Chapitre 35

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Cela fait presque deux heures que Kirishima est ligoté dans l'une des bases de l'Alliance. Depuis son réveil, Memorī s'amuse à fouiller sa mémoire. Il a résisté un moment à cette torture psychologique. Mais à force de voir défiler ses souvenirs les plus douloureux, visualiser ses peurs et faiblesses les plus profondes ont fini par avoir raison de lui. Depuis plusieurs minutes déjà, Eijiro ne répond plus aux répliques et attaques verbales de la blonde avec lui. Cette dernière rit en voyant l'état pitoyable dans lequel elle a mis le jeune héros et ne se prive pas de s'en féliciter, admirant l'horreur du spectacle qu'elle a elle-même créé.

- Alors là, je me suis surpassée, hihi. Maintenant, passons à la deuxième étape.

Elle sort son téléphone et prend une photo du rouge qui ne remarque même pas. Après quelques clics sur son appareil, elle l'apporte à son oreille, un mauvais sourire toujours figé sur son visage jusqu'à ce qu'elle entende la voix de la personne qu'elle voulait joindre.

- Ayumi bordel ! Je vais t'arracher la tête espèce de folle ! Qu'est-ce que t'as fait à Kirishima ?

- Mon amour, je t'ai déjà dit, moi c'est Memorī. Tu as vite compris que c'était moi dis donc, je suis fière de toi. Ton copain va bien, je t'ai envoyé une jolie photo pour que tu t'inquiètes moins, regarde.

Un silence suit sa dernière phrase pendant que Bakugo se rend sur l'application pour découvrir la fameuse photo. Kirishima est assis dans la même chaise que Bakugo lors de son kidnapping. Il a la tête baissée et semble dans un piteux état. Mina et Izuku, qui observent aussi l'écran, retiennent un cri d'effroi tandis qu'Aizawa sent la même colère monter en lui que lorsque l'Alliance s'en est pris à Bakugo. En relevant la tête vers son élève, il comprend très bien qu'il est sur le point d'exploser. Il a vraiment l'impression d'assister à la même scène que lors du camp d'été, sauf que les rôles sont inversés. Il ressent en Bakugo la même inquiétude et culpabilité que Kirishima. Presque immédiatement, il pose sa main sur l'épaule du blond et le tient fermement pour attirer son attention. Lorsque le regard du jeune homme rejoint celui de son professeur, il comprend que la suite des événements dépend de lui et qu'il faut qu'il garde son calme pour le sauver. Katsuki prend une grande inspiration et approche son téléphone de sa bouche.

- C'est moi que tu veux non ? Alors relâche-le.

- Ah non ! Certainement pas ! Je ne suis pas idiote, si je fais partir le rouquin, tu ne viendras jamais.

- Qu'est-ce que tu veux faire... Memorī...

- Un échange. Je ne le libérerai que quand je t'aurais récupéré à sa place, Bakugo.

Le prénom du blond ramène Eijiro à la réalité, qui arrive à comprendre la proposition qu'Ayumi est en train de faire à son ami, il utilise le peu de force qu'il lui reste pour crier, en espérant que le garçon au téléphone l'entende.

- Katsuki ! Ne vient pas je t'en supplie !

Des frissons parcourent le corps entier de Bakugo à l'entente de cette voix, qui l'a appelée par son prénom en plus. Il sait que ça ne sert à rien de répondre, puisque le rouge ne l'entendra pas, mais au fond, il a vraiment envie de lui dire de se la fermer. Car évidemment, il ne va pas le laisser dans cette situation. Le blond est coupé dans sa réflexion par Ayumi qui reprend la parole.

- Il est coriace, celui-là. Écoute mon chou, je vais t'attendre au niveau du parc pour enfant à côté de ton école dans trente minutes, à tout à l'heure !

- Ayumi attends !

L'appel se coupe. Les quatre personnes ayant vécu cette discussion se fixent les unes après les autres. Mina a les yeux remplis de larmes alors que la colère se lit dans ceux des autres. Dans un mouvement de rage, Bakugo éclate son téléphone sur le sol et prend la direction du couloir.

- Bakugo ! Où crois-tu aller ?

- À votre avis ? Vous croyez que je vais retourner sagement au dortoir alors que cette folle est en train de torturer l'autre tête d'orties ?! Je vais aller chercher Kirishima ! Et elle je vais la crever !

- C'est pas comme ça que ça fonctionne, tu n'iras nul part tout seul, et encore moins sans stratégie, compris ?

Le blond s'arrête net. Cela veut dire que son professeur va le laisser y aller. Une once de soulagement et de gratitude se font ressentir dans son corps.

- Ashido, Midoriya, aller chercher Yaoyorozu et rendez-vous dans votre salle de classe. Je vais aller prévenir les professeurs, Bakugo, tu viens avec moi.

Une réunion d'urgence s'est tenue dans les minutes qui ont suivi l'appel. Tous les héros professionnels présents dans le lycée se sont retrouvés dans la salle de classe des secondes A, en compagnie de Katsuki, Momo, Mina et Izuku. Le vert a insisté pour participer à la mission, malgré les supplications de son professeur pour que les 3 élèves retournent aux dortoirs. Il l'a promit à Bakugo, ils arrêteront Ayumi ensemble. Ce ne sont que Momo et Mina qui y retournent, la rose a aussi insisté pour venir, mais son professeur a refusé en voyant l'état de son élève, incalmable depuis l'appel. Izuku et Bakugo suivent donc les héros jusqu'au lieu de rendez-vous. Là-bas, ils y trouvent Memorī, qui est en train de faire des petits allers-retours sur une balançoire, elle se relève dès qu'elle aperçoit le groupe s'approcher d'elle. Le sang de Bakugo se glace lorsqu'il l'aperçoit, elle a le même sourire que lorsqu'elle l'a torturé. Ce souvenir est toujours très ancré dans l'esprit du blond, qui ne peut qu'imaginer l'état dans lequel est Kirishima en ce moment si elle lui a fait la même chose. D'ailleurs, la jeune fille est seule. Bakugo se sépare du groupe en volant à l'aide de ses explosions pour arriver à sa hauteur.

- Où il est ?!

- Dis donc, je pensais que nos retrouvailles seraient un peu plus intimistes, Bakugo. Pourquoi t'as ramené tout ce beau monde ? T'as peur de moi, c'est ça ? Après toutes ces années ensemble ?

- Ça suffit Ayumi, dis nous où est Kirishima !

- Deku ! Ça fait un bail ! Tu m'as manqué, tu sais. Désolé, le contexte n'est pas le plus adéquat pour papoter, mais ça va avec ton Alter ?

- Arrête de piailler, merde ! Je suis là alors on fait l'échange !

- Oui, sauf que tu vois, mon chou, je pensais que tu allais la jouer fair-play et venir seul. Or ce n'est pas le cas, alors on va faire autrement.

Sans que personne n'ait le temps de réagir, deux portails créés par Kurogiri engouffrent Bakugo et Memorī à travers le sol, sous le regard impuissant des héros. 

KiriBaku : Accepter ces sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant