Chapter thirty seven

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CHAPTER THIRTY SEVEN

NARCISO

Bonsoir, chef.

Cette phrase tourne en boucle dans mon cerveau. J'ai envie de vomir à chaque fois que je l'entends retentir à nouveau dans mes oreilles. J'ai dû mal comprendre, c'est certain. Ce n'est peut-être pas mon père qui a parlé, mais Giuseppe. Giuseppe ne peut pas être à la tête de tout ça, c'est pas possible. Et pourtant, mon cerveau me fait comprendre que j'ai très bien entendu. Mais rien n'a de sens. Je ne comprends rien. Pourquoi Giuseppe serait le chef de mon père ? Et le chef d'Hector ? Il n'a rien à gagner à nous abattre, Perla et moi ! La scène se rejoue encore et encore sous mes yeux, alors que je fixe la commode devant moi.

Mon père, qui appelle son propre neveu chef.

J'ai l'impression que mon âme a quitté mon corps à l'entende de ses mots, et que depuis, je ne suis plus qu'une enveloppe faite de chair et d'os. J'ai envie d'hurler, d'exprimer ma douleur, mais rien en sort d'entre mes lèvres. Un grincement de porte m'alerte, mais je ne détourne pas le regard de la commode. Des chuchotements me parviennent.

- Il est comme ça depuis qu'on est rentrés. Il n'a pas décroché un mot, et c'est pas son genre. Ça me fait flipper.

A qui Perla parle-t-elle ? Quelqu'un vient se mettre dans mon champ de vision. Même le visage de mon meilleur ami ne me décroche pas de sourire. Mon cerveau tourne à mile à l'heure. Lui aussi est un traitre ? Lui aussi travaille avec mon cousin et mon père ? La douleur dans ma poitrine s'accentue.

- Hey. Ça va, mec ?

Je l'ignore. J'ai les idées embrouillées. Mon cerveau nage dans un bouillard si opaque que je n'arrive pas à distinguer la réalité du cauchemar. Je m'enfonce un peu plus dans le fauteuil, entourant mes jambes de mes bras. Je laisse reposer mon menton sur mes genoux, en fermant les yeux, pour tenter de faire leurs voix dans ma tête. Je sais que je ne suis pas une bonne personne, que j'ai fait énormément d'erreurs. Mais j'essaye de m'améliorer chaque jour, en étant un bon mari pour ma femme, un bon père pour ma fille. Alors pourquoi la vie a décidé de me punir en détruisant ma vie, ma famille ? Tout mon entourage me poignarde dans le dos. J'ai déjà souffert en perdant ma mère et ma Nonna, mais là, c'est comme si mon père et mon cousin étaient morts. Je suis tout seul, il ne reste plus que moi.

- Je crois qu'il est en état de choc, retentit la voix de mon meilleur ami. Qu'est-ce que vous avez découvert pour qu'il soit dans cet état ?
- Giuseppe est... Est le chef de Francesco. C'est lui qui est à la tête de tout ça, Luis...

Les sanglots secouent Perla, mais je suis incapable de relever la tête. Je voudrais la prendre dans mes bras, la rassurer, mais j'en suis tout simplement incapable. Mon corps est comme éteint, tout le contraire de mon esprit qui lui, n'arrête pas de me renvoyer à la gueule la situation. Je suis trahi par ma propre famille, par les personnes qui partagent le même sang que moi. Une idée me traverse l'esprit. Et si Perla travaillait avec Giuseppe ? Après tout, ils sont sortis ensemble pendant ma disparition. Je ne peux pas rester dans la même pièce qu'eux. J'ai l'impression de suffoquer.

- Barrez-vous, dis-je en relevant la tête.

Les deux me regardent, interloqués par mes mots. Perla est encore dans les bras de Luis, les yeux larmoyants. Elle ne porte plus que ses lentilles, mais au vu de la rougeur de ses yeux, elles ont l'air de la faire souffrir.

- Cassez-vous, et laissez-moi, dis-je en me levant.
- Narciso, tu es en état de choc, et je...
- Je ne suis pas en état de choc ! hurlé-je. Mais peut-être que toi aussi, tu es de leur côté ? Après tout, mon père, mon cousin, pourquoi pas mon meilleur ami ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? lâche Perla. N'accuse pas Luis parce qu'il...
- Tu es mal placé dans cette histoire, dis-je en me tournant vers elle.

Fallen for the enemy : Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant