Fallen for the enemy : Tome 2

Chapter eleven

CHAPTER ELEVEN

NARCISO
Heure et lieu : inconnu

Une violente douleur me sort de ce drôle de sommeil. Je m'assois difficilement dans ce qui ressemble à un lit. Il ne ressemble en rien à celui sur lequel je dors depuis deux ans. Celui-là m'est totalement inconnu, et immense. Il peut facilement accueillir trois personnes, et nous ne nous toucherions même pas. J'ai rarement vu un lit aussi grand. Je balaie la pièce du regard, seulement éclairée par une petite lampe sur la table de chevet. Elle m'est familière, mais je n'arrive pas à la situer dans mes souvenirs. Merde, mais ou est-ce que je suis ? Pourquoi je n'ai aucun souvenirs de ce qui m'est arrivé ? Je m'assois sur le bord du lit, sans pouvoir retenir une grimace en sentant mon corps endolori. J'ai l'impression d'être défoncé, alors que je n'ai jamais pris de drogue putain. Je mets une éternité à me mettre debout. Mais au moment où je suis totalement droit, un violent vertige me prend. Je ferme les yeux en me retenant au mur le plus proche, en attendant qu'il passe. Je me stabilise enfin, pour pouvoir avancer jusqu'à l'immense baie vitrée, que j'ouvre d'une main fébrile. Je sors sur la terrasse, pour tenter d'apercevoir le paysage. Mais c'est l'obscurité qui m'accueille, ainsi qu'un son que je n'avais pas entendu depuis des lustres. Le bruit des vagues. Ce qui signifie que... Que je ne suis plus chez mon père. Je souris comme un idiot. Je ne suis plus chez lui, je suis libre ! Je passe mes mains dans mes cheveux, mais une nouvelle douleur au niveau de mon ventre me rappelle à l'ordre. Je baisse la tête, en venant lever mon tee-shirt. Putain mais c'est quoi cette énorme entaille recousue ?! Pourquoi je n'ai aucun souvenirs de m'être fait recoudre le flanc ?

      - Pourquoi je ne me souviens de rien ? murmuré-je à moi-même.

Ça fait un mal de chien. Je rebaisse mon tee-shirt, ne supportant pas la vue d'une énième cicatrice sur mon corps. Une de plus ou de moins, ça ne changera pas grand-chose de toute façon. Je m'apprête à retourner dans la chambre, quand la porte s'ouvre. La lumière du couloir épouse les contours de son corps, tel un ange dans l'obscurité de mon enfer. Elle a une sorte de gros chignons sur la tête, et porte des vêtements larges. Elle s'approche du lit dans lequel j'étais quelques minutes plus tôt. Je n'avais pas remarqué le fauteuil qui est juste à côté. Comme si quelqu'un veillait sur moi.

      - Putain mais c'est quoi ce bordel ? dit-elle en regardant le lit vide.
      - C'est moi que tu cherches, mon ange ? dis-je en souriant.

Elle sursaute, en se tournant vers moi. Ses beaux yeux verts se remplissent de larmes, tout comme les miens.

      - Tu es enfin réveillé, souffle-t-elle en souriant.

Je n'ai pas le temps de lui répondre, qu'elle se précipite dans mes bras. L'impact de son étreinte me fait vaciller en arrière. Je pose mon menton sur sa tête, en fermant les yeux. Je retiens une grimace, en la sentant me serrer aussi proche de l'entaille. Il ne faut pas que je lui montre que ça me fait mal, je dois rester fort, pour elle. La chaleur de son corps contre le mien me fait sourire. Ça y est, elle est là, dans mes bras, sans que le temps ne nous soit compté. C'est bien réel, putain. J'ai enfin retrouvé ma femme. Je profite de notre étreinte pour enfouir mon nez dans ses cheveux. Elle a toujours la même odeur si familière, cette odeur que j'aime tant. Un mélange de son parfum préféré de chez Armani, et son après-shampooing à la lavande.

      - Où est-ce qu'on est ? demandé-je alors qu'elle recule légèrement.
      - Chez Gregorio et Clara, à Palerme, dit-elle en me détaillant. Tu te souviens de quelque chose ?
      - Non, absolument rien, avoué-je.

Elle me prend la main, pour m'emmener au niveau du lit. Elle m'incite à m'asseoir sur le fauteuil, alors qu'elle prend place sur le lit juste face à moi. Je rapproche le fauteuil, pour être encore plus proche d'elle, et pouvoir lui prendre les mains.