Les fleurs renaissent au printemps

⋆ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟎

     Au chalet, la fête battait son plein. Le volume de la musique résonnait jusqu'au bout de la rue et les rires tranchaient la nuit. En temps normal, cette zone presque enfouie dans la forêt était paisible et relaxante.

L'ancienne bâtisse appartenait aux Salomon, la famille de Zoely. Son père prévoyait de la rénover au printemps pour la moderniser et en faire une location saisonnière. Zoely profitait ainsi de cette occasion pour faire une dernière soirée dans ce lieu porteur de souvenirs.

     Ambre déambulait le long du chemin en gravier, entre Stephen et Dougal. Il ne restait que quelques mètres avant qu'elle ne soit contrainte de faire profil bas ; elle craignait de blesser Paolo s'il découvrait que son amitié avec Dougal avait franchi un cap. Et puisque la nature de leur relation n'avait pas été définie, elle ne comptait pas risquer l'altercation avec son colocataire.

     Tous les trois atteignirent le palier. Stephen s'apprêta à ouvrir la porte, mais Ambre l'en empêcha. Elle se tourna vers Dougal, celui-ci la saisit par les hanches et l'embrassa tendrement.

     — J'espère que les murs des chambres ne sont pas trop minces, susurra-t-il à l'oreille d'Ambre.

     — Et que Stephen a le sommeil lourd, enchaîna-t-elle dans un rire narquois.

     Celui-ci imita un toussotement et roula des yeux, avant d'ouvrir la porte. Immédiatement, ils furent accueillis par Zoely qui les avait vus traverser la cour. Elle fit une bise à Dougal, avant de se jeter dans les bras de ses deux amis. Son excitation ne passait pas inaperçue, elle parlait vite, sautillait sur place. Elle laissa ses invités poser leurs affaires dans l'entrée et prit Ambre par la main pour l'emmener dans le salon.

     Le chalet ne semblait pas très grand, les poutres brunes occupaient l'espace, mais il comportait plusieurs chambres au rez-de-chaussée et au premier étage. La décoration rustique et la cheminée en brique ajoutaient du cachet à ce lieu.

Ambre savait à quel point Zoely avait du mal à accepter que son père rénove et modernise ce bâtiment, il représentait une partie de son enfance et ses premières fêtes clandestines de lycéenne.

     Ambre fit le tour des invités. Théo lui présenta Malya, sa petite amie, originaire de Guadeloupe comme lui. Elle la trouvait rayonnante et ne doutait pas de sa sympathie, mais, fidèle à elle-même, elle n'appréciait pas les soirées avec des inconnus. Emil était venu également, un jeune homme avec qui elle avait eu des différends au lycée. Aujourd'hui, tous deux avaient mûri et se comportaient de manière civilisée. Ambre le salua donc, ils échangèrent quelques banalités avant qu'elle ne remarque une fille, assise vers Nicolas. Elle grinça des dents. Élodie Salomon, la cousine de Zoely. Les raisons pour lesquelles elle ne pouvait pas la supporter étaient nombreuses et qu'elle essaie de s'immiscer au sein de son groupe d'amis l'agaçait. Elle aimait semer la discorde malgré son air de poupée de porcelaine.

Paolo était installé dans le canapé, une bière à la main, lorsqu'il aperçut sa colocataire enlacer Nicolas. Il remarqua sa robe particulièrement tape-à-l'œil, sans doute trop extravagante pour l'événement.

     — Vous arrivez bien tard ! s'exclama-t-il.

    — On a eu quelques problèmes...

     Paolo leva le sourcil, montrant son incompréhension quant aux dires de Stephen.

     — Oh, la routine, Ambre qui vole de l'alcool avec une simplicité déconcertante... Pour que finalement, on se fasse arrêter, car Dougal a grillé un stop juste devant les flics.

     — J'ai l'impression que certains sont plus chanceux que d'autres, rit Nicolas.

     Paolo était rassuré que rien de grave ne soit arrivé, mais la déception le rongeait. Le temps passait et Dougal l'évinçait de la vie d'Ambre et de Stephen. Il prenait trop de place à son goût. Pourquoi Stephen avait-il fait surgir ainsi son meilleur ami ? Tout le monde se portait bien sans sa présence, en ignorant son existence. Plus qu'une mise à l'écart, il se sentait remplacé.