⋆ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟕

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     Malgré le temps pluvieux, Stephen et sa meilleure amie se promenaient dans un parc verdoyant aux abords de l'hôpital. Ils ne réalisaient toujours pas qu'ils étaient ensemble, larmoyants. L'intensité de leurs retrouvailles avait touché Véronique, qui avait accepté que sa fille s'éloigne un moment.

Paolo n'était pas venu. Il s'était contenté d'annoncer la nouvelle à Stephen la veille et avait repris le travail, soulagé et heureux. Désormais, c'était son comportement qui échappait à l'étudiant.

     Ambre remonta la fermeture de sa veste. Elle ressentait la fraîcheur de l'automne. En marchant, les deux amis n'avaient parlé que de leur amour l'un pour l'autre et du bonheur qu'ils éprouvaient de se retrouver. Pourtant, une question taraudait Stephen.

     Ils arrivèrent sous les arbres, Stephen proposa à Ambre de s'asseoir sur un banc, le rythme de ses pas ralentissait. Elle se sentait fragilisée et fatiguée par cette marche.

     — Chaton, dis-moi...

     Elle écouta, se rapprochant de Stephen qui avait la main posée sur sa cuisse. Sa tête tomba contre son épaule et elle ferma les paupières.

     — Est-ce que... tu avais conscience de ce que tu faisais ?

     Elle garda le silence, mordant sa lèvre inférieure, asséchée par la météo.

     — Dis-moi que tu n'as pas réellement essayé de te suicider...

     — Steph... murmura-t-elle. Je ne m'en souviens pas... Je... Je ne pense pas que j'ai envie de mourir, mais je me sens... un peu morte. Vide...

     Un triste sourire s'afficha sur son visage. Si sur le moment, l'envie d'en finir existait, elle l'ignorait. Une majeure partie de sa soirée s'était effacée de sa mémoire. Elle avait été horrifiée par les entailles qui zébraient sa peau, si sa mère n'avait pas été auprès d'elle, elle en aurait vomi.

     À son réveil, Ambre était agitée, apeurée et perdue, comme si elle sortait d'un cauchemar ou hallucinait. La présence de Véronique avait pu l'apaiser. Quand Gaspard était parti chercher le Docteur Simon, la mère avait caressé les cheveux de sa fille, chuchotant les mêmes mots que lorsqu'elle était enfant et toutes deux avaient pleuré. Cette expérience, pour rien au monde Ambre aurait aimé la revivre.

     — Je suis désolé, dit Stephen.

     — S'il te plaît, tu ne dois pas te sentir coupable.

     Ambre s'écarta de l'épaule de son meilleur ami et déposa un baiser sur sa joue humide et rougie, voulant faire disparaître toute sa culpabilité. Elle refusait qu'il souffre par sa faute.

     — C'est moi, qui suis désolée...

     Ambre observa le sourire crispé de Stephen et l'embrassa. Rien qu'un chaste baiser, d'une demi-seconde, un baiser d'amitié. Et les iris gris de l'étudiant luisirent, éveillés par cette tendresse. Son visage s'adoucit, il sécha les larmes qui s'échappaient des yeux d'Ambre, avant de s'exprimer :

     — Je te promets de rester auprès de toi. Jamais je ne t'abandonnerai et j'espère que tu me croies si je te dis que tous les autres aussi. Zoely et Nina ont énormément culpabilisé... elles pensaient que votre conversation... c'était la raison de cet acte insensé, elles... elles m'ont dit que tu parlais de « dénouement ».

     — Je suis désolée, répéta-t-elle. Sincèrement.

     Non loin, l'orage gronda et les nuages assombrirent le ciel. De grosses gouttes atterrirent sur le sol et dans les cheveux des deux amis. Ils se protégèrent avec leurs capuches et Stephen se leva, tendant sa main à Ambre. La pluie était si forte qu'elle frappait contre ses doigts.

Les fleurs renaissent au printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant