et à ce que je traverse maintenant ?

- Oi, qu'est-ce qui t'arrive là ?

- Ce qui m'arrive, c'est que ça me gonfle royalement de te voir débarquer maintenant alors que j'espère que tu le fasses tous les soirs depuis plusieurs semaines pour m'expliquer ce qu'il s'est passé dans ta putain de chambre, Bakugo. Voilà ce qui m'arrive.

Il a tout lâché d'un coup, tout ce qu'il a sur le cœur depuis un moment maintenant. Il aurait pu en dire plus, ou le dire plus calmement, mais c'est largement suffisant pour faire comprendre à Bakugo qu'il lui a fait du mal, et il en est convaincu en voyant la tête que fait le blond en face de lui. Il se pince les lèvres et cherche ce qu'il peut répondre à ça. Le rouge reprend.

- Mais si ça t'intéresse, je vais te répondre. J'ai perdu le contrôle de mon Alter, il s'est désactivé tout seul. C'est sûrement dû au fait que je mange moins, que je ne dors pas et que j'angoisse tous les soirs. Enfin, c'est pas comme si ça allait changer quelque chose que je te le dise.

Cette fois, Bakugo réagit, Kirishima sous-entend qu'il s'en fout de lui, comme lui a dit Mina plus tôt.

- Tu crois que j'ai pas remarqué tout ça, hein ?! C'est pour ça que je suis là.

- T'as trois semaines de retard, Bakugo !

- T'as recommencé ?

- Hein ?

Bakugo ne répond pas, laissant place au silence un instant, il sait que Kirishima a compris de quoi il parle quand ce dernier baisse les yeux. Un énorme frisson parcourt le corps de Bakugo, il n'a pas arrêté. Le blond se sent d'un coup très mal, Kirishima a repris la mutilation et il n'a pas été là pour lui, alors qu'il est au courant de son mal-être depuis l'été.

- Kirishima, pourq...

- Pourquoi je fais ça ? Parce que je vais mal à l'intérieur ! Que j'essaie de l'oublier en me faisant souffrir physiquement.

- Pourquoi t'es pas venu m'en parler tête d'orties ?!

- T'es sérieux là ? Bakugo tu m'as rejeté en me disant que c'était pour ta carrière et je t'ai retrouvé en train d'embrasser Izuku. Tu crois sincèrement que ça me donne envie de venir te voir pour te raconter que je me taille ? Je me suis jamais senti autant utilisé de ma vie, aussi insignifiant pour quelqu'un à qui je tiens !

La claque est très violente pour le blond. C'est la première fois que Kirishima se livre autant sur ce qu'il ressent par rapport au comportement de Katsuki. Ses yeux s'embrument de larmes alors que la colère commence à défigurer son visage. Bakugo prend réellement conscience à ce moment-là de l'impact de ses actions sur le rouge. Pour autant, il ne sait pas quoi répondre, il aurait aimé le réconforter, lui dire à quel point il est important pour lui, mais les mots ne sortent pas. Alors, il tente d'attraper le bras d'Eijiro, sûrement pour le prendre dans ses bras, mais le rouge l'en empêche en repoussant sa main. Il regarde Katsuki dans les yeux.

- Sort.

Le blond regarde Kirishima dans les yeux, des larmes ont commencé à couler sur ses joues, mais son expression n'est pas triste, il semble vraiment en colère. Le bras de Bakugo reste en l'air, immobile.

- Sort, Bakugo. Laisse-moi tranquille.

Il faut encore quelques secondes avant que Katsuki se retourne, pour sortir et fermer la porte derrière lui, le cœur brisé. Kirishima, lui, reste un temps face à cette porte fermée, il laisse les larmes couler le long de ses joues avant de s'asseoir sur le sol de sa chambre, secoué de sanglots. 

KiriBaku : Accepter ces sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant