Ambre atteignit le lieu de rendez-vous, ses pas accélérés par l'envie puissante de retrouver Dougal. Son corps flottait.
Devant le bâtiment, des jeunes buvaient et fumaient dans une atmosphère festive. À l'intérieur, tout l'espace était occupé, les soirées karaoké attiraient du monde. Et entre fléchettes, billard et baby-foot, les clients avaient l'embarras du choix pour passer un agréable moment.
Ambre s'arrêta au milieu de la foule, la balayant du regard. Depuis les pavés, elle scrutait chaque visage à l'intérieur, avant de croiser celui qu'elle convoitait. Un frisson lui parcourut l'échine, il souriait. Pour admirer éternellement ce sourire, elle aurait vendu Ciel et Terre.
Dougal échangea sa place au baby-foot, puis sortit.
Immobile, Ambre contemplait son allure. Ses cheveux avaient poussé et tombaient toujours plus sur ses yeux verts. Elle avait envie de glisser ses doigts dans cette masse ébène et l'embrasser à lui couper le souffle. Elle s'accrochait à l'espoir. Sa vulnérabilité s'éveillait à ses côtés, il était sa faiblesse. L'amour qu'elle lui portait avait tout d'un poison, pourtant, elle savait qu'il était fait pour elle.
Leurs regards ne se lâchaient pas. Ambre se noyait dans l'aura de Dougal, dans son visage fin et ses deux grains de beauté presque symétriques sur chacune des joues. Elle voulait que leurs âmes s'épousent.
Reprenant ses esprits pour donner l'impression d'être sobre, Ambre lui adressa une salutation. Elle s'attendait au même mot de sa part, mais Dougal, prit d'une ardente pulsion, l'entoura de ses maigres bras. Cette étreinte était semblable à celles qu'ils avaient partagées. Ambre profita de la chaleur de cette prompte affection.
Son cœur lui hurlait de ne jamais perdre ce contact et elle se serra davantage contre lui. Elle huma l'odeur de Dougal, son tee-shirt exhalant son habituel parfum. Plus rien n'existait, elle vivait dans une dimension parallèle, dans laquelle les ruptures mourraient et l'amour persistait indéfiniment.
Cependant, à l'encontre de ses désirs, Dougal s'écarta. Il lui parlait, mais elle n'écoutait pas. Elle s'égarait dans ses pensées idylliques, quand un rire la remit face à la réalité. Bon sang, ce rire. Il avait la saveur d'un souvenir, d'un instant que, pour rien au monde, on n'aimerait oublier. Dougal n'était peut-être pas l'homme le plus allègre qu'elle connaissait, mais chaque expression de sa joie la comblait.
— Hum... J'ai l'impression de parler à un mur... Je vais te chercher un verre, attends-moi.
Ambre se retira de la foule, sa poitrine se serrait à chacun des pas de Dougal. Elle eut envie de pleurer, comme s'il l'abandonnait encore. Elle prit place sur les marches d'un bâtiment. Les effets du whisky se dissipaient lentement, mais son crâne hurlait de douleur.
Dougal revint, la boisson dans une main et son sac à dos dans l'autre. Assis à côté d'Ambre, il chercha de quoi rouler un joint. Ses pupilles dilatées et ses yeux rougis prouvaient qu'il était lui aussi dans un état second.
Ambre but son cocktail comme un jus de fruits. Son regard tomba dans les affaires de Dougal, elle repéra des médicaments. Il en avait toujours en quantité excessive, elle craignait qu'il expérimente un genre de mixture mortelle. Elle posa son verre sur le sol avant de dire, provocatrice :
— Je ne comprends pas, tu sembles toujours prendre des tonnes de cachets et pourtant, ça n'a pas l'air de guérir ton anxiété.
— Pardon ? sourit faussement Dougal.
Cette remarque sur ses troubles anxieux le vexa. Il la trouvait naïve, voire ignorante, et cela accentuait sa sensation d'être anormal. Pourtant, son état mental n'avait rien de surprenant d'un point de vue psychique. Ambre n'avait pas conscience de la réalité de la dépression sévère et du mal qui habitait Dougal. S'il avait osé lui en parler, jamais elle n'aurait prononcé de tels mots.
VOUS LISEZ
Les fleurs renaissent au printemps
RomanceAmbre est une étudiante passionnée par le cinéma et effrayée par la solitude. Ses amis, les soirées et l'ivresse rythment son quotidien, pourtant, l'année de ses vingt ans exprime un tournant considérable dans sa vie. Après avoir rejeté les avances...