⋆ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟗

90 15 55
                                    

     L'excitation d'Ambre surpassait son angoisse, la torture prenait fin, Dougal n'était plus qu'à quelques kilomètres d'elle. Depuis treize heures, elle se pomponnait dans la salle de bain. Eye-liner, mascara, rouge à lèvres, elle s'appliquait plus qu'au quotidien. Ses cheveux dégageaient une odeur d'ylang-ylang ; elle contrôlait chacun de ses gestes, elle devait séduire son ami. Pourtant, elle se demandait comment se passerait cette journée. Dougal serait-il aussi mal à l'aise que la première fois ou se comporterait-il comme dans leurs longs échanges ?

     — T'as bientôt fini ? J'ai besoin de la salle de bain ! gronda Paolo.

     Ambre finalisa sa mise en beauté. Lorsque son regard croisa son reflet, un sourire béat ornait ses lèvres. Elle ignorait les intentions de Dougal et s'il partageait ses sentiments. Elle n'était sûre que de son désir ardent.

Derrière la porte, Ambre découvrit Paolo, assis contre le mur. Elle se pencha pour embrasser sa joue, la teintant d'une marque rosée.

     — Eh ben !

     — Oui ? rit Ambre.

     — T'es vraiment jolie.

     — Merci.

     — Passe une bonne journée.

     Entre les deux colocataires, les tensions persistaient. Ambre continuait de lui en vouloir par rapport à son envie de quitter Besançon. Ce déménagement la laissait croire qu'il ne tenait pas assez à elle : s'il était capable de partir à plus de 400 kilomètres, il ne pouvait prétendre l'apprécier comme il le disait. Néanmoins, ces pensées ne devaient pas envahir son esprit. Pas aujourd'hui.

     Dans la voiture de Jérôme, Ambre plongea dans ses songes. Elle colla son front contre la vitre de la portière. Le paysage défilait sous ses yeux, les maisonnettes, les arbres, les immeubles. Même si elle essayait de garder la face, se persuadant que Dougal ne pouvait qu'être attiré par elle, certains doutes planaient.

     — T'as l'air tellement amoureuse ! s'amusa Jérôme, la sortant de ses pensées.

     — N'importe quoi, je l'apprécie, c'est tout.

     — Tu parles ! J'ai hâte que tu me le présentes.

      À la remarque de son aîné, Ambre détourna le regard. Jérôme manœuvra pour ne pas avoir à s'engager dans le parking et fit descendre sa sœur. Il lui souhaita de profiter de son rendez-vous et repartit aussitôt.

     Ambre marchait entre les voitures stationnées à la recherche de Dougal. Une paire de mains fraîches se posa sur ses yeux, accompagnée d'un souffle. Un murmure glissa contre son oreille :

     — J'ai cru que tu ne viendrais pas.

     Un frisson parcourut l'échine d'Ambre, ses muscles se crispèrent. Elle se retourna brusquement, son cœur battait la chamade. Elle ne pouvait détacher son regard de Dougal, hypnotisée, comme si elle le revoyait pour la première fois. Ses cheveux tombaient sur ses yeux, sa barbe était bien taillée. Jamais elle n'avait dit de vive voix à un garçon qu'il était beau, mais à cet instant, elle aurait eu envie de lui crier. Néanmoins, elle resta muette, il l'intimidait autant qu'il l'envoûtait.

Dougal embrassa tendrement la joue de son amie. Son visage rougit. Elle se sentait si niaise qu'elle craignait d'être ridicule.

     — Tu me troubles, lâcha-t-il.

     — Est-ce que c'est une bonne chose ?

     — Je crois bien, oui.

     — Alors je vais continuer, s'amusa-t-elle. On y va ? Il y a des coins très jolis à voir. Enfin... Tu connais peut-être déjà bien Besançon ?

Les fleurs renaissent au printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant