Ce samedi automnal se déroula entre les rires et les pleurs. Le bonheur inondait les fiancés et le partager avec leurs amis n'avait rien de plus exaltant. Seul Paolo, contraint par son travail, n'avait pas pu venir les voir, toutefois, il ne manqua pas de faire part de ses félicitations au couple.
Nicolas et Zoely menaient la vie dont il rêvait. Il avait confié à son ami que cet événement lui donnait des idées, mais l'étudiant lui conseilla de ne pas s'emballer ; si ses projets concernaient des fiançailles avec Ambre, Paolo devait contenir son impulsivité et patienter. Cette remarque l'avait vexé, ses camarades ne soutenaient pas assez sa relation amoureuse, essayaient-ils de le faire douter pour le séparer d'Ambre ?
Nina enlaça une dernière fois le couple, avant de s'installer dans la voiture. Elle était en arrêt maladie, ses douleurs liées à l'endométriose ne lui permettant pas d'être efficace au travail. Encore la veille, elle hésitait à venir voir ses amis, mais elle avait besoin d'être à leur côté. Elle était habituée à vivre avec sa souffrance et savait la cacher ou tout du moins, la minimiser. Ainsi, elle avait essayé de supporter son dos et son ventre qui la déchirait, mais à présent, elle souhaitait rentrer chez elle et se coucher.
— Ça va aller pour rentrer ? demanda Nicolas.
— On prend l'autoroute et si besoin, je me relaye avec Billy, répondit Stephen.
Nicolas connaissait la prudence de son ami d'enfance, d'autant plus lorsqu'il conduisait d'autres personnes. Il ne prendrait aucun risque quand le soir serait définitivement tombé.
— Encore merci d'être venu, mec ! Sybille, je suis content de t'avoir rencontrée.
— Moi aussi ! N'oubliez pas la soirée d'Halloween ! lâcha-t-elle joyeusement.
— Compte sur nous.
Sybille monta dans la voiture, à la place du mort. Il ne manquait plus qu'Ambre pour quitter Lyon. Elle était en retrait, vers Zoely, le regard quelque peu perdu dans le vide.
— Bichette... ça va ?
— Oui, ne t'en fais pas pour moi... Je suis vraiment heureuse pour vous.
Elle tenta de sourire, mais elle n'arrivait pas à extérioriser sa joie.
— Je me trouve chanceuse, je me dis que pour l'instant, dans ma vie, j'ai fait que les meilleurs choix. Et je me retrouve fiancée, à vingt ans... Bientôt future mariée, enfin, non, pas avant mes vingt-cinq ans... Quoique, on sait jamais de quoi la vie est faite... mais, bref ! J'aimerais que tu trouves, toi aussi, ce bonheur.
— Je l'ai, avec Paolo.
Zoely scruta Ambre, intriguée. De toute la journée, elle n'avait pas fait référence à son couple ni même à Paolo. Son amie n'avait pas pu ignorer son air détaché, lorsqu'elle avait évoqué les « meilleurs choix ». Elle la trouvait plus morose et plus anxieuse que lors de l'anniversaire de Stephen.
— Viens, parle-moi un peu avant de t'en aller...
Ambre suivit Zoely, s'éloignant du parking. Toutes deux se dirigèrent vers un banc, sous un marronnier. Les feuilles mortes tombaient lentement, au rythme de la pénombre qui envahissait le ciel. Les bogues vertes et brunes jonchaient le sol, qui craquetait sous les chaussures d'Ambre. Les arbres roux bruissaient sous le sifflement d'un zéphyr.
Ce paysage représentait son spleen. La végétation paraissait mourir à chacun de ses pas, elle renaîtrait vivement à l'aube du printemps. Or, elle ne souhaitait pas attendre la saison nouvelle pour sentir son cœur battre. Elle savait que son chagrin demeurerait, malgré l'allégresse dont faisaient preuve ses proches. Entourée et aimée, jamais elle ne s'était sentie aussi seule. Et elle ne comprenait pas. Pourquoi le malheur semblait s'abattre sur elle ? Elle n'avait fait qu'enchaîner les choix discutables, exilant son bonheur à des kilomètres, peut-être même des années-lumière. Où étaient ce sourire tourmenté et cette chaleur édénique qu'elle voulait désespérément retrouver ?
VOUS LISEZ
Les fleurs renaissent au printemps
RomanceAmbre est une étudiante passionnée par le cinéma et effrayée par la solitude. Ses amis, les soirées et l'ivresse rythment son quotidien, pourtant, l'année de ses vingt ans exprime un tournant considérable dans sa vie. Après avoir rejeté les avances...