⋆ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

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     La clarté du jour pénétra la chambre. Cette pièce ne pouvait mieux représenter Ambre : une caméra sur un trépied, des plantes, des bougies et du jaune. Elle aimait l'ambiance qui s'en dégageait depuis qu'elle avait branché une guirlande lumineuse vers les photographies d'elle et de ses amis.

     En émergeant, Ambre passa en revue les événements de la veille. L'abus d'alcool alourdissait son crâne et elle sentait son estomac se retourner. L'idée de se lever pour se préparer la rendait malade, mais elle refusait de répondre à l'appel séduisant du sommeil.

Elle réussit à s'asseoir au bord du matelas. Le contact entre ses pieds nus et le parquet frais la fit frissonner. Elle frotta ses yeux, encore à demi clos, et appuya ses doigts contre ses tempes. Cette journée lui semblait insurmontable et devoir affronter Paolo également.

     Ambre soupira et quitta son lit. Elle saisit son sweat-shirt de la veille, ses narines se rétractèrent, l'odeur de rhum bon marché l'avait imprégné. Une partie de la nuit lui échappait, pourtant, elle n'avait pas envie de se rappeler quoique ce soit. Alors, dans une totale indifférence, elle attrapa une chemise tartan et un pantalon large.

     D'une démarche nonchalante, elle rejoignit la salle de bain. Le carrelage était plus froid que le plancher. D'ailleurs, l'entièreté de la pièce manquait de chaleur, mais, par souci d'économie, Ambre n'alluma pas le radiateur.

L'eau brûlante caressa sa peau, détendant ses muscles. Or, son corps s'alourdit en sortant de la douche. La honte et la culpabilité l'animaient derechef.

     Pour tenter de se débarrasser de cette négativité, elle prit un Post-it ainsi qu'un stylo-bille dans le tiroir de l'armoire. Elle inscrivit un message d'excuse à l'intention de Paolo qu'elle colla sur le miroir. Elle échapperait peut-être à une conversation désagréable.

     Le Post-it dans la salle de bain faisait partie d'une coutume des trois colocataires. Un rituel même, initié par Jérôme lorsqu'il ne vivait encore qu'avec sa cadette. Ces messages, amicaux ou sous-entendant des reproches, les amusaient toujours. Ambre avait pris l'habitude d'écrire des mots très personnels à Paolo, qui lui plaisaient autant qu'à elle.

     — Je peux entrer ?

     La voix de Paolo traversa la porte. Ambre la déverrouilla, puis elle continua de coiffer ses cheveux blonds, silencieuse.

Paolo, venu pour se brosser les dents, remarqua le Post-it jaune lorsqu'il glissa à cause de l'humidité. Il en prit connaissance, avant de le ranger dans une boîte rougeâtre, dans l'armoire. Ambre avait suivi ses mouvements sans réussir à déceler quel sentiment l'habitait.

     — Ça va ? osa-t-elle.

     — Ouais, ouais...

     Paolo baissa le regard, jusqu'à ce que des chaussettes fleuries entrent dans son champ de vision. Ambre releva son visage et déposa une bise sur sa joue ronde. Les yeux de l'étudiant s'écarquillèrent, mais son tracas demeurait.

     — Est-ce que... tu m'en veux ? murmura Ambre.

     — Je devrais ?

     — Je ne sais pas, peut-être.

     — Hum... Je pense pas t'en vouloir, ça te va ?

     — D'accord...

     Ambre observait le ciel grisonnant à travers la fenêtre. Son café préféré ne suffisait pas à la motiver face à cette météo déplaisante. Seul Stephen était capable de l'aider à sortir. Au cours de ce semestre, leurs horaires concordaient et ils pouvaient déjeuner ensemble chaque lundi. Et ce jour était d'autant plus important ; ils avaient un week-end à organiser.

Les fleurs renaissent au printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant