⋆ 𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒𝟕

30 9 9
                                    

     Désormais, le silence régnait aux alentours de la maison. Des convives avaient pris la route, tandis que d'autres dormaient. Un dortoir avait été aménagé dans la grange, mais les plus malins avaient réservé les chambres à l'étage du gîte.

     À cette heure tardive, Stephen était encore éveillé. Il se tenait contre le mur en pierres de la bâtisse, à fumer une énième cigarette. Il savait que dès le lendemain sa gorge lui ferait regretter cet excès.

Il passa une main dans ses cheveux. Il se sentait détendu et fier de sa fête d'anniversaire. En expirant la fumée, il leva le regard sur le ciel couvert. Même s'il avait confiance en eux, il se demandait ce que Paolo et Ambre faisaient avec son chien.

     Stephen écrasa son mégot et le jeta dans une bouteille de bière. Alors qu'il s'étira, son corps faiblissant sous le coup de la fatigue, des pas approchèrent.

Il se retourna et découvrit Nina, démaquillée et les cheveux ébouriffés. Il la toisa, elle portait un de ses tee-shirts. Tous les deux échangèrent un regard amical et Stephen, en un geste, l'invita à s'asseoir sur un banc en pierres.

     — Tu te sens mieux ?

     — Oui, merci... Je m'excuse sincèrement, encore une fois.

     — Crois-moi, j'ai connu pire, s'amusa l'étudiant.

     Nina laissa échapper un rire gêné. Avant ce soir, elle et Stephen n'avaient jamais passé de temps ensemble. Elle ne le connaissait que très peu, il l'intimidait. Pourtant, elle avait une place importante au sein du groupe, ayant sympathisé avec chacun. Même avec Nicolas, qui était considéré, par plaisanterie, comme le laissé-pour-compte, elle avait construit une amitié solide. Nina trouvait que chacun avait son caractère et sa personnalité, mais l'extravagance de Stephen lui donnait une impression d'inaccessibilité.

Pourtant, l'ivresse l'avait poussée à s'ouvrir davantage au cours de la soirée. Après le jeu de cartes, elle avait longuement discuté avec Théo, Ali et Stephen. Comme l'alcool l'aidait à camoufler sa timidité, elle en avait quelque peu abusé. Lorsque les deux musiciens partirent, Stephen avait retrouvé Nina, la tête plongée dans les toilettes. Il culpabilisait de ne pas avoir fait attention à elle et à sa consommation de punch. Évidemment, il aurait pu réveiller Zoely pour lui confier son amie, mais il ne le fit pas. Il avait pris soin d'elle, plaçant une serviette sous ses genoux et attachant ses cheveux avec son élastique. Nina avait pris une douche brûlante, pendant que l'étudiant préparait le lit, dans sa chambre d'adolescent. De bon cœur, il lui prêta un tee-shirt et la laissa se reposer. Stephen pensait qu'elle dormirait plus longtemps, il avait prévu d'occuper le canapé du salon.

     L'air de la nuit apaisa les deux camarades. Quelques grillons chantaient encore, malgré l'automne, et non loin, un couple de hiboux hululait. Des branches craquaient et les feuilles des arbres tombaient sans un bruit.

Nina tapotait ses cuisses, nerveuse. Elle avait envie de fumer, mais elle avait égaré son paquet de cigarettes au cours de la fête. Ainsi, elle s'était retenue, personne n'avait de menthols, mais le besoin de nicotine la rongeait tant, qu'elle osa demander à Stephen de lui en donner une. Elle l'alluma, le tabac grattant contre sa gorge la fit tousser, mais après quelques bouffées, il devint supportable.

     — Je pense que c'est la première fois que nous nous retrouvons, juste tous les deux, remarqua-t-elle.

     — Dommage qu'on ne se connaisse pas assez pour que je fasse une blague vaseuse.

     Nina expira la fumée et donna un coup sur l'épaule de son ami. Elle sentit l'embarras colorer ses joues alors elle détourna le regard. La sobriété lui avait rendu son introversion et sa pudeur.

Les fleurs renaissent au printempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant