Chapitre 38

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Kirishima réussit finalement à raconter les grandes lignes de ce qu'il avait subi, expliquant, souvenir après souvenir, les images qu'il avait revécu pendant que Memorī commentait ce qu'ils voyaient tous les deux. Plusieurs, fois, il avait entendu la jeune fille le traiter d' "incapable", de "fragile", de "bon à rien" juger ses actions : "pathétiques", "ridicules", "pitoyables".

"Tu veux devenir un héros pour essayer de te convaincre que tu n'es pas faible, tu n'as pas d'intentions altruistes, comment crois-tu pouvoir sauver des gens ?"

"Tu trouves ça viril toi, de ne même pas réussir à venir en aide à deux adolescentes terrorisées, hein ?"

"Tu te rends compte de ce que tu fais subir à ta meilleure amie, tu lui as balancé tous tes problèmes à la gueule sans même te soucier de la charge mentale que tu lui foutais sur les épaules ! T'es un mauvais ami en plus du reste."

"Ta vie n'est qu'une succession d'échecs, tu penses pouvoir rendre fiers tes parents ? Tu leurs as dit pour la scarification ? Tu crois qu'ils seront fiers de savoir que leur fiston est assez déséquilibré pour faire ça ?"

Bakugo écoute son ami, se forçant de rester silencieux pour ne pas l'interrompre, même si l'envie d'exploser tout ce qui l'entoure à cause de la colère qui grandit en entendant son discours est plus que présente. Pendant une longue partie de son histoire, Kirishima a les yeux baissés, rivés vers ses mains qui agrippent le tissu de son jogging pour se déstresser. Les larmes lui sont montées aux yeux plusieurs fois mais il s'était empêcher de pleurer, sachant que ça allait le couper dans son histoire et qu'il n'aurait sûrement plus la force d'en parler ensuite. Une fois qu'il a raconté tout ce qu'il se sentait capable de dire, le rouge souffle, comme pour tenter d'expulser l'angoisse que tout cela lui procure.

- Voila, tu sais maintenant.

- Putain, j'aurais vraiment dû la buter.

- Honnêtement Bakugo, elle avait raison sur to-

- Tu ferais mieux de fermer ta gueule avant de finir cette phrase tête d'orties, elle a juste utilisé tes propres complexes et angoisses pour te détruire, en te faisant croire que ces petits épisodes te définissent entièrement !!

- Je sais ça mais, tout ce que j'ai vu, c'était vraiment mes souvenirs, rien n'a été exagéré ou modifié, qu'on fasse partie de l'Alliance ou non, c'est sûrement ce que tout le monde se dirait en les voyant...

- Tu viens littéralement de me les raconter, ces souvenirs, et ça n'a rien changé par rapport à comment je te voyais avant.

- Et tu me voyais comment avant ?

- Tu te souviens quand j'ai dormi chez toi ?

Cette soirée, c'est celle où Bakugo a appris pour ses coupures, mais c'est surtout le soir où ils se sont embrassés pour la première fois, après que le blond ait calmé les angoisses de Kirishima. Il lui avait dit à ce moment-là que le fait qu'il se batte contre son anxiété le rendait fort, contrairement à ce que le rouge pensait, et qu'il était digne d'être un héros. En repensant à tout ça, un fin sourire se dessine sur les lèvres du rouge, qui n'a toujours pas réussi à relever les yeux. Il voit une main s'approcher de son visage, Bakugo lui attrape doucement le menton pour que leurs visages se fassent face (lol).

- Je te trouve encore plus courageux et fort qu'à ce moment-là, alors ne crois pas les conneries que l'autre folle t'as mis dans le crâne.

Des frissons parcourent tout son corps alors qu'il fixe ce garçon, qui ne doit même pas entièrement comprendre l'impact qu'il a sur lui. Qui ne doit pas réaliser qu'une seule de ses phrases peut totalement le chambouler, lui donner l'espoir et l'envie de se remettre de cette épreuve, de gagner, d'être fort, tout simplement. Deux petites larmes perlent aux coins de ses yeux en même temps que ses dents apparaissent dans un immense sourire.

- Je vais essayer, merci beaucoup, Katsuki.

Ce-dernier l'observe, soulagé de voir qu'il a peut-être réussi à rattraper ses erreurs. Du moins, à amener Kirishima sur la voie de la guérison. Il retire enfin sa main du visage du rouge et répond à sa dernière phrase par un hochement de tête. C'est à ce moment que son regard se pose sur le bras du rouge, et sur la future cicatrice qu'il gardera à vie, au vue de la profondeur des entailles qui lui ont été infligées. C'est là que toute la honte refait surface, il est tout aussi responsable qu'Ayumi, si ce n'est plus, de l'état dans lequel le rouge se trouve actuellement. Il ne peut pas lui imposer sa présence plus longtemps. Bakugo se relève alors du lit.

- Je peux te laisser maintenant.

- Comment ça "tu peux" ?

- Je sais que j'ai ma part de responsabilité dans ce qu'il s'est passé, je t'ai déjà causé assez de tort.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Je savais ! D'accord ? Je savais qu'elle en avait après toi, elle m'a fait la même chose qu'à toi après le foutu camp d'été et m'avait dit qu'elle essaierait de te faire du mal. Mais je t'ai rien dit, j'ai préféré me protéger plutôt que toi, voila ce que je raconte !

Bakugo pivote alors son corps, il est maintenant dos à Kirishima, poings serrés, les lèvres pincées. Il fait quelques pas pour s'approcher de la fenêtre par laquelle il était arrivé plus tôt pour repartir, il entend le bruit des draps sur le lit derrière lui, signe que le rouge s'est levé aussi. Alors qu'il n'est qu'à quelques centimètres de sa "porte" de sortie, Eijiro lui attrape la main et tire son bras, l'obligeant à se retourner face à lui. Le blond n'a pas le temps de réagir qu'il sent maintenant sa main entraînée en avant avec force. En quelques secondes, il se retrouve collé à l'autre garçon, qui l'entoure de ses deux bras. Un silence s'installe quelques secondes durant lesquelles Bakugo ne bouge pas, figé au milieu de cette chambre d'hôpital, enlacé par le garçon à qui il considère avoir fait tant de mal.

- Je t'ai entendu, quand tu es venu me rejoindre après l'attaque, tu t'es déjà assez fait souffrir avec tout ça. Ayumi a sûrement pas été tendre avec toi non plus, je suis désolé de pas avoir pû t'aider quand ça s'est passé.

Une chaleur réconfortante traverse le corps du blond, une chaleur qu'il n'a jamais ressenti auparavant. Mais en sentant sa gorge se nouer et son coeur battre plus fort, il arrive finalement à comprendre ce qu'il se passe. Il est soulagé, Kirishima n'a pas l'intention de s'éloigner de lui à cause de cet événement et ne lui reproche en aucun cas le fait qu'il ai gardé le silence sur les menaces d'Ayumi. Ce qu'il a fait lui semble toujours impardonnable, mais le fait que le rouge ne lui reproche pas son comportement le remplit de joie. Il arrive finalement à reprendre ses esprits et à glisser ses bras autour des hanches du rouge. Il place son visage en face de celui du sien et l'embrasse. Un baiser puissant et rempli d'émotions pour les deux jeunes hommes. 

KiriBaku : Accepter ces sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant