Chapitre 16

458 54 24
                                    




Le bruit des portes résonnait encore dans les oreilles de Kara. La jeune fille respira difficilement, en proie d'une angoisse naissante.

Le vent fit danser lugubrement les arbres noirs et blancs. C'était la première fois qu'elle en voyait d'une telle couleur et elle ne savait pas si c'était le manque de lumière ou le froid du vent qui rendait l'endroit encore plus sinistre qu'il ne l'était déjà.

-- Allez vient, il faut qu'on trouve le portail, ordonna Léna en touchant légèrement la main de Kara. Regarde bien où tu marches et fait attention à ce qu'il y a autour de toi. La nuit va être longue et difficile.

Kara examina autour d'elle et se mit à courir après Léna lorsqu'elle se rendit compte que cette dernière avait avancé sans elle.

— Donc, si on y arrive pas, on meurt. C'est ça l'idée ?

— Plus ou moins... Répondit vaguement Léna.

« Plus ou moins » qui répondait ce genre de chose à une question pareille ! C'était oui ou non ! Point. Il n'y avait pas d'entre deux.

Léna sortie son épée et marcha prudemment. La blonde l'imita. Elle posait les pieds aux endroits même où Léna posait les siens, à la différence près que Kara était bien plus bruyante que sa partenaire.

— J'ai pas signé pour ça, chuchota la blonde.

— En toute objectivité, tu n'as jamais rien signé.

Léna tenait son épée levée devant elle. La jeune femme scrutait la forêt d'un oeil aguerri. C'était assez impressionnant de la voir en pleine action. Elle était atrocement silencieuse. Ce calme avait le don d'augmenter le taux d'angoisse de Kara et lorsqu'elle avait peur, elle parlait.

— Tu crois que je peux intenter un procès contre l'école pour enlèvement, séquestration et mise en danger de mort ? Parce que dans mon monde, nombreux seraient les avocats qui se battraient pour s'occuper de mon cas.

— Je ne comprends rien à ce que tu me dis, lança Léna d'un ton légèrement irrité.

— Je dis que je ne suis pas d'accord avec le principe de mise à mort d'un élève ! C'était plus clair là ? Répondit-elle plus bruyamment.

Léna se retourna vivement et attrapa sa partenaire par le col avant de la plaquer fortement contre un arbre. Kara sursauta sous l'effet de la surprise et laissa échapper un léger cri dû à la violence du choc dans son dos. Léna la fixa avec une telle rage dans les yeux que Kara eut du mal à déglutir.

— Écoute-moi bien maintenant. Je veux que tu te la fermes et que tu te concentres.

Kara voulut répondre, mais Léna la poussa une seconde fois. L'écorce qui rentra une seconde fois dans son dos lui coupa à Kara toute envie de répliquer.

— On n'est pas dans ton monde, on est dans le mien. Ici, on survit et on se bat pour exister. Est-ce que c'est bien compris ?

La détermination de Léna se lisait à travers ses iris et ce regard avait quelque chose d'enivrant. Kara sentait la main de sa partenaire sur sa poitrine et son corps pressé contre le sien. Une chaleur inconnue monta petit à petit aux joues de Kara, alors que le vent glacial s'abattait sur elle.

— Est-ce que c'est clair, Kara ? Demanda Léna une seconde fois, plus doucement, cependant, que la première.

— Oui, souffla-t-elle.

Léna recula d'un pas, mais plaqua soudainement une main contre la bouche de Kara. Ses yeux étaient passés de l'énervement à l'inquiétude en une fraction de seconde. Un bruit de pas résonnait dans la forêt. Elle fit un signe à Kara qui lui indiqua de ne faire aucun bruit.

Alancia tome 1 : le pouvoir doréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant